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Un artiste provocateur piège le Conseil de l'UE

| Vendredi 16 Janvier 2009 à 09:48

           

Censée dénoncer les stéréotypes sur les pays de l'Union Européenne, la sculpture "Entropa" installée à Bruxelles a suscité de vives réactions. Officiellement commanditée à 27 artistes européens, elle aurait en fait été réalisée par un seul et même artiste d'origine tchèque au goût provocateur. Le vice-premier ministre tchèque Alexandr Vondra, dont le pays préside l'UE, choqué par la découverte de la supercherie, a toutefois défendu l'œuvre et présenter ses excuses à la Bulgarie, qui demande le retrait du module représentant le pays sous la forme de toilettes turques.



Un artiste provocateur piège le Conseil de l'UE
Chaque présidence de l'Union Européenne installe à ses débuts une œuvre d'art dans le hall du bâtiment du Conseil, où se tiennent les sommets européens et les conseils des ministres. Celle de la République Tchèque devrait rester dans les annales.

En effet, la présidence tchèque de l'UE a été piégée par un plasticien de Prague qui a signé seul une œuvre monumentale officiellement commanditée à 27 artistes européens, avec des thèmes si provocateurs que la Bulgarie a émis une protestation officielle dès l'accrochage à Bruxelles. L'idée des Tchèques était d'illustrer la devise de leur présidence de l'UE, "Une Europe sans barrières".

L'œuvre baptisée "Entropa" est présentée par le catalogue officiel comme "L'Europe vue par les artistes des 27 Etats membres de l'UE", alors qu'elle est en réalité l'œuvre d'un seul artiste, le tchèque David Cerny. « L'hyperbole grotesque et la mystification font partie des attributs de la culture tchèque et la création de fausses identités représente l'une des stratégies de l'art contemporain », a t-il déclaré dans un communiqué.

« Nous savions que la vérité serait découverte et nous voulions savoir si l'Europe était capable de rire d'elle-même », a-t-il dit tout en présentant ses excuses aux responsables tchèques « pour les avoir trompés ».

Dans le puzzle suspendu dans le grand hall du Conseil européen, la Bulgarie est représentée par des toilettes à la turque d'où sa demande de retrait du module la représentant avant l'inauguration de l'oeuvre.« Il ne fait nul doute pour nous que la vision de la Bulgarie représentée là-bas est une expression du mauvais goût », a protesté le ministère bulgare des Affaires étrangères, dont le pays est le seul à avoir officiellement porté plainte.

Lundi 12 janvier, lors de l'accrochage, Jan Vytopil, responsable des événements culturels de la présidence tchèque de l'UE, s'était pour sa part réjoui que, « pour la première fois, une installation d'une présidence de l'UE provoque le débat ».

La France est quant à elle barrée d'une banderole "en grève", l'Allemagne bardée de tronçons d'autoroutes positionnés en forme de croix gammée, le Luxembourg "à vendre" et l'Espagne totalement bétonnée. Quant à la Grande-Bretagne, réputée pour son euroscepticisme, sa place dans l'installation est tout simplement vide.

Volonté provocatrice

Lors d'une conférence de presse organisée jeudi 15 janvier devant la sculpture le vice-Premier ministre tchèque, Alexandr Vondra, a présenté ses « excuses » à «ceux qui se sont sentis offensés» et s'est dit prêt à en retirer le module bulgare. En revanche, il n'a pas envisagé la possibilité de démonter l'ensemble de la sculpture, bien qu'il ait été "choqué" d'apprendre que l'artiste plasticien tchèque David Cerny n'avait pas respecté le cahier des charges. Ce dernier s'est également excusé lors cette conférence.

« Ce n'est que de l'art, rien de plus, rien de moins », a estimé Alexandr Vondra, estimant que « depuis deux jours, la sculpture a suscité des réactions plutôt positives ». Il a défendu la volonté provocatrice de l'œuvre, le module correspondant à chaque pays étant censé être un clin d'œil aux stéréotypes le concernant. « Se rendre compte des préjugés est une condition sine qua non pour s'en débarrasser », a-t-il poursuivi.

L'artiste de 41 ans, David Cerny, s'est créé une réputation internationale avec ses installations provocatrices: en 1991, il avait suscité une protestation diplomatique de Moscou en peignant en rose un char soviétique commémorant la libération de Prague en 1945, sur une place de Prague.




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