Muhammad Hamidullah © DR/CNRS pour Saphirnews
Lire la première partie : Muhammad Hamidullah, une histoire française et musulmane du XXe siècle (1/2)
Le style de vie de Hamidullah, que Louis Massignon qualifie d'ermite, va impressionner certains étudiants qui ne retiendront que ça. Loin des mondanités, des espaces de socialisation, focalisé sur ses travaux de recherche et ses publications. Ils voudront en savoir plus sur sa personne au risque d'agacer le professeur. Une fois, un étudiant avait un peu trop insisté pour savoir d'où il venait. Sa réponse fut : « Je viens du Paradis, ma mère s'appelle Eve et mon père est Adam. » Il avait répondu à la question en allant à la source. C'était une méthode Hamidullah. D'autres étudiants retiennent de lui son détachement des lieux de pouvoir et des signes de reconnaissance sociale ; une posture des maîtres de la Chishtiya. Dans leur ensemble, la modestie sociale, la discrétion intellectuelle et la pudeur spirituelle sont quelques-uns des traits de caractères des héritiers de Hamidullah. À raison ou à tort, les héritiers de Hamidullah s'écartent des débats polémiques en islam.
À un niveau personnel, mes recherches sur la vie de Hamidullah m'ont permis d'identifier un trait de caractère que je crois tenir de lui et qui se prête au partage. Il s'agit de l'engagement de Hamidullah à promouvoir la langue française dans les mosquées en France. J'ai eu un choc en voyant un imam connu de tous s’exprimer sur des plateaux télé dans un français très approximatif. Mais je n'ai pas eu le temps d'avoir honte, j'ai pensé à Muhammad Hamidullah. J'ai alors compris le sens du combat solitaire où il nous entraînait, malgré nous, pour imposer l'usage du français dans nos mosquées. Nous le trouvions excessif, trop occupé par cette question secondaire, périphérique. En écoutant cet imam, j'ai compris le combat du professeur. Il avait raison. Il avait seulement des coups d'avance.
Lire aussi : Muhammad Hamidullah, l'islam en français
Le style de vie de Hamidullah, que Louis Massignon qualifie d'ermite, va impressionner certains étudiants qui ne retiendront que ça. Loin des mondanités, des espaces de socialisation, focalisé sur ses travaux de recherche et ses publications. Ils voudront en savoir plus sur sa personne au risque d'agacer le professeur. Une fois, un étudiant avait un peu trop insisté pour savoir d'où il venait. Sa réponse fut : « Je viens du Paradis, ma mère s'appelle Eve et mon père est Adam. » Il avait répondu à la question en allant à la source. C'était une méthode Hamidullah. D'autres étudiants retiennent de lui son détachement des lieux de pouvoir et des signes de reconnaissance sociale ; une posture des maîtres de la Chishtiya. Dans leur ensemble, la modestie sociale, la discrétion intellectuelle et la pudeur spirituelle sont quelques-uns des traits de caractères des héritiers de Hamidullah. À raison ou à tort, les héritiers de Hamidullah s'écartent des débats polémiques en islam.
À un niveau personnel, mes recherches sur la vie de Hamidullah m'ont permis d'identifier un trait de caractère que je crois tenir de lui et qui se prête au partage. Il s'agit de l'engagement de Hamidullah à promouvoir la langue française dans les mosquées en France. J'ai eu un choc en voyant un imam connu de tous s’exprimer sur des plateaux télé dans un français très approximatif. Mais je n'ai pas eu le temps d'avoir honte, j'ai pensé à Muhammad Hamidullah. J'ai alors compris le sens du combat solitaire où il nous entraînait, malgré nous, pour imposer l'usage du français dans nos mosquées. Nous le trouvions excessif, trop occupé par cette question secondaire, périphérique. En écoutant cet imam, j'ai compris le combat du professeur. Il avait raison. Il avait seulement des coups d'avance.
Lire aussi : Muhammad Hamidullah, l'islam en français
Un engagement profond à promouvoir le français dans les mosquées de France
Depuis les années 1950, Hamidullah lance une croisade contre l'usage de la langue arabe dans l'islam de France. De la part d'un savant de l'islam, c'était ahurissant. De la part d'un descendant de la tribu du Prophète, c'était scandaleux. Hamidullah ne pouvait l'ignorer. D'avance, il savait sa lutte ardue, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quand la décolonisation est dans les esprits.
