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Moi, musulman, je n’ai pas à me justifier. Manifeste pour un islam retrouvé, de Seydi Diamil Niane Michel
Lettre ouverte au monde musulman Abdennour Bidar Philosophe spécialiste des évolutions contemporaines de l'islam et des théories de la sécularisation et post-sécularisation Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin - de ce pays de France où tant de tes enfants vivent aujourd'hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le taçawwuf (soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d'isthme entre les deux mers de l'Orient et de l'Occident! Et qu'est-ce que je vois ? Qu'est-ce que je vois mieux que d'autres sans doute parce que justement je te regarde de loin, avec le recul de la distance ? Je te vois toi, dans un état de misère et de souffrance qui me rend infiniment triste, mais qui rend encore plus sévère mon jugement de philosophe ! Car je te vois en train d'enfanter un monstre qui prétend se nommer État islamique et auquel certains préfèrent donner un nom de démon : DAESH. Mais le pire est que je te vois te perdre - perdre ton temps et ton honneur - dans le refus de reconnaître que ce monstre est né de toi, de tes errances, de tes contradictions, de ton écartèlement interminable entre passé et présent, de ton incapacité trop durable à trouver ta place dans la civilisation humaine. Que dis-tu en effet face à ce monstre ? Quel est ton unique discours ? Tu cries « Ce n'est pas moi ! », « Ce n'est pas l'islam ! ». Tu refuses que les crimes de ce monstre soient commis en ton nom (hashtag #NotInMyName). Tu t'indignes devant une telle monstruosité, tu t'insurges aussi que le monstre usurpe ton identité, et bien sûr tu as raison de le faire. Il est indispensable qu'à la face du monde tu proclames ainsi, haut et fort, que l'islam dénonce la barbarie. Mais c'est tout à fait insuffisant ! Car tu te réfugies dans le réflexe de l'autodéfense sans assumer aussi, et surtout, la responsabilité de l'autocritique. Tu te contentes de t'indigner, alors que ce moment historique aurait été une si formidable occasion de te remettre en question ! Et comme d'habitude, tu accuses au lieu de prendre ta propre responsabilité : « Arrêtez, vous les occidentaux, et vous tous les ennemis de l'islam de nous associer à ce monstre ! Le terrorisme, ce n'est pas l'islam, le vrai islam, le bon islam qui ne veut pas dire la guerre, mais la paix! » J'entends ce cri de révolte qui monte en toi, ô mon cher monde musulman, et je le comprends. Oui tu as raison, comme chacune des autres grandes inspirations sacrées du monde l'islam a créé tout au long de son histoire de la Beauté, de la Justice, du Sens, du Bien, et il a puissamment éclairé l'être humain sur le chemin du mystère de l'existence... Je me bats ici en Occident, dans chacun de mes livres, pour que cette sagesse de l'islam et de toutes les religions ne soit pas oubliée ni méprisée ! Mais de ma position lointaine, je vois aussi autre chose - que tu ne sais pas voir ou que tu ne veux pas voir... Et cela m'inspire une question, LA grande question : pourquoi ce monstre t'a-t-il volé ton visage ? Pourquoi ce monstre ignoble a-t-il choisi ton visage et pas un autre ? Pourquoi a-t-il pris le masque de l'islam et pas un autre masque ? C'est qu'en réalité derrière cette image du monstre se cache un immense problème, que tu ne sembles pas prêt à regarder en face. Il le faut bien pourtant, il faut que tu en aies le courage. Ce problème est celui des racines du mal. D'où viennent les crimes de ce soi-disant « État islamique » ? Je vais te le dire, mon ami. Et cela ne va pas te faire plaisir, mais c'est mon devoir de philosophe. Les racines de ce mal qui te vole aujourd'hui ton visage sont en toi-même, le monstre est sorti de ton propre ventre, le cancer est dans ton propre corps. Et de ton ventre malade, il sortira dans le futur autant de nouveaux monstres - pires encore que celui-ci - aussi longtemps que tu refuseras de regarder cette vérité en face, aussi longtemps que tu tarderas à l'admettre et à attaquer enfin cette racine du mal ! Même les intellectuels occidentaux, quand je leur dis cela, ont de la difficulté à le voir : pour la plupart, ils ont tellement