Une explosion de faible intensité s'est produite jeudi matin avant l'aube dans la boîte aux lettres d'un lycée fréquenté à Nantes par un fils du préfet du Jura Aïssa Dermouche, a-t-on appris auprès du conseil général de Loire-Atlantique.
Le préfet Dermouche à nouveau visé ?
Une explosion de faible intensité s'est produite jeudi avant l'aube dans la boîte aux lettres d'un lycée fréquenté à Nantes par un fils du préfet du Jura Aïssa Dermouche, déjà visé par deux attentats depuis le 18 janvier.
L'explosion a eu lieu aux alentours de 4h00 et a réveillé un membre du personnel technique du lycée, a-t-on appris sur place. Elle a endommagé la boîte aux lettres du lycée.
Les dégâts au lycée Guist'hau, voisin du domicile nantais de M. Dermouche, sont 'minimes' selon une source policière. Le parquet de Nantes s'est refusé à faire le moindre commentaire.
Il s'agit du troisième attentat visant symboliquement le préfet issu de l'immigration, après celui contre sa voiture le 18 janvier et l'explosion qui a visé dimanche dernier l'entrée d'Audencia, l'école de commerce qu'il a dirigée.
Il s'agissait d'un 'engin artisanal' de très faible puissance selon le proviseur du lycée, Pascal Monsellier. 'C'est à peine une bombinette, plutôt un gros pétard qui n'a détruit que la porte de la boîte aux lettres', a-t-il déclaré à l'AFP. Le proviseur a remis à la police 'un tube de métal, un peu plus gros qu'un tube de médicaments'.
Cette troisième explosion n'a pas entraîné l'annulation des cours qui ont commencé à l'heure habituelle. Les policiers se sont rendus immédiatement sur place.
L'explosion de dimanche avait endommagé la façade en verre du bâtiment et détruit la porte d'entrée de l'école Audencia située dans une zone universitaire.
En ce qui concerne le premier attentat, une information a été ouverte jeudi pour 'destruction de biens par l'effet d'une substance incendiaire ou explosive de manière à mettre en danger la vie d'autrui, avec la circonstance aggravante de l'appartenance réelle ou supposée de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion'. La peine encourue peut atteindre vingt ans de réclusion criminelle. La qualification terroriste n'a pas été retenue.
TATP ??
L'explosif du premier attentat qui avait détruit le 18 janvier à Nantes la voiture du nouveau préfet du Jura, Aïssa Dermouche, est un produit 'relativement complexe' mais dont la composition figure sur plusieurs sites internet, selon les conclusions des analyses du laboratoire de police scientifique et technique de la préfecture de police de Paris mercredi.
La fabrication de ce produit - qui pourrait être du TATP (triacetonetriperoxide), explosif extrêmement volatil et sensible - ne nécessite pas pour autant un artificier chevronné très spécialisé.
Il peut être accessible à quiconque possèderait de bonnes connaissances en chimie et ne nécessite pas de détonateur, mais sa préparation, sur deux à trois jours, comporte des risques réels pour le manipulateur en raison de son instabilité.
Le TATP est un explosif utilisé par le Hamas ou certains terroristes comme Richard Reid, qui avait menacé le vol Paris-Miami en décembre 2000.
Le procureur de la République de Nantes Jean-Marie Huet avait évoqué au cours d'une conférence de presse un 'rapprochement' entre l'attentat de dimanche et l'explosion qui avait détruit le véhicule de M. Darmouche le 18 janvier.
Aïssa Dermouche, nommé préfet à Lons-le-Saunier le 14 janvier, bénéficie d'une protection rapprochée depuis l'attentat contre son véhicule.
Pour sa part, Ziad Khoury, directeur de cabinet du préfet de Loire-Atlantique, a appelé à 'ne pas extrapoler trop vite'. Selon M. Khoury, 'il y a eu au moins un cas de boîte aux lettres un peu abîmée à Nantes il y a quelques mois' et 'cela n'a pas forcément de rapport' avec la nomination d'Aïssa Dermouche.
De bonne source, on indiquait jeudi que M. Dermouche ne se trouve pas actuellement à Nantes, mais dans une préfecture où il se forme à ses nouvelles fonctions de préfet du Jura, qu'il doit prendre en février.
Une enquête difficile
Depuis le premier attentat, le mystère reste entier dans l'enquête en cours, à laquelle participent de nombreux policiers, assistés de collègues venus du laboratoire de la police scientifique à Paris.
A l'heure actuelle, l'enquête ne permet toujours pas de privilégier une hypothèse en particulier, même si la piste privée avait été mise en avant avec la garde à vue de trois personnes liées indirectement au préfet mais qui toutes ont été depuis libérées. Les enquêteurs, qui suivaient cette 'piste privée', ont insisté à plusieurs reprises sur le fait qu'ils n'abandonnaient pas les autres hypothèses, notamment celle d'un attentat politique.
L'enquête se poursuit avec un travail minutieux d'audition de témoignages, de collecte de données, de recoupements.
Les enquêteurs sont répartis méthodiquement en plusieurs équipes, chargée chacune d'opérer dans un milieu particulier. Pendant que policiers et magistrats, faute d'une piste claire, cherchent tous azimuts qui pourrait en vouloir à Aïssa Dermouche, celui-ci subit en tout cas de plein fouet l'étalage de sa vie familiale et professionnelle depuis le début de ce qui est devenu 'l'affaire Dermouche'.