Par précaution, Hamidullah met le sujet à l'ordre du jour du Centre culturel islamique (CCI) en 1953. « Puis il s'est assuré que notre décision figure bien dans le compte rendu de réunion », témoigne Sarolodine Muhammad, l'un des fondateurs du CCI. Pour avoir connu Hamidullah dans les années 1980, je lui savais ce trait de caractère, sans plus. C'est au cours de mes recherches que je découvre que c'était important. Je réalise que cet engagement à promouvoir le français remonte à ses années d'enseignement à l'Osmania. Il assure, un temps, le secrétariat de l'Alliance française à Hyderabad, une antenne de la francophonie dans une colonie anglaise. Il représente aussi l'orientalisme français, comme représentant en Inde de la Revue d'études islamiques (REI), à la demande de Massignon, son complice, qu'il appelait « cher maître ».
Hamidullah racontait une blague sur la langue arabe : « Les épouses du Prophète sont les mères des musulmans. Or nos mères étaient Arabes, donc l'arabe est la langue maternelle de tout musulman. Il est normal d'apprendre sa langue maternelle si on ne la connaît pas. » On avait beau la connaître, sa blague faisait toujours rire parce qu'on savait les efforts qu'il mettait, par ailleurs, à combattre cette « langue maternelle » dans les mosquées. Le public de mosquées était arabophone et il le restera jusqu'à la fin des 1980. Hamidullah connaît l'arabe et il n'est pas Français. Mais Hamidullah parlait toujours français à la mosquée. Il fallait donc s'en souvenir et lui prévoir un traducteur. Si un mot ou une expression était mal restitué par le traducteur, Hamidullah apportait la rectification. Puis il reprenait sa causerie en français ! Le traducteur pouvait être en peine quand le discours était trop juridique ou trop technique. Hamidullah volait à son secours. Il lui filait les bons mots et repartait en français, l'air de rien. Il était ainsi à l'opposé d'autres orateurs francophones qui s'échinaient à citer le Coran et le hadith en arabe sans comprendre l'arabe.
Par précaution, Hamidullah met le sujet à l'ordre du jour du Centre culturel islamique (CCI) en 1953. « Puis il s'est assuré que notre décision figure bien dans le compte rendu de réunion », témoigne Sarolodine Muhammad, l'un des fondateurs du CCI. Pour avoir connu Hamidullah dans les années 1980, je lui savais ce trait de caractère, sans plus. C'est au cours de mes recherches que je découvre que c'était important. Je réalise que cet engagement à promouvoir le français remonte à ses années d'enseignement à l'Osmania. Il assure, un temps, le secrétariat de l'Alliance française à Hyderabad, une antenne de la francophonie dans une colonie anglaise. Il représente aussi l'orientalisme français, comme représentant en Inde de la Revue d'études islamiques (REI), à la demande de Massignon, son complice, qu'il appelait « cher maître ».
Hamidullah racontait une blague sur la langue arabe : « Les épouses du Prophète sont les mères des musulmans. Or nos mères étaient Arabes, donc l'arabe est la langue maternelle de tout musulman. Il est normal d'apprendre sa langue maternelle si on ne la connaît pas. » On avait beau la connaître, sa blague faisait toujours rire parce qu'on savait les efforts qu'il mettait, par ailleurs, à combattre cette « langue maternelle » dans les mosquées. Le public de mosquées était arabophone et il le restera jusqu'à la fin des 1980. Hamidullah connaît l'arabe et il n'est pas Français. Mais Hamidullah parlait toujours français à la mosquée. Il fallait donc s'en souvenir et lui prévoir un traducteur. Si un mot ou une expression était mal restitué par le traducteur, Hamidullah apportait la rectification. Puis il reprenait sa causerie en français ! Le traducteur pouvait être en peine quand le discours était trop juridique ou trop technique. Hamidullah volait à son secours. Il lui filait les bons mots et repartait en français, l'air de rien. Il était ainsi à l'opposé d'autres orateurs francophones qui s'échinaient à citer le Coran et le hadith en arabe sans comprendre l'arabe.
