Ahmad Massoud, fils du célèbre commandant Massoud, est de ceux qui incarnent aujourd'hui la résistance contre les Talibans, de retour au pouvoir depuis août 2021 en Afghanistan. CC BY-SA 4.0 DEED
La guerre russo-ukrainienne débutée en février 2022 puis la nouvelle guerre qui ensanglante Gaza depuis octobre 2023 ont éclipsé bien des conflits et des situations dramatiques à travers la planète. C'est le cas de l'Afghanistan, sous le joug des Talibans depuis août 2021 après le retrait brutal des Américains du pays. L'année 2023 a marqué un nouveau recul des droits humains, tout particulièrement ceux des filles et des femmes, dans un Afghanistan miné par une crise humanitaire profonde.
Quel avenir peut-on aujourd'hui espérer pour ce pays ? Des réponses, Ahmad Massoud en formule avec clarté dans Notre liberté, paru en septembre 2023 et que Saphirnews met aujourd'hui en lumière pour accompagner les vœux d'une année 2024 qui verrait la justice et la paix gagner du terrain sur l'obscurantisme et la misère dans le monde. En Afghanistan aussi.
Quel avenir peut-on aujourd'hui espérer pour ce pays ? Des réponses, Ahmad Massoud en formule avec clarté dans Notre liberté, paru en septembre 2023 et que Saphirnews met aujourd'hui en lumière pour accompagner les vœux d'une année 2024 qui verrait la justice et la paix gagner du terrain sur l'obscurantisme et la misère dans le monde. En Afghanistan aussi.
La résistance contre l'obscurantisme en héritage
Ahmad Massoud n'est autre que le fils du commandant Massoud, figure de la résistance contre les Soviétiques assassinée deux jours avant le 11-Septembre par Al-Qaïda. Il avait alors 12 ans. Celui dont on dit qu'il incarne l'espoir de tout un peuple a lancé, en digne héritier du « Lion du Panjshir », un front de la résistance contre les Talibans, bien décidé à s'inscrire dans le paysage politique afghan tout en perpétuant le rêve de liberté et de justice de feu son père.
Les menaces pèsent lui. Sa tête est d'ailleurs mise à prix, il le sait mais, en toute philosophie, il dit que « la mort est devenue une partenaire obligée de (sa) vie », avec laquelle il parvient à composer puisqu'elle ne l'empêche pas d'avancer dans sa mission : prêcher pour la paix, la dignité et la résistance contre le fanatisme, l'injustice, l'oppression, pour nourrir des espoirs, susciter des engagements, mobiliser ceux et celles qu'il rencontre pour qu'ils deviennent des alliés.
A défaut d'obtenir des moyens militaires pour une résistance armée digne, c'est par les mots qu'il se soulève et veut soulever le monde à ses côtés contre l'obscurantisme qui plonge son pays dans les ténèbres. Il plaide en conséquence pour un islam soucieux des droits humains et notamment ceux des femmes qui, « réduites à l'état d'esclavage », paient un lourd tribut en raison de leur genre. Car les Talibans bafouent bel et bien les valeurs de l'islam qu'ils prétendent incarner dans ce qui n'est aujourd'hui plus une république mais un émirat islamique.
Ahmad Massoud ne manque pas non plus de dénoncer la mauvaise gouvernance et la corruption qui a gangrené l'Etat jusqu'au sommet avant l'arrivée des « ennemis mortels de l'islam ». Le Pakistan aussi et « sa stratégie de duplicité » qui a permis aux Talibans de se renforcer. Ces derniers n'ont non seulement jamais changé de doctrine mais ils sont plus puissants que par le passé pour Ahmad Massoud car « ils sont désormais quasi certains que les pays occidentaux n'interviendront pas dans la région ».
Les menaces pèsent lui. Sa tête est d'ailleurs mise à prix, il le sait mais, en toute philosophie, il dit que « la mort est devenue une partenaire obligée de (sa) vie », avec laquelle il parvient à composer puisqu'elle ne l'empêche pas d'avancer dans sa mission : prêcher pour la paix, la dignité et la résistance contre le fanatisme, l'injustice, l'oppression, pour nourrir des espoirs, susciter des engagements, mobiliser ceux et celles qu'il rencontre pour qu'ils deviennent des alliés.
