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Angela Merkel, une politique venue de l’Est

Elections allemandes

Rédigé par B. AMMAR | Vendredi 16 Septembre 2005 à 20:43

           

L’Allemagne retient son souffle. Les élections législatives prévues dimanche s’annoncent serrées et seront déterminantes. Les sondages qui annonçaient Angela Merkel largement gagnante ont vu le retour en force de Gerhard Schröder.



Angela est une femme d’appareil. Gerhard est un homme de terrain. Une scientifique froidement rationnelle de droite contre un stratège charismatique de gauche. Les électeurs allemands feront leur choix dans une ambiance où le chômage hante les esprits.

Premiers pas en politique

Angela Merkel est venue de l’ex RDA. Elle a grandi dans la société communiste de l’époque et elle en connaît bien les limites. Après la chute du mur de Berlin (9 novembre 1989), elle s’inscrit dans un petit parti conservateur, Demokratische Aufbruch (le Renouveau démocratique) dirigé par le Pasteur Eppelmann. Elle en sera la porte-parole durant les premières élections législatives de la RDA d’après la chute du Mur. Sa liste obtient 0,9 % des voix. Mais son choix est fait : elle fera carrière en politique. Docteur en physique, sans passé politique sérieux, elle ne manque pas d’atouts pour réaliser son ambition.

Lorsque le premier gouvernement libre de la RDA est formé en avril 1990, Angela Merkel est propulsée porte-parole adjointe. Lothar Mézière (CDU) est Premier ministre. Par la suite, le chancelier Helmut Kohl se laisse séduire par l’indépendance et la fraîcheur de cette énigme venue de l’Est. Il lui confie le ministère des Femmes et de la Jeunesse. Et, un peu plus tard, celui de l’Environnement.

Un scrutin plutôt indécis

Le CDU perd les élections de novembre 1998 et le parti a besoin de sang neuf. Angela Merkel a le profil et elle devient Secrétaire générale du CDU. Elle apparaît alors comme la protégée d’Helmut Kohl mais pas pour longtemps. Car l’année suivante, lorsque la presse dénonce les pratiques de financement du CDU durant l’ère Kohl, la nouvelle secrétaire générale renchérit : « les procédés mis en place par Helmut Kohl ont causé des dégâts à la CDU…. Le parti doit, comme n’importe quelle personne arrivant à la puberté, quitter la maison et trouver son propre chemin ». M. Kohl n’a pas apprécié.

La cinquantaine accomplie, divorcée une fois, remariée et sans enfant, celle que ses amis appellent « Kasi » pourrait être la première femme à occuper le poste de chancelier en Allemagne. Une femme venue de l’Est. Fille de pasteur protestant, élevée dans le communisme, Angela Merkel prouve par son cheminement que l’on peut faire de la politique autrement. Reste à convaincre les électeurs que l’on peut diriger l’Allemagne autrement.

Parmi les supporters d’Angela Merkel, l’on retrouve les déçus du pouvoir SPD. Et ils sont nombreux car le second mandat du chancelier Schröder a été marqué par des réformes sociales très impopulaires auprès de l’électorat socio-démocrate. Il fallait enrayer le déficit public et infléchir la courbe du chômage. Le chômage reste à 11,4 % de la population active. Le SPD a donc perdu de son crédit. Ses électeurs vont-ils pour autant voter CDU ? Seul le résultat de dimanche le dira. Des sondages rangent désormais les deux partis au coude à coude.

L’on a en mémoire les législatives de 2002 où Gerhard Schröder était annoncé perdant face à Edmund Stoiber. Mais à l’arrivée M. Schröder avait gagné la partie. Angela Merkel n’est pas Edmund Stoiber. Mais depuis son entrée en politique, madame Merkel a toujours gagné ses élections. Mais cette fois, si elle gagne, c’est toute l’Allemagne qui se réveillera sous un autre ciel. Un ciel d’espérance ou un ciel d’incertitudes, le temps le dira.




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