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Lancement de Carrefour Halal pour les fêtes de fin d'année

 Jean-Christophe Despres
Vendredi 19 Novembre 2010

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Un nouveau rappel du poids économique du secteur Halal qu'on ne doit pas tout à fait prendre au pied de la lettre. En effet, dans la droite ligne des débats sur le voile ou la « burqa », c’est aussi l’occasion de raconter n’importe quoi sur l’Islam et les musulmans…
Sur leur nombre en premier lieu, dont on affirme sans précaution qu’il se situerait dans une fourchette de 5-6 Millions tout en rappelant l’interdiction des statistiques « ethniques ». Or, non seulement les musulmans ne forment pas une ethnie mais ce genre d’enquête est parfaitement encadrée par la loi et a été réalisée par l’INSEE et l’INED dans le cadre de l’étude trajectoires et origines. Celle-ci, dont les dernières conclusions viennent d’être rendues publiques, fixe un cadre de référence pour la connaissance des populations immigrées et descendantes d’immigrés.
On y apprend notamment que la population des 18-50 ans se définissant comme musulmans s’élève à 2,1 Millions d’individus. Nous sommes donc bien loin des chiffres communément avancés. Même en tenant compte des personnes plus âgées, des sans-papiers, de ceux nés de parents non immigrés et surtout des mineurs, on s’aperçoit que la connaissance des musulmans de France est bâtie sur du sable.
Tout d’abord à cause du concept de citoyens de culture musulmane. En effet, selon cette même étude environ 3 millions de personnes relèvent de cette définition. Il est donc clair que l’autodéfinition, seule méthode apte à respecter la liberté de conscience des individus, contribue à relativiser les fantasmes sur un Islam « obligatoire » pour les héritiers de cette culture. Plus avant même, 22% des musulmans auto déclarés attachent peu ou pas d’importance à la religion.
Dès lors, les chiffres avancés sur le marché du halal -5,5 Milliards d’euros – prêtent à sourire. Les musulmans dépenseraient donc 2000€ par personne et par an pour ce type de produits ? Même s’il n’est pas nécessaire d’être musulman pratiquant ni même musulman tout court pour acheter du halal, on comprend bien la fantaisie contenue dans des enquêtes qui reposent sur des bases déclaratives d’une population surestimée. Le même constat peut être observé pour la finance islamique pour laquelle on a parlé de 500.000 clients potentiels alors que l’immense majorité des « cibles » ne sait pas exactement ce que ce concept implique en termes de coût des produits.

Décidément, les musulmans tardent à être considérés comme des consommateurs comme les autres, parfait écho des difficultés qu’ils rencontrent dans la cité. Dans la droite ligne de l’enquête trajectoires et origines pour la citoyenneté, il est grand temps de se donner les moyens de mieux connaître les conditions de vie et de consommation d’une communauté que tout le monde convoite mais bien peu respectent.