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Points de vue

Aux lendemains du 80e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz : mémoire et espérance

Rédigé par Kamel Kabtane | Jeudi 30 Janvier 2025 à 08:00

           


Aux lendemains du 80e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz : mémoire et espérance
Le 27 janvier, le monde s'est recueilli pour commémorer la libération du camp d'Auschwitz. Il y a 80 ans, l'humanité découvrait l'horreur absolue : des millions de femmes, d'hommes et d'enfants furent persécutés, affamés, brûlés, gazés et exterminés, simplement parce qu'ils étaient juifs. Auschwitz est le nom de l'indicible. C'est le nom du crime d'État, de la haine portée à son paroxysme. Cette mémoire est non seulement un devoir, mais aussi un appel à ne jamais répéter les erreurs du passé.

Se souvenir est une exigence. L'oubli prépare toujours le retour du mal. Aujourd'hui, ce poison prend plusieurs visages. L'antisémitisme, comme l'islamophobie qui sévissent dans notre pays, sont les deux faces d'une même mécanique de rejet. Ces haines, que nous devons combattre avec fermeté, fracturent notre société, divisent nos communautés et ouvrent la voie aux pires dérives.

Mais la mémoire ne peut être réduite à un simple acte de commémoration. Elle doit éclairer le présent, guider nos actions et nos choix. Alors que nous commémorons ce 80e anniversaire, comment ne pas entendre l'écho des souffrances actuelles ? Comment ne pas penser aux innocents qui, aujourd'hui encore, paient le prix fort de la violence et du rejet ?

Ne jamais oublier les leçons du passé, mais aussi ne jamais renoncer à espérer en un avenir meilleur

La guerre en Ukraine, qui ravage le pays et déchire des vies innocentes, nous rappelle douloureusement que la haine et la guerre n'ont pas de frontières. Mais comment ne pas voir aussi, dans le contexte actuel, l'urgence de la situation à Gaza ? Alors qu'un fragile cessez-le-feu a été proclamé, que des portes de prisons s'ouvrent et que des innocents retrouvent leur liberté, nous devons saisir ce moment comme une lueur d'espoir. Un cessez-le-feu est une occasion, aussi fragile soit-elle, de faire une pause et de réfléchir à la nécessité d'une paix juste et durable. Les enfants, les femmes, les hommes libérés de leur captivité sont des symboles de cette lueur d'espoir, qu'il nous appartient de nourrir et de faire grandir.

Ce moment ne doit pas être qu'une pause, il doit être une étape vers la construction d'une paix véritable. Une paix qui ne se contente pas d'un simple cessez-le-feu, mais qui ouvre la voie à une réconciliation, à une cohabitation pacifique fondée sur la justice et la dignité de chaque être humain. La paix n'est pas un simple vœu pieux, c'est un choix audacieux, un combat à mener jour après jour, pour construire un avenir sans haine, sans guerre.

C'est dans cette perspective que nous appelons à l'action : ne jamais oublier les leçons du passé, mais aussi ne jamais renoncer à espérer en un avenir meilleur. Ne jamais laisser la haine ou l'indifférence envahir notre société. Ne jamais cesser de lutter pour la paix, la dignité et la justice, non seulement en mémoire des victimes d'Auschwitz, mais aussi pour ceux qui souffrent encore aujourd'hui, comme à Gaza.

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Kamel Kabtane est recteur de la Grande Mosquée de Lyon et président du Conseil des mosquées du Rhone (CMR).

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