Connectez-vous S'inscrire
 M.
Mardi 10 Décembre 2013

Notez Version imprimable
C'est pas mal... Mais il faut faire attention à ne pas réduire l'histoire et la culture de chaque enfant, de chaque famille, à des elements folkloriques, exotiques (couscoussière, éventail...). Quand j'avais 6 ans, au CP, un petit garçon est arrivé de Chine en cours d'année. Pour éviter que l'attention se focalise sur lui et sa difference et qu'il soit stigmatisé comme "l'étranger" de la classe, notre institutrice a voulu nous montrer que nous sommes tou-te-s different-e-s et nous avons tou-te-s des origines diverses. Donc elle nous a demandé de ramener chacun-e un objet de "chez nous". C'était une initiative plutôt positive, ça partait d'une bonne intention. Mais à cause de l'ignorance de l'institutrice, ça a donné lieu à un souvenir douloureux pour moi : j'avais ramené un livre de cuisine tunisienne, l'instit' l'a feuilleté rapidement et m'a demandé "où est le tabboulé ?", comme s'il manquait quelque chose dans mon livre. moi je ne savais pas quoi répondre... ma mère m'a dit plus tard "le tabboulé c'est libanais, pas tunisien". mais sur le moment, j'ai eu l'impression d'être prise en défaut, qu'il y avait une erreur dans mon livre. l'instit' nous demandait de lui apprendre quelque chose sur ma culture, mais elle prétendait ensuite connaître ma culture mieux que moi, et pointer du doigt un manque dans ce que je lui montrais !!! elle amalgamait dans un folklore indistinct toute la diversité des cultures arabes, sa connaissance sommaire ne lui permettant pas de distinguer la Tunisie du Liban... c'est bien ça le problème : on a beau célébrer la diversité des origines et des cultures des élèves, les instit', eux, sont toujours très majoritairement blancs : ce sont eux qui détiennent et transmettent le savoir, y compris le savoir sur la "tolérance" et la "différence". ce que les enfants non-blancs en retirent : l'idée que leurs cultures sont bonnes pour la danse, la musique, la nourriture, pour apporter des "saveurs épicées", des "rythmes metissés", pour égayer et diversifier le tableau, mais pas pour représenter l'école de la république, la transmission de la connaissance, devant une classe. Les prénoms des enfants ont des sonorités "exotiques", mais l'instit s'appelle et s'appellera toujours Julie Noël.