A défaut d'obtenir des moyens militaires pour une résistance armée digne, c'est par les mots qu'il se soulève et veut soulever le monde à ses côtés contre l'obscurantisme qui plonge son pays dans les ténèbres. Il plaide en conséquence pour un islam soucieux des droits humains et notamment ceux des femmes qui, « réduites à l'état d'esclavage », paient un lourd tribut en raison de leur genre. Car les Talibans bafouent bel et bien les valeurs de l'islam qu'ils prétendent incarner dans ce qui n'est aujourd'hui plus une république mais un émirat islamique.
Ahmad Massoud ne manque pas non plus de dénoncer la mauvaise gouvernance et la corruption qui a gangrené l'Etat jusqu'au sommet avant l'arrivée des « ennemis mortels de l'islam ». Le Pakistan aussi et « sa stratégie de duplicité » qui a permis aux Talibans de se renforcer. Ces derniers n'ont non seulement jamais changé de doctrine mais ils sont plus puissants que par le passé pour Ahmad Massoud car « ils sont désormais quasi certains que les pays occidentaux n'interviendront pas dans la région ».
Son plaidoyer pour un islam rationnel
Avec Notre liberté qui se présente comme « une ode magnifique à la liberté » et qui a eu les honneurs en septembre 2023 de la Grande Mosquée de Paris, l'aîné de cinq sœurs livre son parcours comprenant un témoignage inédit, de l'intérieur, de qui fut son père. Il livre aussi sa vision de l'avenir de l'Afghanistan. Après son passage à l'académie militaire britannique de Sandhurst, « une grande période de maturité politique », et ses études universitaires qui ont suivi au Royaume-Uni, Ahmad Massoud est revenu à Kaboul en 2016, alors âgé de 27 ans, en voulant « reprendre le flambeau de la lutte en vue d'instaurer une démocratie juste et équitable » pour tous ses compatriotes.
Dans son rêve d'un Afghanistan multiculturel où « toutes les identités, cultures, sectes et religions doivent être acceptées », qui puissent « exprimer leurs caractéristiques intrinsèques et pratiquer leurs croyances librement », Ahmad Massoud promeut un islam rationnel, humaniste et tolérant - l'objet d'un chapitre -, « seul antidote à l'extrémisme religieux ». En se dressant contre « une tyrannie religieuse, sociale et sexiste condamnée par le Saint Coran », il entend ainsi « soutenir et valoriser le vrai islam » qui est « tout à fait compatible avec la démocratie, la connaissance et le progrès ».
« Il y a urgence à aider le peuple d'Afghanistan dans son combat et sa résistance pour la liberté », lance Ahmad Massoud. « Tant qu'il me restera un souffle de vie, je me battrai pour rendre à mon peuple sa dignité et lui restituer la liberté et la justice auquel il a droit. »
Dans son rêve d'un Afghanistan multiculturel où « toutes les identités, cultures, sectes et religions doivent être acceptées », qui puissent « exprimer leurs caractéristiques intrinsèques et pratiquer leurs croyances librement », Ahmad Massoud promeut un islam rationnel, humaniste et tolérant - l'objet d'un chapitre -, « seul antidote à l'extrémisme religieux ». En se dressant contre « une tyrannie religieuse, sociale et sexiste condamnée par le Saint Coran », il entend ainsi « soutenir et valoriser le vrai islam » qui est « tout à fait compatible avec la démocratie, la connaissance et le progrès ».
« Il y a urgence à aider le peuple d'Afghanistan dans son combat et sa résistance pour la liberté », lance Ahmad Massoud. « Tant qu'il me restera un souffle de vie, je me battrai pour rendre à mon peuple sa dignité et lui restituer la liberté et la justice auquel il a droit. »
Ahmad Massoud, Notre liberté, Bouquins, septembre 2023, 344 pages, 20,90 €
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