Un choix de rebelle mais visionnaire
Hamidullah n'avait pas de compte à régler avec la France. Il n'avait pas le syndrome de l'ex-colonisé français qui réclame à la France d'aujourd'hui sa « dette coloniale ». Hyderabad qu'il a connu était une colonie britannique. Aux yeux de certains étudiants, sa préférence du français par rapport à l'arabe le rendait suspect pour parler valablement de l'islam. C'était un choix de rebelle qu'il n'aurait pas fait « s'il avait été Arabe », disait-on. Car, à l'époque, la Grande Mosquée de Paris, fleuron de l'islam de France, faisait son prêche du vendredi en arabe, sans un mot de français. La vitrine de cette mosquée était son recteur ; excellent en arabe comme en français. On ne pouvait imaginer que l'imam de sa mosquée venait directement d'Algérie et qu'il était à peine francophone.
Ce débat n'intéressait pas Hamidullah et dépassait l'AEIF. Pour nous, quand le professeur était dans un panel, il fallait prévoir un francophone pour l'introduire et un traducteur à la hauteur. Tout le monde n'y pensait pas. Une association d'ouvriers turcs, dans le sud de la France, invite Hamidullah à l'inauguration de leur mosquée. Le professeur veut faire sa conférence en français et demande un traducteur pour ce public turcophone. Ce n'était pas prévu et on se met à chercher. On ne trouve pas ce traducteur. Comment faire ? L'imam se propose de traduire la conférence si Hamidullah veut la faire en arabe. Hamidullah est alors piégé à son propre piège. Un imam arabophone est une norme en France comme ailleurs. Faire sa conférence en arabe, devant un public turc, sur le sol de France ? Ça en faisait trop pour Hamidullah. Il n'allait pas se trahir en tombant aussi bas. En désespoir de cause, il fit preuve de sagesse et donna sa conférence en turc. Ce n'était pas si compliqué !
« Hamidullah est le premier cheikh qui nous a montré qu'on pouvait être Français et musulman ; les deux à la fois », témoigne Malika Dif. Son propos rejoint ma première rencontre avec Hamidullah. Au moment de prendre congé, il dit : « Vous êtes déjà musulman, vous êtes nouveau ici. Vous avez tout ce qu'il faut pour être un bon musulman, vous avez tout ce qu'il faut pour être un mauvais musulman. » Il venait de résumer de ce que j'allais découvrir sur l'islam dans nos médias. Le professeur avait la même remarque quand nous nous plaignions du traitement de notre religion dans nos médias : « Il faut travailler, écrire et publier vos articles. » Il l'a répété assez souvent pour qu'on finisse par l'entendre. Avec Oumar Othmani, un étudiant marocain très proche du professeur, ce fut alors l'aventure du magazine Le Musulman, édité par l'AEIF de 1972 à 1975, puis de 1987 à 1996. L'imam Mamadou Daffé de Toulouse nous fit confiance et accepta de diriger cette publication.
Le rythme était trimestriel, l'équipe bénévole. L'argent était AEIF et la ligne éditoriale Hamidullah. Aucune photo d'illustration, aucun financement externe. Une austérité de disciples de la Chishtiya, une confrérie soufie dont nous ne savions rien. Quand on parle d'un « business model », le business devient vite de trop. À coup de sacrifices personnels, un noyau se constitua mais le turnover était tel que d'un numéro à l'autre, il fallait lutter pour garder une âme à cette publication. Hamidullah servait de repère. S'il nous proposait un article sur le droit islamique, nous nous mettions à l'ouvrage pour habiller son papier et le placer au cœur d'un dossier. Trouver des auteurs sur le même sujet, sinon mandater des membres de l'équipe pour produire un article sur le même sujet que le professeur. Ce n'était pas toujours possible, mais ça nous donnait une ligne d'actions sans pression ni contrainte.
Il avait beau être externe à l'équipe, Hamidullah lisait Le Musulman en entier. Il nous renvoyait une copie annotée avec ses corrections et ses encouragements. Au fils des numéros, une sélection se fit et Le Musulman devint la chasse gardée des francophones de l'AEIF. Il devint un espace où la jeune génération, souvent née en France, se sentait à l'aise. À leur intention, l'AEIF organise des ateliers d'écriture dans l'esprit Hamidullah : travailler, écrire et publier ses articles. En 1992, un nouveau trimestriel est né dans cette pépinière, Le Musulman Junior, parrainé par l'AEIF.
