Congrès de l’Organisation des femmes :«Notre modèle de femme entrepreneur est Khadidja, l’épouse du Prophète»
Sont-elles encore en l'an 600 ? Comment parler d’entrepreneuriat dans des pays où les femmes n’ont pas accès à l’éducation, à la santé et surtout subissent toutes les formes de violence dans leur quotidien ? Les changements opérés dans certains pays de la région exigent une plus grande vigilance dans le but de préserver les acquis des femmes. Les islamistes ne peuvent prétendre à une quelconque conformité avec la religion. Nous prenons comme modèle de la femme entrepreneur Khadidja, l’épouse du Prophète (QSSSL), qui jouissait de tous ses droits politiques, sociaux et économiques». Ce sont les principales idées développées, mercredi dernier, à l’issue du congrès de l’Organisation des femmes arabes (OFA) à Alger. «Lorsque les ONG internationales des droits de l’homme nous épinglent sur les violations, elles nous rendent service, parce qu’elles nous permettent de corriger nos erreurs», a déclaré, mercredi, Mme Souad Bendjaballah, ministre de la Solidarité et de la Condition féminine, lors d’une conférence de presse animée en marge du 4e congrès de l’OFA qui se tient depuis lundi dernier à Alger. Intervenant à l’issue des travaux de cette rencontre qui a regroupé des représentants de seize pays arabes, la ministre relève néanmoins que chaque pays est tenu par des obligations internationales, qui font que chacun d’eux doit adopter une stratégie nationale et veiller à ce qu’elle soit appliquée (…) «Ce que nous voulons, c’est améliorer ces systèmes et lorsque nous nous sentons épaulées, nous pouvons nous améliorer.» Pour sa part, Mme Khamissi (élue la veille directrice générale de l’organisation) estime, à propos de l’avancée des islamistes dans de nombreux pays arabes, qu’ils ne peuvent prétendre à une quelconque conformité avec la religion. «Dans l’organisation, nous prenons comme modèle de la femme entrepreneur Khadidja, l’épouse du Prophète, qui jouissait de tous ses droits politiques, sociaux et économiques. Notre méthodologie n’est donc pas contradictoire avec la religion…», déclare l’Emiratie. Pour sa part, Mme Bendjaballah, qui a présidé le 4e congrès, avant de remettre le flambeau à une Bahreïnie, affirme que les changements opérés dans certains pays de la région exigent une plus grande vigilance dans le but de préserver les acquis. «Notre organisation est un cadre où les débats et les discussions sur les questions de fond doivent avoir lieu afin d’inciter à unifier les systèmes, mais aussi à inciter les politiques des pays représentés, ici, à opérer les changements voulus et lever toutes les barrières dressées devant les femmes.» Selon elle, les expériences des unes et des autres dans les pays membres de l’OFA «méritent d’être connues et imitées». Interrogée sur «cette nostalgie» des anciennes premières dames, dont les époux ont été balayés par les révolutions arabes, l’ancienne directrice générale, représentante de l’Egypte, répond : «Pour l’histoire, il faut reconnaître que ce sont les premières dames du premier noyau qui ont fondé l’organisation, qui ont eu le mérite de réunir les fonds, mais aussi de sensibiliser les Etats sur la nécessité de rejoindre le principe. Comment parler de l’entrepreneuriat dans des pays où les femmes n’ont pas droit à l’accès à l’éducation, à la santé et surtout subissent toutes les formes de violence dans leur quotidien ? Peut-on espérer voir l’épouse de Omar El Béchir peser de son poids pour éviter aux femmes de son pays d’être lapidées, au cas où elles sont surprises en jean’s ? Peut-on espérer que les femmes ne subissent plus les mutilations vaginales (excisions) en Egypte et au Soudan, qu’elles ne soient plus interdites de conduire des voitures en Arabie Saoudite ou qu’elles ne soient plus tuées au nom de l’honneur en Jordanie ? Autant de violences que l’OFA n’a pas évoquées durant ce congrès. Un ratage de plus pour la région…