Salam alkm Sofiane. J'ai lu ton article comme j'avais lu celui du prof de philo dans Libé. Quelques remarques. Il est réellement dommage que le ton que tu emploies contre ton détracteur soit celui de la condescendance, du mépris, de l'infériorisation et du jugement moral. Ce ton fait de ta tribune un règlement de compte là où j'aurais attendu de ta part une réflexion sur le conflit d'opinion, sur l'éthique qui accompagne la liberté d'expression car ce prof de philo a aussi le droit de s'exprimer. Je ne m'exprime pas sur le fond de cette affaire mais sur la manière dont nous pouvons répondre à des critiques aussi sévères soient-elles. Quand nous répondons à un homme ou une femme, nous répondons à un humain. Pourquoi cet homme a écrit cette tribune ? Tu dis qu'il est devenu fou. L'excommunication par l'enfermement psychiatrique de ses adversaires n'est pas digne de toi : "et témoignent, au demeurant, de la folie de celui qui prétend « éclairer l’islam par la raison » et illuminer nos obscures intelligences". Qu'il ment, qu'il affabule. Qu'il est lâche. As-t-on avancé d'un seul pas dans le débat ? Non, nous avons sombré dans la haine, même si Averroès n'est pas responsable de cette affaire, nous sommes responsables de la manière dont nous gérons nos conflits. Quand un homme habité par la foi s'exprime, c'est aussi une partie de sa foi qui prend la parole. Cette foi, nous avons besoin de l'entendre. Cela dit, le texte est bien écrit, la dernière partie de ta tribune est intéressante sur le nihilisme. Je ne partage pas ta lecture de l'analyse marxiste sur la religion que tu essaies de rattacher au phénomène social du radicalisme musulman, car pour Marx, la religion est par essence le soupir de la créature opprimé, un échappatoire que l'homme a inventé pour avoir la force de vivre. J'arrête là et continue de prendre la plume c'est important. Fraternellement. Fouad Bahri.