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Psycho

Olfa : « Je n'en peux plus de voir le frère de mon mari vivre à nos crochets avec la bénédiction de sa mère »

Rédigé par Abdelnour Zahrali | Vendredi 21 Mars 2025 à 13:30

           


Mon mari et moi avons fait le choix de vivre avec sa mère afin de nous occuper d’elle, nous avons deux jeunes enfants. Cela fait maintenant 12 ans que nous vivons chez elle. Elle est âgée et malade, notre présence est donc indispensable puisque le reste de la fratrie se contente de visites de courtoisie et l’aide matérielle n’est que superficielle.

Mon mari et moi nous occupons quasiment de tout mais sans regrets et avec plaisir pour plaire à Allah. Le gros problème, c’est le grand frère de mon mari qui a 42 ans. Il vient de divorcer et a décidé de revenir à la maison avec la bénédiction de sa mère, trop affolée qu’il reste « seul ».

Il travaille mais a choisi de vivre sur notre dos pour faire des économies semble-t-il, puisqu’il est littéralement nourri, logé, blanchi à nos frais et ceux de sa mère, mais surtout aux nôtres.

Lorsqu’il ne travaille pas, il ne fait rien à la maison à part nous épier, donner son avis sur nos vies et rester affalé sur le canapé à scroller son téléphone pendant des heures. Il questionne nos enfants pour avoir des informations sur nos allers et venues, il se mêle de ce qui ne le regarde pas, il ment souvent, il s’emporte lorsqu’il n’a pas ce qu’il veut.

Il est grossier, manipulateur et avare. Il ne pense qu’à travers le prisme de son intérêt personnel. Devant les autres membres de la fratrie qui ne le voient pas au quotidien, il a le masque du gentil rigolo. Alors on a cru être fous au départ, on a cru être malveillants à son égard.

Nous n’en pouvons plus car nous sommes pieds et poings liés, sa mère le couvre car il lui fait du chantage affectif. Elle le veut à ses côtés, aussi toutes critiques à son encontre sont rejetées et elle prend son parti. Il joue de cela et dès qu’on tente de contre attaquer dans sa manipulation, il joue la victime auprès de sa mère et va jusqu'à se plaindre de nous ! C’est de la folie. Qu’Allah nous vienne en aide.

Abdelnour Zahrali, psychanalyste

Chère Olfa,

Votre situation, telle que vous la décrivez, parait absolument verrouillée au premier abord. Vous vivez chez la mère de votre mari, qui est naturellement décisionnaire de ce qui se passe chez elle. Elle accueille le frère aîné de votre mari, le protège et ferme les yeux sur son comportement. Votre décision de prendre soin de la mère de votre mari se trouve maintenant augmentée du fait de devoir supporter la présence et l’entretien de son fils aîné, sans contribution de sa part, bien qu’il ait un emploi. C’est vous qui faites le ménage, les courses, la cuisine, et assumez la plus grande partie des dépenses. Le fils aîné vit aux frais de la princesse et se tient à une place stratégique (le canapé du salon), d’où il exerce une certaine surveillance et une tentative de contrôle sur la maison et ses habitants. Vous le décrivez comme abusif, malveillant, menteur et manipulateur.

Si vous le permettez, j’attirerais votre attention sur le fait que lorsqu’une mère est affolée à l’idée que son fils aîné vive seul alors qu’il a 42 ans et occupe un emploi, cela n’est pas bon du tout pour l’équilibre psychique de celui-ci. On peut se demander ce que peut vivre un homme de cet âge auquel sa propre mère n’accorde ni maturité, ni autonomie, fermant en plus les yeux sur ses travers et provoquant en cela une injustice flagrante à l’égard d’un autre de ses fils. Un tel homme, s’il n’est pas capable de se prendre en main, et on comprendrait pourquoi, n’a guère le choix que de demeurer un enfant ou un adolescent englué dans la flemme et le caprice.

Le problème pourrait venir du fait que vous accordez votre aide sans conditions, comme un sacrifice, pour plaire à Allah. Or on peut se demander s’il est juste et souhaitable qu’un homme de 42 ans soit maintenu au stade de l’enfance par sa mère, au détriment d’un autre de ses fils ?

On peut se demander aussi pourquoi la famille de votre mari ne semble pas disposer d’un cadre, et de règles susceptibles de garantir une équité et un équilibre entre ses membres. Pourquoi assumez-vous une part absolument déséquilibrée de la charge de la mère de votre mari ? Pourquoi les autres membres de la fratrie n’assument-ils pas leur part de soin, de temps passé, de dépenses ? Sans compter que l’on peut se demander ce que cela fait à vos enfants d’être les témoins de l’injustice qui est faite à leurs parents, malgré leur sacrifice et leur volonté de plaire à Allâh.

La façon dont vous exprimez votre détresse laisse à penser que vous et votre mari vous trouvez sur la même longueur d’onde. Si c’est le cas, ne serait-il pas temps de tenir un conseil de famille au complet ? De demander à ce que les charges soient équitablement réparties entre tous ? Est-il juste que la mère de votre mari, qui dépend de vous et de votre engagement, règne sur votre vie sans que vous n’ayez votre mot à dire ?

Votre situation n’est pas une situation dans laquelle vous n’avez aucune possibilité d’agir, de vous exprimer, ce qui ne vous laisserait pour seule alternative que d’attendre qu’Allah vous vienne en aide. Vous avez le droit de poser des limites et des conditions. Il se peut que les membres de la fratrie de votre mari n’aient pas réellement conscience de ce que vous vivez. Ils doivent l’entendre. Il n’est pas convenable qu’un tel déséquilibre demeure entre vous et les autres membres de la fratrie. Si la mère de votre mari n’est pas en mesure d’y mettre de l’ordre, c’est à vous d’agir, et à votre mari en premier lieu probablement, puisque cela se passe au sein de sa famille. Il existe une notion importante concernant la conduite de notre vie sur terre, et qui est très bien résumée par cette phrase bien connue : Aide-toi et le Ciel t’aidera.


La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?

Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com




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