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Psycho

Mara : « Comment une femme célibataire peut faire face à ses pulsions de désir sans tomber dans le péché ? »

Rédigé par Abdelnour Zahrali | Mercredi 12 Février 2025 à 10:55

           


Je vous écris aujourd’hui pour obtenir des éclaircissements sur un sujet sensible mais important pour moi. Je suis une femme de 40 ans qui, jusqu’à présent, n’a jamais été mariée ni eu de relation avec un homme. Cependant, je ressens des pulsions sexuelles naturelles que je peine à gérer malgré mes efforts spirituels (prières, jeûnes, dhikr).

Depuis septembre 2023, j’ai arrêté de me masturber et, jusque-là, je tiens bon, al hamdoulillah. Cependant, il y a des jours où c’est particulièrement difficile, et je ne sais pas toujours comment gérer ces pulsions de manière licite et en accord avec ma foi.

Je précise que par « masturbation », je parle uniquement de se toucher le clitoris et de ressentir du plaisir sans pénétration. Je comprends que l’islam met un cadre autour de la sexualité, mais nous sommes aussi des êtres humains, et Allah nous a créés avec des désirs. Je voudrais donc savoir comment une femme dans ma situation peut faire face à ces pulsions sans tomber dans le péché.

Plus précisément, j’aimerais savoir si le fait de se toucher dans ce contexte est toléré ou permis. Certains avis disent que c’est haram, mais cela semble difficilement conciliable avec la réalité de certaines situations.

Je serais reconnaissante si vous pouviez m’apporter une réponse éclairée, en tenant compte des enseignements islamiques et des réalités humaines. Qu’Allah vous récompense pour votre aide et votre compréhension.

Abdelnour Zahrali, psychanalyste

Chère Mara,

Le psychanalyste vous dira que le désir et le plaisir sexuels font partie des besoins fondamentaux de l’être humain, au même titre que la nourriture. Et en la matière, tout est question d’équilibre. Le « pas assez » comme « le trop » causent certainement des déséquilibres.

Le désir et le plaisir sont des énergies. L’énergie du désir va investir un objet, l’objet du désir, tandis que l’énergie que dégagera le plaisir nourrira la personne qui va le ressentir. Lorsque l’on se place dans une démarche ascétique, on retient le désir et on se prive du plaisir. Que deviennent les énergies mentionnées ? Dans ce cas, on se propose de les sublimer, c’est-à-dire qu’on va s’efforcer de les investir dans un autre objet, afin de se nourrir d’une autre façon, que l’on dira plus élevée, plus spirituelle. C’est ce que font les gens qui jeûnent par exemple, ou qui pratiquent toutes sortes d’abstinences.

Ceux qui se lancent dans la sublimation ont le désir de le faire, et lorsqu’ils le font, ils en ressentent du plaisir, de la satisfaction. C’est-à-dire qu’ils ont réussi à élever leurs besoins fondamentaux, à les déplacer sur d’autres objets, de telle sorte que leur équilibre puisse être maintenu. Il va sans dire qu’il s’agit d’une opération difficile que seule une minorité de gens parvient à mettre en œuvre, et généralement par périodes, pas tout le temps, pas toute la vie, car l’équilibre se trouve aussi dans la durée de l’effort. Par exemple, le jeûne rituel, le Ramadan, dure un mois sur douze…

Voici ce que le psychanalyste peut dire, de manière très abrégée, au sujet de l’humain et de son rapport au désir et au plaisir.

N’étant pas un juriste religieux, je ne me prononcerai pas sur les questions du licite et de l’illicite qui connaissent d’ailleurs des variations suivant l’école juridique et le type d’interprétation employée. Pour cela, vous devez voir vous-mêmes à qui vous choisissez de vous référer, à telle autorité religieuse ou bien à votre propre capacité à établir ce qui est juste et bon pour vous, en accord avec l’idée que vous vous faites de votre devoir religieux, puisque c’est dans cette perspective que vous placez votre interrogation.


La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?

Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com









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