Ce débat n'intéressait pas Hamidullah et dépassait l'AEIF. Pour nous, quand le professeur était dans un panel, il fallait prévoir un francophone pour l'introduire et un traducteur à la hauteur. Tout le monde n'y pensait pas. Une association d'ouvriers turcs, dans le sud de la France, invite Hamidullah à l'inauguration de leur mosquée. Le professeur veut faire sa conférence en français et demande un traducteur pour ce public turcophone. Ce n'était pas prévu et on se met à chercher. On ne trouve pas ce traducteur. Comment faire ? L'imam se propose de traduire la conférence si Hamidullah veut la faire en arabe. Hamidullah est alors piégé à son propre piège. Un imam arabophone est une norme en France comme ailleurs. Faire sa conférence en arabe, devant un public turc, sur le sol de France ? Ça en faisait trop pour Hamidullah. Il n'allait pas se trahir en tombant aussi bas. En désespoir de cause, il fit preuve de sagesse et donna sa conférence en turc. Ce n'était pas si compliqué !
« Hamidullah est le premier cheikh qui nous a montré qu'on pouvait être Français et musulman ; les deux à la fois », témoigne Malika Dif. Son propos rejoint ma première rencontre avec Hamidullah. Au moment de prendre congé, il dit : « Vous êtes déjà musulman, vous êtes nouveau ici. Vous avez tout ce qu'il faut pour être un bon musulman, vous avez tout ce qu'il faut pour être un mauvais musulman. » Il venait de résumer de ce que j'allais découvrir sur l'islam dans nos médias. Le professeur avait la même remarque quand nous nous plaignions du traitement de notre religion dans nos médias : « Il faut travailler, écrire et publier vos articles. » Il l'a répété assez souvent pour qu'on finisse par l'entendre. Avec Oumar Othmani, un étudiant marocain très proche du professeur, ce fut alors l'aventure du magazine Le Musulman, édité par l'AEIF de 1972 à 1975, puis de 1987 à 1996. L'imam Mamadou Daffé de Toulouse nous fit confiance et accepta de diriger cette publication.
Le rythme était trimestriel, l'équipe bénévole. L'argent était AEIF et la ligne éditoriale Hamidullah. Aucune photo d'illustration, aucun financement externe. Une austérité de disciples de la Chishtiya, une confrérie soufie dont nous ne savions rien. Quand on parle d'un « business model », le business devient vite de trop. À coup de sacrifices personnels, un noyau se constitua mais le turnover était tel que d'un numéro à l'autre, il fallait lutter pour garder une âme à cette publication. Hamidullah servait de repère. S'il nous proposait un article sur le droit islamique, nous nous mettions à l'ouvrage pour habiller son papier et le placer au cœur d'un dossier. Trouver des auteurs sur le même sujet, sinon mandater des membres de l'équipe pour produire un article sur le même sujet que le professeur. Ce n'était pas toujours possible, mais ça nous donnait une ligne d'actions sans pression ni contrainte.
Il avait beau être externe à l'équipe, Hamidullah lisait Le Musulman en entier. Il nous renvoyait une copie annotée avec ses corrections et ses encouragements. Au fils des numéros, une sélection se fit et Le Musulman devint la chasse gardée des francophones de l'AEIF. Il devint un espace où la jeune génération, souvent née en France, se sentait à l'aise. À leur intention, l'AEIF organise des ateliers d'écriture dans l'esprit Hamidullah : travailler, écrire et publier ses articles. En 1992, un nouveau trimestriel est né dans cette pépinière, Le Musulman Junior, parrainé par l'AEIF.
L'esprit Hamidullah dans le paysage médiatique français musulman
En dehors de l’AEIF, le paysage médiatique français musulman a connu un nouveau développement en 1998 avec le lancement du journal Saphir Le Médiateur, l’embryon de Saphirnet.info, l’ancêtre de Saphirnews.com qui a aujourd’hui plus de vingt ans. Premier quotidien assurant un traitement journalistique de l'actualité, il a acquis une expertise sans pareille sur le fait musulman en France qui en fait un bien culturel de référence. Tout au long de ce voyage militant, Mohammed Colin et Mourad Latrech se sont relayés à la barre. Les voiles gonflaient sous les vents de la passion et le sens du service donnait la direction. Le navire a parfois tangué, il n'a jamais coulé. J'ai une conviction quasi mystique que nul ne peut couler un bateau tant qu'il vogue pour Dieu. Il faut une qualité d'énergie pour ça. Le carburant qui fait tourner Saphirnews tient de quelque chose que je reconnais. Je peux le voir mais je ne saurais le décrire. Je l'appelle un « esprit Hamidullah ».
