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Climat : un accord décevant au sommet de Doha

 Michel Gourd
Mardi 11 Décembre 2012

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Les héros et les zéros de Doha

Contre toute attente, le Qatar est parvenu à faire adopter un accord qui prolonge celui de Kyoto. Le texte a une portée limitée puisqu’il lie des pays qui ne représentent que 15 % des émissions de gaz à effets de serre, mais est un symbole fort. Il permet aussi de bien voir qui sont les pays qui sont actuellement le problème de la planète.

Les héros

Cette avancée modeste est en partie due au vice-premier ministre du Qatar, Abdallah al-Attiya, qui a pris de vitesse les pays pollueurs en faisant adopter à toute vapeur les textes négociés depuis le 26 novembre. L'acte II du protocole de Kyoto engage l’Union européenne, la Suisse, la Norvège, le Liechtenstein, Monaco, la Croatie, l’Islande et même l’Australie. Ils sont tous les héros de cette rencontre pour avoir réussi à sauver le seul outil qui oblige légalement les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ceux-ci ont donné leur accord malgré le fait que les négociations sur le climat qui impliquent 190 pays depuis 1995 sont difficiles. Elles remettent en cause l’actuel modèle de développement international qui détruit la planète. Grâce à eux, le combat continue à partir du 1er janvier 2013. Ils donnent la chance aux dirigeants de ce monde de prendre le train en marche et de s’attacher à combler l’immense fossé qui sépare leurs discours de leurs actions.

Les zéros

Les gros pollueurs comme la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie, le Japon, le Brésil et tous les autres ont refusé de s’engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Le Canada, qui est maintenant le symbole même de l'inaction, est près du zéro absolu. Il se classe au 58e rang des 61 pays analysés cette année selon l'indice de performance en matière de changements climatiques publiés par le Réseau action climat Europe et Germanwatch. C’est le seul pays à s'être retiré du Protocole de Kyoto et aussi le seul à avoir abaissé ses cibles de réductions d'émissions de l'Accord de Copenhague. De plus, il n'a adopté aucun programme pour atteindre ses objectifs qui se classent parmi les moins ambitieux de tous les pays industrialisés. Le Canada tient donc compagnie au Kazakhstan, à l'Iran et à l'Arabie saoudite à la queue du peloton.

Les conséquences

Le résultat de cette conférence n’est naturellement pas à la hauteur de l’urgence. Avant Doha, on parlait d'une hausse globale des températures de l'ordre de 2 °C, on se dirigerait plutôt vers une hausse de 3 °C à 5 °C. Doha n'a pas permis de trouver d'autres moyens de réduire les GES d'ici 2020. Il représente cependant le plus petit dénominateur commun et prépare l’accord de 2015 qui doit engager tous les pays en 2020. Grâce à ces héros et malgré ces zéros, la protection internationale du climat peut encore être envisagée.