oublié ce qu'est la puissance de la religion - en bien et en mal, sur la vie et sur la mort - qu'ils me disent « Non le problème du monde musulman n'est pas l'islam, pas la religion, mais la politique, l'histoire, l'économie, etc. ». Ils vivent dans des sociétés si sécularisées qu'ils ne se souviennent plus du tout que la religion peut être le cœur du réacteur d'une civilisation humaine ! Et que l'avenir de l'humanité passera demain non pas seulement par la résolution de la crise financière et économique, mais de façon bien plus essentielle par la résolution de la crise spirituelle sans précédent que traverse notre humanité toute entière ! Saurons-nous tous nous rassembler, à l'échelle de la planète, pour affronter ce défi fondamental ? La nature spirituelle de l'homme a horreur du vide, et si elle ne trouve rien de nouveau pour le remplir elle le fera demain avec des religions toujours plus inadaptées au présent - et qui comme l'islam actuellement se mettront alors à produire des monstres. Je vois en toi, ô monde musulman, des forces immenses prêtes à se lever pour contribuer à cet effort mondial de trouver une vie spirituelle pour le XXIe siècle ! Il y a en toi en effet, malgré la gravité de ta maladie, malgré l'étendue des ombres d'obscurantisme qui veulent te recouvrir tout entier, une multitude extraordinaire de femmes et d'hommes qui sont prêts à réformer l'islam, à réinventer son génie au-delà de ses formes historiques et à participer ainsi au renouvellement complet du rapport que l'humanité entretenait jusque-là avec ses dieux ! C'est à tous ceux-là, musulmans et non musulmans qui rêvent ensemble de révolution spirituelle, que je me suis adressé dans mes livres ! Pour leur donner, avec mes mots de philosophe, confiance en ce qu'entrevoit leur espérance! Il y a dans la Oumma (communauté des musulmans) de ces femmes et ces hommes de progrès qui portent en eux la vision du futur spirituel de l'être humain. Mais ils ne sont pas encore assez nombreux ni leur parole assez puissante. Tous ceux-là, dont je salue la lucidité et le courage, ont parfaitement vu que c'est l'état général de maladie profonde du monde musulman qui explique la naissance des monstres terroristes aux noms d'Al Qaida, Al Nostra, AQMI ou de l'«État islamique». Ils ont bien compris que ce ne sont là que les symptômes les plus graves et les plus visibles sur un immense corps malade, dont les maladies chroniques sont les suivantes: impuissance à instituer des démocraties durables dans lesquelles est reconnue comme droit moral et politique la liberté de conscience vis-à-vis des dogmes de la religion; prison morale et sociale d'une religion dogmatique, figée, et parfois totalitaire ; difficultés chroniques à améliorer la condition des femmes dans le sens de l'égalité, de la responsabilité et de la liberté; impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l'autorité de la religion; incapacité à instituer un respect, une tolérance et une véritable reconnaissance du pluralisme religieux et des minorités religieuses. Tout cela serait-il donc la faute de l'Occident ? Combien de temps précieux, d'années cruciales, vas-tu perdre encore, ô cher monde musulman, avec cette accusation stupide à laquelle toi-même tu ne crois plus, et derrière laquelle tu te caches pour continuer à te mentir à toi-même ? Si je te critique aussi durement, ce n'est pas parce que je suis un philosophe « occidental », mais parce que je suis un de tes fils conscients de tout ce que tu as perdu de ta grandeur passée depuis si longtemps qu'elle est devenue un mythe ! Depuis le XVIIIe siècle en particulier, il est temps de te l'avouer enfin, tu as été incapable de répondre au défi de l'Occident. Soit tu t'es réfugié de façon infantile et mortifère dans le passé, avec la régression intolérante et obscurantiste du wahhabisme qui continue de faire des ravages presque partout à l'intérieur de tes frontières - un wahhabisme que tu répands à partir de tes lieux saints de l'Arabie Saoudite comme un cancer qui partirait de ton cœur lui-même ! Soit tu as suivi le pire de cet Occident, en produisant comme lui des nationalismes et un modernisme qui est une caricature de modernité - je veux parler de cette frénésie de consommation, ou