Le bilan provisoire est de 62 morts dans les attentats qui ont touché ce matin la capitale espagnole. Quatre explosions se sont produites dans trois trains à proximité de la gare d'Atocha et dans le sud-est de Madrid. Le gouvernement espagnol a immédiatement attribué jeudi les attentats de Madrid à l'organisation séparatiste basque ETA. La campagne électorale pour les législatives est alors suspendue.
Ce matin pendant les heures de pointe
Ces explosions se sont produites à 72 heures des élections législatives du 14 mars.
Les attentats à l'explosif se sont produits à quelques minutes d'intervalle jeudi matin et visaient un train dans la gare centrale d'Atocha, à Madrid et deux autres trains de banlieue dans le sud-est de la capitale espagnole dans les gares d'El Pozo et Santa Eugenia.
Le train de banlieue qui entrait dans la gare d'Atocha a été touché à l'avant, à l'arrière et au milieu. Des centaines de blessés étaient soignés dans un hôpital de campagne installé dans le parc du Retiro, dans le centre de la capitale espagnole.
L'attentat le plus meurtrier jamais commis par l'ETA, qui a été immédiatement pointé du doigt par les autorités dans les explosions près de Madrid, avait fait 21 morts et blessés dans un supermarché de Barcelone le 19 juin 1987.
Les télévisions espagnoles ont parlé de 'massacre' et montraient des images de voyageurs paniqués, et de corps déchiquetés autour de wagons éventrés, et un incessant ballet d'ambulances.
L'ensemble des partis politiques ont suspendu leur campagne et annulé tous leur meetings à la suite de ces attentats.
Témoignage dans la gare d'Atocha
Des dizaines de personnes, le visage ensanglanté, marchant avec difficulté, ou choquées, sont secourues dans la grande gare d'Atocha dans le centre de Madrid, après l'explosion de jeudi matin.
Tout le secteur de la gare, et notamment la grande place qui s'étend devant le terminal des TGV pour l'Andalousie, a été interdit à la circulation pour permettre la mise en place de dizaines de voitures de secours et de police.
Survenue vers 07H30 (06H30 GMT), à une heure de grande affluence, l'explosion a frappé un TGV, et démantelé des wagons qui se sont immobilisés sur la voie. Des secouristes, munis d'équipements de secours ont commencé à dégager peu à peu les victimes dans le convoi.
A Atocha, peu à peu, les blessés légers pouvant marcher ont commencé à sortir de la gare. D'autres sont arrivés soutenus par des passants ou des secouristes. Certains avaient le visage en sang, d'autres avaient les habits déchirés ou découpés pour faciliter le traitement rapide des blessures. Un blessé, assis sur la chaussée, respirait grâce à un masque à oxygène. Quelques uns, sous le choc, s'asseyaient sur un trottoir, la tête entre les mains.
De nombreuses autres personnes étaient soignées, étendues sur le sol, dans un gymnase proche de la gare.
Les secouristes se sont employés à apporter rapidement les premiers secours, laissant parfois un blessé sur un banc après l'avoir soigné, pour aller s'occuper d'autres urgences.
Des blessés étaient transportés sur des brancards pour être rapidement acheminés vers les hôpitaux de Madrid. La police a progressivement étendu la zone interdite tout autour d'Atocha, une des plus grandes gares de Madrid, repoussant voitures et badauds, pour faciliter l'acheminement des secours.
Des bâtiments voisins d'Atocha ont également été évacués par la police et les pompiers en raison de nouvelles menaces d'explosions. Même des personnes qui avaient des parents dans le train et qui venaient aux nouvelles étaient repoussées.
Réactions en Espagne
Le gouvernement espagnol, réuni en cellule de crise, a annoncé jeudi trois jours de deuil national après les attentats les plus meurtriers commis à Madrid depuis le rétablissement de la démocratie en 1975.
Il a aussi demandé à tous les Espagnols de se rassembler vendredi soir afin de marquer leur condamnation des attentats. Les habitants sont appelés à se rassembler, partout en Espagne, vendredi à 19H00 (18H00 GMT) sur le thème 'Aux côtés des victimes, avec la Constitution, pour l'élimination du terrorisme'. A Madrid, tous les Madrilènes étaient invités à se rassembler à 13 heures pendant cinq minutes pour exprimer leur condamnation des attentats commis jeudi à Madrid.
Sur le plan politique, la campagne 'est terminée', a affirmé le candidat à la présidence du gouvernement du Parti populaire (PP, droite, au pouvoir) Mariano Rajoy. Le chef de l'opposition socialiste, José Luis Rodríguez Zapatero, a également annoncé à la radio Cadena Ser que sa formation avait suspendu les activités de la campagne, tout en lançant un appel aux Espagnols pour qu'ils se rendent de façon massive dimanche urnes.
La France 'condamne avec la plus grande fermeté' les 'lâches attentats' qui ont eu lieu jeudi matin à Madrid et qui ont fait au moins 62 morts et de très nombreux blessés, selon un premier bilan officiel.
'Elle fait part aux autorités espagnoles de sa totale solidarité dans cette terrible épreuve. Elle exprime ses très sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes', souligne le Quai d'Orsay dans un communiqué.