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Dans son rapport, Klarsfeld défend le droit de légiférer sur l'histoire  27/01/2006

L'avocat Arno Klarsfeld défend la légitimité du Parlement à adopter des "lois mémorielles" dans son rapport sur la loi du 23 février 2005 remis mercredi au président de l'UMP Nicolas Sarkozy et dont Le Monde publie un extrait vendredi.

"Apprécier le passé, c'est aussi le champ du politique et bien-sûr des parlementaires représentant la Nation. Il est essentiel de promouvoir parfois des lois mémorielles qui, comme ce fut souvent le cas dans le passé, favorisent l'union de la nation et de notre peuple, et aussi de reconnaître l'ensemble des identités qui coexistent dans la République", écrit l'avocat.

"Les lois mémorielles ne sont pas une exception spécifique à notre République", poursuit-il.

Arno Klarsfeld juge "inacceptable" la partie de l'article 4 qui fait allusion au "rôle positif" de la colonisation. Mais "il n'est pas raisonnable de passer en un demi-siècle d'un panégyrique de la colonisation à son dénigrement total", selon l'avocat qui évoque le traitement de cet épisode historique dans les manuels scolaires.

Arno Klarsfeld juge que les historiens signataires en décembre 2005 d'une pétition estimant qu'il "n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique", "se trompent".

"L'histoire n'est pas le pré carré des historiens", écrit Arno Klarsfeld.

L'avocat cite plusieurs cas passés et estime que "fixer une date de commémoration nationale des souffrances dues à l'esclavage est souhaitable, d'autant que l'esclavage perdure dans de nombreuses régions du monde et devrait être éradiqué".

Il suggère de "reconnaître plus largement au Parlement le droit de voter des résolutions afin de s'exprimer solennellement sur certains sujets, relatifs en particulier à la mémoire, sans avoir à recourir à la loi qui doit demeurer normative".