bien encore de ce développement technologique sans cohérence avec leur archaïsme religieux qui fait de tes « élites » richissimes du Golfe seulement des victimes consentantes de la maladie désormais mondiale qu'est le culte du dieu argent. Qu'as-tu d'admirable aujourd'hui, mon ami ? Qu'est-ce qui en toi reste digne de susciter le respect et l'admiration des autres peuples et civilisations de la Terre ? Où sont tes sages, et as-tu encore une sagesse à proposer au monde ? Où sont tes grands hommes, qui sont tes Mandela, qui sont tes Gandhi ? Où sont tes grands penseurs, tes intellectuels dont les livres devraient être lus dans le monde entier comme au temps où les mathématiciens et les philosophes arabes ou persans faisaient référence de l'Inde à l'Espagne ? En réalité tu es devenu si faible, si impuissant derrière la certitude que tu affiches toujours au sujet de toi-même... Tu ne sais plus du tout qui tu es ni où tu veux aller et cela te rend aussi malheureux qu'agressif... Tu t'obstines à ne pas écouter ceux qui t'appellent à changer en te libérant enfin de la domination que tu as offerte à la religion sur la vie toute entière. Tu as choisi de considérer que Mohammed était prophète et roi. Tu as choisi de définir l'islam comme religion politique, sociale, morale, devant régner comme un tyran aussi bien sur l'État que sur la vie civile, aussi bien dans la rue et dans la maison qu'à l'intérieur même de chaque conscience. Tu as choisi de croire et d'imposer que l'islam veut dire soumission alors que le Coran lui-même proclame qu'«Il n'y a pas de contrainte en religion» (La ikraha fi Dîn). Tu as fait de son Appel à la liberté l'empire de la contrainte ! Comment une civilisation peut-elle trahir à ce point son propre texte sacré ? Je dis qu'il est l'heure, dans la civilisation de l'islam, d'instituer cette liberté spirituelle - la plus sublime et difficile de toutes - à la place de toutes les lois inventées par des générations de théologiens ! De nombreuses voix que tu ne veux pas entendre s'élèvent aujourd'hui dans la Oumma pour s'insurger contre ce scandale, pour dénoncer ce tabou d'une religion autoritaire et indiscutable dont se servent ses chefs pour perpétuer indéfiniment leur domination... Au point que trop de croyants ont tellement intériorisé une culture de la soumission à la tradition et aux « maîtres de religion » (imams, muftis, shouyoukhs, etc.) qu'ils ne comprennent même pas qu'on leur parle de liberté spirituelle, et n'admettent pas qu'on ose leur parler de choix personnel vis-à-vis des « piliers » de l'islam. Tout cela constitue pour eux une « ligne rouge », quelque chose de trop sacré pour qu'ils osent donner à leur propre conscience le droit de le remettre en question ! Et il y a tant de ces familles, tant de ces sociétés musulmanes où cette confusion entre spiritualité et servitude est incrustée dans les esprits dès leur plus jeune âge, et où l'éducation spirituelle est d'une telle pauvreté que tout ce qui concerne de près ou de loin la religion reste ainsi quelque chose qui ne se discute pas! Or cela, de toute évidence, n'est pas imposé par le terrorisme de quelques fous, par quelques troupes de fanatiques embarqués par l'État islamique. Non, ce problème-là est infiniment plus profond et infiniment plus vaste ! Mais qui le verra et le dira ? Qui veut l'entendre ? Silence là-dessus dans le monde musulman, et dans les médias occidentaux on n'entend plus que tous ces spécialistes du terrorisme qui aggravent jour après jour la myopie générale ! Il ne faut donc pas que tu t'illusionnes, ô mon ami, en croyant et en faisant croire que quand on en aura fini avec le terrorisme islamiste l'islam aura réglé ses problèmes ! Car tout ce que je viens d'évoquer - une religion tyrannique, dogmatique, littéraliste, formaliste, machiste, conservatrice, régressive - est trop souvent, pas toujours, mais trop souvent, l'islam ordinaire, l'islam quotidien, qui souffre et fait souffrir trop de consciences, l'islam de la tradition et du passé, l'islam déformé par tous ceux qui l'utilisent politiquement, l'islam qui finit encore et toujours par étouffer les Printemps arabes et la voix de toutes ses jeunesses qui demandent autre chose. Quand donc vas-tu faire