M. Christophe Courtin, Mlle Mélissa vient de faire une proposition de haute importance, sauf qu’elle exagère un tout petit peu en citant cette comparaison avec les chiens. J’ai remarqué que nos travailleurs rentrent pendant les grandes vacances avec une joie éclatante comme s’ils venaient d’une cité paradisiaque. Ce sont des immigrants magrébins régulièrement installés en Europe. Ils dépensent avec largesse, s’amusent sans soucis, certains glorifient même les bienfaits européens au détriment de leurs pays, sauf qu’ils manifestent toujours et sans exception de la tristesse à leur départ. Cette mélancolie n’est pas consécutive à la pensée de quitter leurs parents ou leur lieu d’origine. Non ! Autre chose. Ils ne manifestent sous nos yeux que des apparences, soit pour nous faire plaisir nous évitant de partager leur peine, soit victimes des sentiments orgueilleux, ils veulent nous démontrer qu’ils sont mieux que nous, ayant réussi très bien leur vie. Perplexe, j’ai décidé d’entreprendre un voyage pour faire des constatations sur les lieux. Ce n’est pas de la misère, loin de là, c’est plutôt une existence sans vie. Vous la décrire, demandera beaucoup de temps. Ce sont les travailleurs réguliers. Pour les sans papiers, mlle Mélissa a raison, il faut une mobilisation pour leur éviter des conditions d’existence aussi misérables que méprisables. Pourtant, ils s’y accrochent et résistent. Quant on perd la dignité pour cause de misère, on est vite séduit par la Fontaigne pour sa conclusion de la fable : plutôt souffrir que mourir est la devise des hommes.