Du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, à la secrétaire d’État à l’Egalité femmes – hommes, Marlène Schiappa, toutes et tous prennent position sur l’affaire Mila, en réaffirmant le droit à la liberté d’expression, emportant également le droit de critiquer, de moquer, voire même d’insulter les religions.
Cela va de soi, la jurisprudence constante de la Cour de cassation concernant la liberté d’expression va dans le sens d’une telle appréciation de la liberté d’expression. Mila n’a donc pas réellement besoin de revendiquer le blasphème puisque ce droit existe.
Les menaces de mort qu’elle reçoit sont d’autant plus choquantes qu’elle ne fait qu’user d’un droit reconnu par notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) du 26 août 1789, qui a supprimé la notion de blasphème du droit français. Ces menaces devront être fermement condamnées par la loi, tombant sous le coup des dispositions du Code pénal.
Cela va de soi, la jurisprudence constante de la Cour de cassation concernant la liberté d’expression va dans le sens d’une telle appréciation de la liberté d’expression. Mila n’a donc pas réellement besoin de revendiquer le blasphème puisque ce droit existe.
Les menaces de mort qu’elle reçoit sont d’autant plus choquantes qu’elle ne fait qu’user d’un droit reconnu par notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) du 26 août 1789, qui a supprimé la notion de blasphème du droit français. Ces menaces devront être fermement condamnées par la loi, tombant sous le coup des dispositions du Code pénal.
Savoir mesure garder face au temps politique qui est devant nous
Regardons toutefois l’impact de ses déclarations. D’abord, les croyants, en général, et les musulmans, en particulier, se sont sentis dépréciés et blessés par de tels propos. Au lieu de rappeler à Mila que la tolérance est également une norme fondamentale de notre société, des responsables politiques se sont empressés de défendre le droit au blasphème, tel un droit qui n’existerait plus face à une pression sociale de plus en plus grande.
Il faut savoir mesure garder face au temps politique qui est devant nous. D’abord, rappelons que si Voltaire avait défendu le droit au blasphème, il avait également rédigé son Traité sur la tolérance.
Or, le contexte politique d’aujourd’hui est bien différent. Les amalgames entre islamistes, terroristes et musulmans sont présents sur toutes les chaines de télévision. Pas un mois ne passe en France sans qu’une polémique sur la laïcité et les musulmans ne voit le jour, au détriment des grandes questions sociales comme celle des retraites ou du chômage. Alors que Jean Jaurès souhaitait résoudre la question laïque pour traiter la question sociale, en France, nous masquons aujourd’hui les questions sociales par le biais de polémiques sur la laïcité.
Il faut savoir mesure garder face au temps politique qui est devant nous. D’abord, rappelons que si Voltaire avait défendu le droit au blasphème, il avait également rédigé son Traité sur la tolérance.
Or, le contexte politique d’aujourd’hui est bien différent. Les amalgames entre islamistes, terroristes et musulmans sont présents sur toutes les chaines de télévision. Pas un mois ne passe en France sans qu’une polémique sur la laïcité et les musulmans ne voit le jour, au détriment des grandes questions sociales comme celle des retraites ou du chômage. Alors que Jean Jaurès souhaitait résoudre la question laïque pour traiter la question sociale, en France, nous masquons aujourd’hui les questions sociales par le biais de polémiques sur la laïcité.
L’utilisation d’une liberté se rapporte aussi à l’économie de son objectif
Loin de promouvoir le principe de tolérance, cette « sortie » de Mila pousse en réalité à l’intolérance. Car, quelle est la finalité sociale d’une telle sortie ? Qu’est-ce que cette sortie a apporté à notre société, sinon une énième polémique et une défiance de plus en plus généralisée à l’endroit des musulmans de notre pays ? L’utilisation d’une liberté se rapporte également à l’économie de son objectif.
Aujourd’hui, l’économie de cette sortie est nulle, voire négative. Elle ne fait que nourrir les thèses complotistes visant d’autres religions du type « si elle avait évoqué les juifs, elle n’aurait jamais pu dire tout cela ». Cela divise notre société et discrimine des minorités, qui sont déjà constamment mises sous pression.
Aujourd’hui, l’économie de cette sortie est nulle, voire négative. Elle ne fait que nourrir les thèses complotistes visant d’autres religions du type « si elle avait évoqué les juifs, elle n’aurait jamais pu dire tout cela ». Cela divise notre société et discrimine des minorités, qui sont déjà constamment mises sous pression.
Notre République est fraternelle et il nous appartient de faire vivre cette fraternité
Grandir avec la République et les Lumières ne signifie pas constamment s’en prendre aux religions. Le principe de la liberté d’expression permettant la critique des religions ne doit pas non plus être remis en cause.
Mais nous vivons dans une France où le raisonnement pondéré et modéré n’est plus possible. Soit on nous assigne du côté des grands républicains de notre temps, soit nous sommes du côté des « islamistes » dont aucune définition n’est valable ce jour. Cette simplification dichotomique n’est plus supportable. N’oublions pas que notre République est fraternelle et qu’il nous appartient de faire vivre cette fraternité.
*****
Mehdi Thomas Allal est maître de conférences à Sciences Po et responsable du pôle « vivre ensemble » du think tank le Jour d’après (JDA). Asif Arif est avocat au Barreau de Paris et auteur de plusieurs ouvrages sur l’islam et la laïcité. Il a publié aux éditions l’Harmattan Être musulman en France.
Lire aussi :
Mila regrette la vulgarité de ses propos mais revendique son droit au blasphème
Mila : Nicole Belloubet admet une « erreur » et défend le droit au blasphème
Abdallah Zekri/Mila : Schiappa monte au créneau, le CFCM déplore l'occultation médiatique de sa position
Mais nous vivons dans une France où le raisonnement pondéré et modéré n’est plus possible. Soit on nous assigne du côté des grands républicains de notre temps, soit nous sommes du côté des « islamistes » dont aucune définition n’est valable ce jour. Cette simplification dichotomique n’est plus supportable. N’oublions pas que notre République est fraternelle et qu’il nous appartient de faire vivre cette fraternité.
*****
Mehdi Thomas Allal est maître de conférences à Sciences Po et responsable du pôle « vivre ensemble » du think tank le Jour d’après (JDA). Asif Arif est avocat au Barreau de Paris et auteur de plusieurs ouvrages sur l’islam et la laïcité. Il a publié aux éditions l’Harmattan Être musulman en France.
Lire aussi :
Mila regrette la vulgarité de ses propos mais revendique son droit au blasphème
Mila : Nicole Belloubet admet une « erreur » et défend le droit au blasphème
Abdallah Zekri/Mila : Schiappa monte au créneau, le CFCM déplore l'occultation médiatique de sa position