«L'Église est la grande soeur de la Mosquée, et les chrétiens, les grands frères des musulmans. » C'est un musulman qui le dit, et pas n'importe lequel. Marwan El Bakour est depuis cette année président du Conseil régional aquitain du culte musulman. Libanais d'origine, élevé au collège jésuite Saint-Joseph de Beyrouth, il est habitué depuis toujours au contact avec les autres religions. D'autant que, depuis 1986, il a avec Georges Jousse, correspondant diocésain pour les relations avec l'islam, créé à Lormont, sur la rive droite de Bordeaux, un groupe de réflexion qui dépassait les simples questions théologiques. Vingt ans après, Marwan, Georges et ceux qui les ont suivis continuent de se rencontrer pour parler de ce qui les unit plutôt que de ce qui les sépare. Et de porter sur l'actualité un regard de foi. Ce qui à l'heure actuelle n'est pas un luxe. Et ils ont eu l'occasion de l'exprimer en octobre dernier lors des Rencontres islamo-chrétiennes de Bordeaux. Un événement marqué par la table ronde sur « Abraham, père des croyants » qui a permis au père Didier Monget et à l'imam de la mosquée El Huda, Tareq Oubtrou, d'expliquer ce que le patriarche biblique représentait pour chacun. Les musulmans, d'ailleurs, accordent beaucoup plus d'importance à Jésus que la plupart des chrétiens ne le croient. Pour eux, Jésus n'est pas le fils de Dieu, mais il incarne le dernier prophète avant Mahomet, une des trois grandes personnalités de l'islam avec Moïse et Abraham.
Apaisement
Mgr Claude Dagens, évêque d'Angoulême, déclarait il y a quelques jours que « le jour de Noël fait entendre souvent, comme un murmure, que nous ne pouvons pas nous enfermer dans notre solitude ou notre désespérance. Il y a dans l'air de Noël quelque chose qui ne va pas dans le sens des séparations, des affrontements, des conflits. Il y a dans l'air de Noël quelque chose qui va dans le sens, sinon de la réconciliation, du moins du respect et de la compréhension. »
Un air que Georges et Marwan ont respiré depuis vingt ans puisque tous les deux ont fait naître d'autres actions plus sociales de leurs rencontres : contre les expulsions et en faveur des droits de l'homme ; la mise sur pied de Faire, un accompagnement scolaire pour les jeunes ; surtout l'apaisement des relations entre communautés, que l'actualité internationale pouvait échauffer et que le contexte local rendait électrique. La construction de la mosquée de Cenon reste d'ailleurs un acquis positif de cette période où les rumeurs ont tenu lieu d'informations et l'affrontement de dialogue.
Un air que Georges et Marwan ont respiré depuis vingt ans puisque tous les deux ont fait naître d'autres actions plus sociales de leurs rencontres : contre les expulsions et en faveur des droits de l'homme ; la mise sur pied de Faire, un accompagnement scolaire pour les jeunes ; surtout l'apaisement des relations entre communautés, que l'actualité internationale pouvait échauffer et que le contexte local rendait électrique. La construction de la mosquée de Cenon reste d'ailleurs un acquis positif de cette période où les rumeurs ont tenu lieu d'informations et l'affrontement de dialogue.
Réflexion
Il y a vingt ans, Georges et Marwan inventaient une « aventure de la rencontre sans jamais contourner l'autre ». Aujourd'hui, à Bethléem, les forces de sécurité palestiniennes assurent la protection de millions de pèlerins chrétiens. De quoi faire réfléchir juifs, chrétiens et musulmans. Pour Georges comme pour Marwan, c'est tout réfléchi. « Notre rencontre doit se faire, disent-ils, par les fondations religieuses et culturelles des uns et des autres. »
Avec Noël, la synthèse est faite.
Avec Noël, la synthèse est faite.
Texte : Hélène Rouquette-Valeins
Photo : Stéphane Lartigue
Jeudi 25 Décembre 2008
© Sud Ouest
Source : http://www.sudouest.com/accueil/actualite/article/456570/mil/3963620.html
Photo : Stéphane Lartigue
Jeudi 25 Décembre 2008
© Sud Ouest
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