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De jeunes noirs et arabes témoignent de la difficulté à construire leur vie 04/01/2006
"Je n'avais pas la bonne couleur": de jeunes Français noirs et arabes ayant grandi en banlieue parisienne témoignent de leurs difficultés à trouver un stage, un emploi ou un logement en dénonçant sans détour "le racisme", "les préjugés" et "l'ignorance" qu'ils ont souvent trouvés sur leur chemin.
Né en France de père malien, Moctar Sissoko, 21 ans, a connu dans sa petite enfance "des écoles-ghettos" de Seine-Saint-Denis, dans lesquelles "les enfants parlent à peine le français et les profs sont dépassés par l'ampleur de la tâche". Bon élève, il se voit cependant proposer une "voie de garage" en apprentissage en 4e. Ses parents consacrent alors une part importante de leur budget à une inscription dans le privé dans un "collège bourgeois". Moctar suit ce cursus, décroche un baccalauréat scientifique, entre en BTS chimie. "Je me disais, c'est bon, j'ai franchi les barrières, je vais pouvoir bosser normalement, faire ma vie". Mais le jeune homme déchante rapidement. "J'étais le meilleur élève de ma promo et le seul à ne pas réussir à décrocher un stage", dit-il. Danièle Thévenin, responsable d'un centre de formation de Verneuil-sur-Seine (Yvelines) confirme la difficulté pour ces jeunes à trouver des entreprises prêtes à les accueillir. "Un garçon intelligent d'origine marocaine, désireux de suivre une formation de BTS Action Commerciale en alternance, n'a pu trouver aucune entreprise d'accueil par lui même", explique-t-elle. "Les raisons pour lesquelles sa candidature n'était pas retenue étaient très variées. J'ai fini par contacter moi-même des responsables d'entreprise, que je connaissais". "Les préjugés évidents de nombre de recruteurs français, leur ignorance et leur racisme" ont conduit Malek Benarbi, jeune ingénieur trilingue d'une famille d'origine marocaine, à s'exiler en Grande-Bretagne, où il travaille depuis deux ans pour un grand groupe pétrolier. "Comme par hasard tous les +blancs+ de ma promo avaient trouvé preneurs en France", relève-t-il en soulignant que ce pays "se prive ainsi de beaucoup de talents" et "décline". Pour Ouardia Labib, française de parents algériens, élevée à la Courneuve (Seine-Saint-Denis), "les discriminations s'accumulent lorsqu'on est arabe, musulmane, femme, jeune et habitante d'un quartier dit difficile". Titulaire d'une maîtrise de communication depuis trois ans, la jeune femme ne parvient à trouver que des remplacements comme hôtesse d'accueil. "Le sentiment d'injustice et de colère est très fort quand je vois des copines blanches moins calées que moi trouver des places de cadre sans problème". Mohamed Coulibaly, lui, a trouvé un emploi mais il désespère en matière de logement. Ce commercial d'une trentaine d'années, d'origine ivoirienne, élevé à Montreuil (Seine-Saint-Denis) est cadre dans une grande entreprise d'agroalimentaire. Il cherche un deux-pièces en région parisienne et c'est "mission impossible". "Les propriétaires ont souvent retenu des locataires blancs avec une sécurité d'emploi et un salaire inférieurs aux miens", dénonce-t-il. |
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