Quand on a connu Hamidullah, on retrouve à Saphirnews son esprit d'ouverture est sa gestion de la diversité d'opinions en matière de religion. Se donner le droit d'être musulman, tout simplement. Ni sunnite, ni chiite, ni soufi, ni salafiste, ni wahhabite ou autre. Fermer ces boîtes d'orientalistes pour donner la parole à celles et ceux qui ont des choses intéressantes à partager, que ça plaise ou non. Le temps efface certaines choses mais en fondant Saphirnews, il fut clair qu'il reflétera une sensibilité explicitement musulmane et entièrement française. Ni sénégalais, ni algérien, ni marocain, ni saoudien, ni iranien, ni turc ou autre. Mais un média français et fier de l'être, engagé avec une sensibilité musulmane, sans complexe, sans bigoteries exotiques, sans schizophrénie entre l'islam et le français, notre foi et notre culture.
Mohammed Arkoun parle de « construction humaine de l'islam », il égratigne la féerie qui maquille nos fantasmes d'islam. Ce péché rend Arkoun inaudible dans certaines mosquées. Hamidullah ne dit pourtant pas autre chose. Sauf qu'il a banalisé cette idée en décrivant ce qui est « musulman » pour le confronter à ce qui est « islamique ». Les fondateurs de l'AEIF avaient voulu l'AEMF pour Association de étudiants musulmans de France. Le professeur exigera « islamique » au lieu de « musulman » ; il voulait une association sur la religion et non sur la culture. Car l'islam est unique et les musulmans multiples. « Le Prophète nous a expliqué l'islam ; ce n'est pas compliqué », disait Hamidullah.
Oui, l'islam est dans le Coran et la sira ! Mais le Prophète a enseigné le Coran sans le compiler pour en faire un livre ; les musulmans l'ont fait. Le Prophète a construit sa mosquée de Médine sans dresser de minaret ; les musulmans payent des fortunes en minarets. Puis, comme il n'avait pas de calendrier hégirien, le Prophète n'a pas fêté le Mawlid pour égayer les enfants de Médine. Les musulmans fêtent le Mawlid quand ils ne se perdent pas en polémiques stériles. De plus, selon les spécialistes, si le Prophète a dirigé les prières de tarawih au Ramadan, il n'en a fait que trois séances. Tout le reste n'est pas « islamique » même si ça reste bien « musulman ». Quels sont ces gens qui nous reprochent d'inventer des moyens d'avance vers Dieu ? Mais il faut du temps ! Il a fallu du temps pour aller du projet de Hamidullah à sa mise en œuvre à Saphirnews.
L'équipe de Saphirnews développe par la suite, en 2008, son projet éditorial à travers le trimestriel Salamnews, son magazine gratuit qui reste unique en son genre en France. Dans ce type d'héritage de Hamidullah en France, on peut ranger des revues comme La Médina, Sézame ainsi que la revue Islam, tous à mettre au compte de Hakim Ghissassi, qui est rentré au Maroc. En homme-orchestre, capable d'intervenir à tous les niveaux d'un journal, Hakim Ghissassi a fait ses classes à l'AEIF, dans l'équipe de la revue Le Musulman.
Quand on a connu Hamidullah, on retrouve à Saphirnews son esprit d'ouverture est sa gestion de la diversité d'opinions en matière de religion. Se donner le droit d'être musulman, tout simplement. Ni sunnite, ni chiite, ni soufi, ni salafiste, ni wahhabite ou autre. Fermer ces boîtes d'orientalistes pour donner la parole à celles et ceux qui ont des choses intéressantes à partager, que ça plaise ou non. Le temps efface certaines choses mais en fondant Saphirnews, il fut clair qu'il reflétera une sensibilité explicitement musulmane et entièrement française. Ni sénégalais, ni algérien, ni marocain, ni saoudien, ni iranien, ni turc ou autre. Mais un média français et fier de l'être, engagé avec une sensibilité musulmane, sans complexe, sans bigoteries exotiques, sans schizophrénie entre l'islam et le français, notre foi et notre culture.