enfin ta vraie révolution ? Cette révolution qui dans les sociétés et les consciences fera rimerdéfinitivement religion et liberté, cette révolution sans retour qui prendra acte que la religion est devenue un fait social parmi d'autres partout dans le monde, et que ses droits exorbitants n'ont plus aucune légitimité ! Bien sûr, dans ton immense territoire, il y a des îlots de liberté spirituelle : des familles qui transmettent un islam de tolérance, de choix personnel, d'approfondissement spirituel ; des milieux sociaux où la cage de la prison religieuse s'est ouverte ou entrouverte ; des lieux où l'islam donne encore le meilleur de lui-même, c'est-à-dire une culture du partage, de l'honneur, de la recherche du savoir, et une spiritualité en quête de ce lieu sacré où l'être humain et la réalité ultime qu'on appelle Allâh se rencontrent. Il y a en Terre d'islam et partout dans les communautés musulmanes du monde des consciences fortes et libres, mais elles restent condamnées à vivre leur liberté sans assurance, sans reconnaissance d'un véritable droit, à leurs risques et périls face au contrôle communautaire ou bien même parfois face à la police religieuse. Jamais pour l'instant le droit de dire « Je choisis mon islam », « J'ai mon propre rapport à l'islam » n'a été reconnu par « l'islam officiel » des dignitaires. Ceux-là au contraire s'acharnent à imposer que « La doctrine de l'islam est unique » et que « L'obéissance aux piliers de l'islam est la seule voie droite » (sirâtou-l-moustaqîm). Ce refus du droit à la liberté vis-à-vis de la religion est l'une de ces racines du mal dont tu souffres, ô mon cher monde musulman, l'un de ces ventres obscurs où grandissent les monstres que tu fais bondir depuis quelques années au visage effrayé du monde entier. Car cette religion de fer impose à tes sociétés tout entières une violence insoutenable. Elle enferme toujours trop de tes filles et tous tes fils dans la cage d'un Bien et d'un Mal, d'un licite (halâl) et d'un illicite (harâm) que personne ne choisit, mais que tout le monde subit. Elle emprisonne les volontés, elle conditionne les esprits, elle empêche ou entrave tout choix de vie personnel. Dans trop de tes contrées, tu associes encore la religion et la violence - contre les femmes, contre les « mauvais croyants », contre les minorités chrétiennes ou autres, contre les penseurs et les esprits libres, contre les rebelles - de telle sorte que cette religion et cette violence finissent par se confondre, chez les plus déséquilibrés et les plus fragiles de tes fils, dans la monstruosité du jihad ! Alors, ne t'étonne donc pas, ne fais plus semblant de t'étonner, je t'en prie, que des démons tels que le soi-disant État islamique t'aient pris ton visage ! Car les monstres et les démons ne volent que les visages qui sont déjà déformés par trop de grimaces ! Et si tu veux savoir comment ne plus enfanter de tels monstres, je vais te le dire. C'est simple et très difficile à la fois. Il faut que tu commences par réformer toute l'éducation que tu donnes à tes enfants, que tu réformes chacune de tes écoles, chacun de tes lieux de savoir et de pouvoir. Que tu les réformes pour les diriger selon des principes universels (même si tu n'es pas le seul à les transgresser ou à persister dans leur ignorance) : la liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l'égalité des sexes et l'émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion et la culture critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias. Tu ne peux plus reculer, tu ne peux plus faire moins que tout cela ! Tu ne peux plus faire moins que ta révolution spirituelle la plus complète ! C'est le seul moyen pour toi de ne plus enfanter de tels monstres, et si tu ne le fais pas tu seras bientôt dévasté par leur puissance de destruction. Quand tu auras mené à bien cette tâche colossale - au lieu de te réfugier encore et toujours dans la mauvaise foi et l'aveuglement volontaire, alors plus aucun monstre abject ne pourra plus venir te voler ton visage. Cher monde musulman... Je ne suis qu'un philosophe, et comme d'habitude certains diront que le philosophe est un hérétique. Je ne cherche pourtant qu'à faire resplendir à nouveau la lumière - c'est le