Si le geste du pape François rappelle aux musulmans que leur religion est parfois/souvent liée à la violence, est-ce lui qui est blâmable? Ment-il en l'occurrence? N'est-ce pas plutôt une belle occasion pour les musulmans, qui veulent prendre leurs distances avec cette violence, de commémorer avec les chrétiens le souvenir de ces 800 croyants morts pour ne pas avoir voulu renier leur foi? Or, je n'ai ni lu ni entendu qu'aucun d'entre eux n'a admiré leur courage ni n'en a rendu grâce à Dieu.
Que reproche Saphirnews au pape? De rappeler que l'islam cherche à se répandre aussi par l'usage du sabre? Et qu'il est très loin d'être la religion de paix et de tolérance qu'il prétend? Pourtant ce ne sont pas là les propos du pape, ni son intention. Et si c'est malgré tout l'image d'eux qui est renvoyée aux musulmans par cet épisode, ne doivent-ils pas plutôt s'en prendre à eux-mêmes, si vraiment elle leur déplaît, plutôt qu'au pape? Si le reflet de nous que nous renvoie le miroir est hideux, est-ce la faute au miroir?
Reprochez-vous au pape de n'avoir pas fait le silence sur ces martyrs? Non seulement ils sont morts de façon tragique, mais on devrait en plus les tuer une seconde fois en les oubliant? Croyez-vous rendre service à la vérité en la bâillonnant? Ou bien avez-vous peur de la vérité? Et n'estimez-vous pas que c'est en se confrontant à elle qu'on grandit?
Au reste, le souci du pape en nous proposant ces nouveaux saints n'est pas de contenter ou de mécontenter les musulmans, mais d'encourager les chrétiens dont il a le lourd fardeau. Une canonisation n'intervient qu'après une très longue et très rigoureuse expertise, et est précédée de deux étapes (vénérable, bienheureux) conditionnée à des miracles obtenus par l'intercession des 'candidats'. Si nos papes récents (le projet de cette canonisation date de Benoît XVI et même, selon certaines sources, de Jean-Paul II) ont décidé que le moment était opportun pour porter ces martyrs sur les autels, c'est qu'ils estimaient que leur exemple était utile à l'Eglise d'aujourd'hui. En effet, l'Eglise a toujours le souci de proposer des saints pour notre temps. Et notre temps est précisément un temps où les chrétiens sont persécutés à cause de leur foi dans de nombreux endroits du monde ; c'est même la communauté la plus persécutée. Cette canonisation intervient donc à un moment approprié : l'exemple de ces prédécesseurs doit nous encourager à rester ferme dans notre foi; leurs prières que nous sollicitons également.
L'Eglise de notre temps est une Eglise de martyrs. Au fait, faut-il expliquer que nous n'entendons pas ce terme comme les musulmans? Un martyr, dans le christianisme, conformément à l'étymologie, TEMOIGNE de sa foi, jusqu'au don de sa vie, ET PARDONNE A SES BOURREAUX. Christian de Chergé, prieur des moines de Tibhirine, assassinés par le GIA algérien en 1996, écrivait ceci dans son testament, en prévision de son probable martyre, en pensant à celui qui le tuerait : " Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'auras pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce MERCI, et cet « À-DIEU » en-visagé de toi. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. Amen ! Inch' Allah. "