Mohammed Arkoun parle de « construction humaine de l'islam », il égratigne la féerie qui maquille nos fantasmes d'islam. Ce péché rend Arkoun inaudible dans certaines mosquées. Hamidullah ne dit pourtant pas autre chose. Sauf qu'il a banalisé cette idée en décrivant ce qui est « musulman » pour le confronter à ce qui est « islamique ». Les fondateurs de l'AEIF avaient voulu l'AEMF pour Association de étudiants musulmans de France. Le professeur exigera « islamique » au lieu de « musulman » ; il voulait une association sur la religion et non sur la culture. Car l'islam est unique et les musulmans multiples. « Le Prophète nous a expliqué l'islam ; ce n'est pas compliqué », disait Hamidullah.
Oui, l'islam est dans le Coran et la sira ! Mais le Prophète a enseigné le Coran sans le compiler pour en faire un livre ; les musulmans l'ont fait. Le Prophète a construit sa mosquée de Médine sans dresser de minaret ; les musulmans payent des fortunes en minarets. Puis, comme il n'avait pas de calendrier hégirien, le Prophète n'a pas fêté le Mawlid pour égayer les enfants de Médine. Les musulmans fêtent le Mawlid quand ils ne se perdent pas en polémiques stériles. De plus, selon les spécialistes, si le Prophète a dirigé les prières de tarawih au Ramadan, il n'en a fait que trois séances. Tout le reste n'est pas « islamique » même si ça reste bien « musulman ». Quels sont ces gens qui nous reprochent d'inventer des moyens d'avance vers Dieu ? Mais il faut du temps ! Il a fallu du temps pour aller du projet de Hamidullah à sa mise en œuvre à Saphirnews.
L'équipe de Saphirnews développe par la suite, en 2008, son projet éditorial à travers le trimestriel Salamnews, son magazine gratuit qui reste unique en son genre en France. Dans ce type d'héritage de Hamidullah en France, on peut ranger des revues comme La Médina, Sézame ainsi que la revue Islam, tous à mettre au compte de Hakim Ghissassi, qui est rentré au Maroc. En homme-orchestre, capable d'intervenir à tous les niveaux d'un journal, Hakim Ghissassi a fait ses classes à l'AEIF, dans l'équipe de la revue Le Musulman.
Un collectif pour faire vivre l'héritage du professeur
Ils sont nombreux, à travers le monde, qui ont fait leurs études en France, ont fréquenté Hamidullah et sont rentrés avec le diplôme et des souvenirs de Paris où habite le professeur. Ils sont encore plus nombreux qui ont lu Hamidullah sans savoir à quoi il ressemble parce que le professeur n'aimait pas l'exposition narcisse à laquelle se prête le portrait. Il acceptait ce jeu en cas d'utilité. Il s'y prêtait alors à la perfection ! Pour ce public, aux quatre coins du monde, nous avons initié le point de ralliement qu'est le Collectif Hamidullah. Une association qui se veut fidèle à l'esprit du professeur.
Le Collectif Hamidullah est ouvert à tous. Et le Collectif Hamidullah est un « collectif » qui ne se limite pas à Hamidullah, mais s'intéresse à toutes les figures de l'islam en France dont Hamidullah est le symbole. Notre projet est de collecter, protéger et promouvoir ce patrimoine de l'islam dont nous avons la responsabilité en tant que musulmans de France. Après le centenaire de Hamidullah en 2008, notre bilan a révélé un danger de folklorisation. Nous avons voulu innover en réorientant nos efforts dans une direction moins affective. En vérité, ça nous a conduit dans un désert dont nous commençons à sortir à peine. En attendant nos publications, nous avons prévu une nouvelle journée hommage à Hamidullah, le 22 février 2025, en collaboration avec la mosquée de Limay, dans les Yvelines. C'est gratuit et ouvert à tous, inchaAllah.
Lire aussi :
Comment le Coran de Hamidullah, un classique de l'islam en France, a été falsifié (1/2)
Comment l'entreprise de falsification du Coran de Hamidullah a été rendue possible (2/2)
Muhammad Hamidullah, pour l'amour de la Turquie
Muhammad Hamidullah, homme de foi, de science et du vivre-ensemble
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