nom que tu m'as donné qui me le commande, Abdennour, « Serviteur de la Lumière ». Je n'aurais pas été si sévère dans cette lettre si je ne croyais pas en toi. Comme on dit en français: «Qui aime bien châtie bien». Et au contraire tous ceux qui aujourd'hui ne sont pas assez sévères avec toi - qui te trouvent toujours des excuses, qui veulent faire de toi une victime, ou qui ne voient pas ta responsabilité dans ce qui t'arrive - tous ceux-là en réalité ne te rendent pas service ! Je crois en toi, je crois en ta contribution à faire demain de notre planète un univers à la fois plus humain et plus spirituel ! Salâm, que la paix soit sur toi. LIRE AUSSI SUR LES BLOGUES - Pour Cabu, Charb, Wolinski et tous les autres... - l'hommage d'Anne Sinclair et la rédaction du HuffPost France - Tuerie à Charlie Hebdo: soutien à mes collègues - Xavier Delucq - Je cherche Charlie partout - Charly Bouchara - Couvrez ce Saint que je ne saurais voir - Sylvain Raymond - Le monde de Charlie - Yanick Barrette - Pas si solitaires, les loups... - Yves-François Blanchet - Nommer l'ennemi - Jacques Tarnero - À fleur de peau - Caroline Dubois - À Bernard Maris, homme délicieux - Jacques Sapir - Ils ont tué deux de mes plus chers amis, mais pas leur essence - Mohamed Sifaoui Michel
Texte publié dans Le Monde du samedi 30 juillet 2016
Par Tahar Ben Jelloun Aujourd’hui, une ligne rouge a été dépassée : entrer dans une église, dans une petite ville de Normandie, et s’en prendre à vieil homme, un prêtre, l’égorger comme un vulgaire mouton, puis essayer la même chose avec une deuxième personne, la laisser gisant dans son sang, entre la vie et la mort, crier le nom de Daech puis mourir, c’est une déclaration d’une guerre d’un genre nouveau, une guerre de religion. Nous savons combien ça dure et comment ça se termine. Mal, très mal. Alors, après les massacres du 13 novembre à Paris, ensuite le massacre de Nice et d’autres crimes individuels, voilà que la communauté musulmane, vous, moi, nos enfants, nos voisins, pratiquants ou pas, croyants ou pas, sommes sommés de réagir. Il ne suffit pas de s’insurger verbalement, de s’indigner encore une fois et dire « ça, ce n’est pas l’islam », non, cela n’est plus suffisant et de plus en plus de gens ne nous croient pas quand on dit que l’islam est une religion de paix et de tolérance. Nous ne pouvons plus sauver l’islam, ou plutôt si nous voulons le rétablir dans sa vérité, dans son histoire, si nous voulons démontrer que l’islam ne consiste pas à égorger un prêtre, alors il faut sortir en masse dans les rues et s’unir autour du même message : dégageons l’islam des griffes de Daech. Nous avons peur parce que nous sommes en colère. Mais notre colère est le début d’une résistance, voire d’un changement radical de ce qu’est l’islam en Europe. Si l’Europe nous a accueillis, c’est parce qu’elle avait besoin de notre force de travail. Si la France a décidé le regroupement familial en 1975, c’est pour donner à l’immigration un visage humain. Alors, il faudra nous adapter aux lois et droits de la république. Nous devons renoncer à tous les signes provocants d’appartenance à la religion de Mahomet. Nous n’avons pas besoin de couvrir nos femmes comme des fantômes noirs qui font peur aux enfants dans la rue. Nous n’avons pas le droit d’empêcher un médecin homme d’ausculter une musulmane. Nous n’avons pas le droit de réclamer des piscines rien que pour des femmes. Nous n’avons pas le droit de laisser faire des criminels qui ont décidé que leur vie n’a plus d’importance et qu’ils l’offrent à Daech. D’autre part, nous devons parler, mettre en garde ceux parmi nous qui sont tentés par l’aventure criminelle de Daech. Ce n’est pas de la délation. Au contraire c’est un acte de courage pour assurer la sécurité de tous. Vous savez bien que dans chaque massacre, des Musulmans innocents sont parmi les victimes. Notre vigilance doit être tout azimut. Alors que les instances religieuses bougent et fassent descendre dans la rue des millions de citoyens appartenant à la maison de l’islam, qu’ils soient croyants ou pas, et qu’ils disent haut et fort que cet ennemi qui égorge un prêtre fait couler le sang de l’innocent sur le visage de l’islam. Si nous continuons à regarder passivement ce qui se trame devant nous, nous serons tôt ou tard complices de ces assassins. Nous appartenons à la même nation, ce n’est pas pour autant que nous sommes « frères ». Mais pour le moment, pour prouver que cela vaut la peine d’appartenir à la même maison, la même nation, réagissons, sinon il ne nous restera plus qu’à faire nos valises et retourner dans le pays natal. Michel
