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 Sandre
Mardi 22 Juillet 2014

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Le rôle de l'Etat comme de la justice n'est pas d'approuver ou de désapprouver le voile (le port de celui-ci et ses raisons ne concernent que celles qui le portent).

Comme le dit la Cour de cassation dans son arrêt Baby Loup qui rappelle bien le droit positif en la matière mais en fait une application erronée, si les employeurs privés peuvent imposer des restrictions à la liberté religieuse, "il n'en résulte pas pour autant que le principe de laïcité est applicable aux salariés des employeurs de droit privé qui ne gèrent pas un service public. "

Dès lors, les restrictions à la liberté religieuse ne sont justifiées que par la nature des tâches à accomplir et proportionnées au but recherché conformément aux dispositions de l'article L. 1121-1 du Code du travail.

Et donc évidemment cette règle doit être appliquée de la même manière au port du voile qu'il soit musulman, chrétien ou autre. Ou alors il y a discrimination.

L'intérêt ici de comparer le port du voile musulman d'un côté et chrétien de l'autre est donc de se demander si la salariée de Baby Loup aurait subi le même sort si elle avait porté un voile chrétien...

Evidemment on peut penser que celui-ci ne lui aurait pas été interdit dans une crèche privée et qu'en conséquence, comme le dit L'Huma, l'arrêt de la Plénière a des relents de xénophobie.

Personnellement lorsque je vois une femme voilée dans la rue, je ne me demande pas pourquoi : j'estime que c'est sa vie privée et que ces raisons ne me regardent pas, sauf à être excessivement intolérante à l'égard de la manifestation de la moindre différence culturelle...

Il y quelques dizaines d'années, beaucoup de femmes portaient des foulards, en particulier pour aller à la messe, mais aussi dans la rue, sans que cela ait de connotation religieuse. Personne n'aurait eu l'idée de dire que cela trouble en quoique ce soit l'ordre public.

C'est dans ce sens là que l'interdiction du port du voile au nom d'un principe de laïcité qui, juridiquement, ne s'applique qu'à l'Etat et aux collectivités publiques (et non à l'ensemble de la société) me paraît relever d'un traitement discriminatoire.