Il n’y a rien de contraire à l’islam à lutter contre l’antisémitisme. Pourtant, ces derniers jours, certains de nos représentants ont donné l’impression que cette lutte était soumise à condition. De ces représentants, souvent des imams ou des théologiens, hommes et femmes, on attend le recul que parfois certains d’entre nous, musulmans et musulmanes, peinons à trouver lorsque la colère, la tristesse, nous envahit en des temps troubles.
Ce sont ces représentants qui nous enseignent la plupart du temps la morale du musulman. Ces mêmes personnes nous rappellent le modèle à suivre, le Prophète Muhammad. On nous parle de ses agissements, de son éthique, en temps de paix et en temps de guerre. On nous décrit sa conduite avec ses coreligionnaires, mais également avec les non-musulmans et en particulier celles et ceux que l’on nomme après le terme consacré dans le Coran « les Gens du Livre ». Les juifs et les chrétiens jouissant de ce statut particulier, on pourrait même dire que la bonne entente avec eux constitue un devoir.
De nos imams, théologiens et enseignants en sciences religieuses, hommes et femmes confondus, j’attends, comme je suis sûre de nombreux coreligionnaires, qu’ils aident au maximum à ne pas trahir ces enseignements, qu’ils ne les trahissent pas eux-mêmes et qu’ils dénoncent les écarts, les crimes, surtout lorsqu’ils sont commis par des musulmans.
J’attends également qu’ils nous recommandent la patience et qu’ils aident à apaiser les colères. Nous sommes en droit de l’exiger d’eux dans de nombreux domaines, en toutes circonstances, parce que les musulmans, en particulier les jeunes, observent, écoutent ceux qui nous disent avoir étudié, médité plus longuement les textes pour nous guider spirituellement, même à travers des tempêtes.
Bien sûr que les musulmans et les musulmanes connaissent la discrimination ; bien sûr que des amalgames sont faits dès que des conflits et des actes terroristes impliquent des musulmans ; bien sûr que l’on voudrait que cela soit mieux reconnu et entendu. Néanmoins, de tout cœur, je ne souhaite pas qu’arrive un jour où nos concitoyens de tout bord politique et de toute confession religieuse ou areligieuse aient à marcher à nos côtés pour nous soutenir à la demande de représentants du Sénat et de l’Assemblée nationale. La première place du podium des discriminations et des crimes haineux, aucune communauté ne la convoite.
*****
Fatima Adamou, auteure de « Noire et musulmane. Grandir dans la minorité », a été chercheuse bénévole à l’association Christian Muslim Forum.
Du même auteur :
Les musulmans sans enfant : discutons-en !
L’éthique des imams : la responsabilité de l’ensemble des citoyens musulmans
Face à la négrophobie, les musulmans ne doivent pas se défiler
Contre les propagandes racistes et déshumanisantes, prôner l’égalité
Stop au tabou sur la sexualité et les violences sexuelles sur mineurs
Islam : cessons de fuir les problèmes minant la communauté
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De nos imams, théologiens et enseignants en sciences religieuses, hommes et femmes confondus, j’attends, comme je suis sûre de nombreux coreligionnaires, qu’ils aident au maximum à ne pas trahir ces enseignements, qu’ils ne les trahissent pas eux-mêmes et qu’ils dénoncent les écarts, les crimes, surtout lorsqu’ils sont commis par des musulmans.
J’attends également qu’ils nous recommandent la patience et qu’ils aident à apaiser les colères. Nous sommes en droit de l’exiger d’eux dans de nombreux domaines, en toutes circonstances, parce que les musulmans, en particulier les jeunes, observent, écoutent ceux qui nous disent avoir étudié, médité plus longuement les textes pour nous guider spirituellement, même à travers des tempêtes.
Bien sûr que les musulmans et les musulmanes connaissent la discrimination ; bien sûr que des amalgames sont faits dès que des conflits et des actes terroristes impliquent des musulmans ; bien sûr que l’on voudrait que cela soit mieux reconnu et entendu. Néanmoins, de tout cœur, je ne souhaite pas qu’arrive un jour où nos concitoyens de tout bord politique et de toute confession religieuse ou areligieuse aient à marcher à nos côtés pour nous soutenir à la demande de représentants du Sénat et de l’Assemblée nationale. La première place du podium des discriminations et des crimes haineux, aucune communauté ne la convoite.
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Fatima Adamou, auteure de « Noire et musulmane. Grandir dans la minorité », a été chercheuse bénévole à l’association Christian Muslim Forum.
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