A LIRE D URGENCE :
Hamid Zanaz ("l'islamisme expliqué à ma fille") Djamilah Benhabib ("Ma vie à contre Coran", "Laïques de tous les pays mobilisez vous") Adonis ("Violence en Islam") Caroline Fourest, ( Frère Tariq. Discours, stratégie et méthode de Tariq Ramadan, Paris, éditions Grasset, Paris, 2004 / Frère Tariq. Le double discours de Tariq Ramadan, « Le livre de poche », 2010 / La Dernière Utopie. Menaces sur l’universalisme, éditions Grasset, Avec Taslima Nasreen, Libres de le dire, Flammarion, 2010 / Les Interdits religieux, en collaboration avec Fiammetta Venner, éditions Dalloz, 196 pages, / Éloge du blasphème, Grasset, 2015, 198 p. (ISBN 2246853737) / L'islamophobie. éditions Dialogue Nord-Sud, 2016, 250 p. / Le Génie de la laïcité : La laïcité n'est pas un glaive mais un bouclier, Grasset, 2016, 336 p. / Tariq Ramadan et son double, France Culture, 2009. Zined, ("contre le fascisme islamique") Charb, ("Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes") Bensoussan, ("Une France soumise - Les voix du refus" préfacée par Elisabeth Badinter, "Les Territoires perdus de la République") Hamed Abdel-Samad ("Le fascisme islamique") Ayaan Hirshi Ali, ( Insoumise Éditions Robert Laffont, 2005, 216 p. / "Ma vie rebelle"« Infidel »], Paris, Nil Editions, 2006, 508 p. / "Nomade, De l'Islam à l'Occident un itinéraire personnel et politique" Éditions Robert Laffont, 2010, 400 p.) Djaout, (Les Chercheurs d'os, L'Invention du désert, Les Vigiles, Le Dernier Été de la raison, Éditions Quipos, Alger, 2014.) Boualem Sansal, ( Poste restante : Alger : lettre de colère et d'espoir à mes compatriotes, éd. Gallimard, « Folio » / Petit éloge de la mémoire : quatre mille et une années de nostalgie, éd. Gallimard, « Folio » / Gouverner au nom d'Allah : islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe, éd. Gallimard) Chahdortt Djavan, (Bas les voiles !, éd. Gallimard (2003) / Que pense Allah de l’Europe ? (2004) / Ne négociez pas avec le régime iranien, éd. Flammarion (2009) / Les putes voilées n'iront jamais au paradis !, éd. Grasset (2016)/ Comment lutter efficacement contre l'idéologie islamique, éd. Grasset (2016) ) Wafan Sultan, ( Wafa Sultan, L'Islam en question, H&O, coll. « Autre chose à penser », 2011, 240 p. / A God Who Hates) Jean Birnbaum, ( Un silence religieux. La gauche face au djihadisme, Seuil, 2016 – prix Aujourd'hui 2016) Waled al Hussein, ( Blasphémateur ! Les Prisons d'Allah, 2015, Grasset / Une trahison française, 2017, Ring ) Malala Yousafzai, Hege Storhaug ("Islam, la 11em plaie") Henri Penia Ruiz, ( Dieu et Marianne : philosophie de la laïcité, PUF, collection Fondements de la politique (2005) / Dictionnaire amoureux de la laïcité, Paris, Plon, 2014.) Malika Boussouf et Monique Ayoun, (Musulmanes et laïques en révolte) Malek Chebel, Céline Pina, (Silence coupable) Jacques Ellul, Christophe Guilluy, (La France périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires, Flammarion, 2014) Michèle Tribalat, ( La République et l'islam : entre crainte et aveuglement, Paris, Gallimard, 2002. (ISBN 2-07-076247-5) / Les Yeux grands fermés : L'Immigration en France, Paris, Denoël, mars 2010. « Prix des Impertinents » / (avec Christopher Caldwell) Une révolution sous nos yeux, Paris, Le Toucan, 2011./ Assimilation : la fin du modèle français, Paris, Le Toucan, 2013. / Statistiques ethniques, une querelle bien française, L'Artilleur, 2016 / «Apport démographique de l’immigration étrangère en France depuis 1960» ) Onfray, (Penser l'Islam, Grasset, 2016) Tahar Ben jelloun ("Lettre aux musulmans"), Isabelle Kersimon et Jean Christophe Moreau, (Islamophobie la contre-enquête ) Christopher Caldwell, (Une révolution sous nos yeux : Comment l’islam va transformer la France et l’Europe) ... et bien d'autres encore ! |
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