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Sur le vif

Attaque d'Annecy : après le choc, le temps de l'enquête en faisant fi des polémiques, ce que l'on sait

Rédigé par Lina Farelli | Vendredi 9 Juin 2023 à 11:30

           


Attaque d'Annecy : après le choc, le temps de l'enquête en faisant fi des polémiques, ce que l'on sait
L'attaque au couteau perpétrée dans la matinée du jeudi 8 juin dans un parc sur les bords du lac d'Annecy, en Haute-Savoie, a glacé d’effroi toute une nation. Un individu s’est rendu dans une aire de jeux et s’en est violemment pris à des enfants en bas âge, en blessant grièvement quatre qui sont âgés entre 22 mois et 3 ans. Deux d’entre eux sont encore en état d'urgence absolue, selon le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Un septuagénaire a aussi été hospitalisé dans un état grave : il a non seulement été grièvement blessé par l’assaillant, mais a été touché par une balle perdue tirée par un membre des forces de l’ordre.*

Le choc est tel que le président de la République, Emmanuel Macron, s’est rendu avec son épouse Brigitte, vendredi 9 juin, à Grenoble au chevet de trois des enfants victimes de l’attaque. Le quatrième, de nationalité néerlandaise, a été transféré dans un hôpital genevois, en Suisse.

Après le déplacement, la veille, de la Première ministre Elisabeth Borne et du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur les lieux du drame, le chef de l’Etat a voulu ainsi témoigner de la solidarité de l’exécutif face à une attaque « d'une lâcheté absolue ». L’ensemble de la classe politique a aussi fait part de son soutien aux victimes et de son effroi devant pareil drame. Mais l’enquête n’avait pas encore commencé que la surenchère politique avait débuté autour de l'attaque, malgré des appels à « garder une décence ».

Après la révélation de la nationalité syrienne de l’auteur des faits, l’extrême droite et consorts n’ont pas manqué de parler d’un acte « terroriste » et même « francocide ». D’autres n’hésitent pas à mettre sur le gril la politique migratoire de la France, en dénonçant une prétendue immigration « massive » et « incontrôlée ». Les premiers éléments de l’enquête montrent une réalité plus complexe que celle que donnent à voir les polémiques.

Ce que l’on sait à ce stade

L’assaillant, qui a été très rapidement interpellé dans le parc par la police, était inconnu des services de police. C’est un réfugié syrien qui a obtenu l’asile en Suède, où il est arrivé en 2013. Agé de 31 ans, il est entré légalement en France en octobre 2022. Il était marié à une Suédoise qui a déclaré à l’AFP avoir fait la rencontre du jeune homme en Turquie : « Nous sommes tombés amoureux et nous sommes venus ici (en Suède). Après deux ans, nous nous sommes mariés, mais il n’a pas pu obtenir la nationalité suédoise, donc il a décidé de quitter le pays. Nous nous sommes séparés parce que je ne voulais pas quitter la Suède. » « Je ne sais pas ce qu’il lui est arrivé, ce que vous me dites, c’est terrible. (…) Mon Dieu, il était très gentil, je ne comprends pas », a-t-elle confié en apprenant qu’il est l’auteur de l’attaque d’Annecy.

L’individu, qui portait une croix sur lui, revendique être un chrétien d’Orient. Avant de commettre l’attaque, il a crié, en anglais, « Au nom de Jésus-Christ ». Les motivations de l’attaque sont encore inconnues à ce jour. Une expertise psychiatrique est prévue vendredi afin de connaître l’état de sa santé mentale mais il n’était ni sous l’emprise de stupéfiants, ni de l’alcool.

Une enquête a été ouverte pour tentative d'assassinat. Selon la procureure de la République d'Annecy Line-Bonnet Mathis, il n'y a « aucun mobile terroriste apparent ». Le parquet national antiterroriste n’a pas été saisi de l’affaire.

« La politique n'a pas sa place aujourd'hui, quand on a quatre enfants qui sont entre la mort et la vie », a déclaré sur BFMTV Frédérique Lardet, présidente du Grand Annecy, ajoutant que « le problème, c'est cet homme » et que c’est plutôt la question de l'intégration qui doit se poser, « mais au niveau de l'Europe ».

L’Œuvre d’Orient a condamné « avec la plus grande fermeté » l’attaque, a assuré les familles « de toute sa compassion » et a fait part de son souhait « que cet acte ignoble ne rejaillisse pas sur tous les réfugiés vivant en France ». « Ce qui s'est passé est inacceptable, effroyable. Ce n'est jamais arrivé sur Annecy », a fait part son maire (EELV), François Astorg, qui a annoncé la tenue d'un rassemblement citoyen ce week-end en soutien aux victimes et à leurs proches.

Mise à jour : Emmanuel Macron, qui s'est rendu à Annecy après un passage à l'hôpital de Grenoble, a donné des nouvelles plutôt rassurantes des blessés. En parallèle, une fédération musulmane s'est insurgée contre les récupérations politiques « malsaines » de l'affaire.

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