Située à environ cinq kilomètres au sud de Jérusalem, la ville de Bethléem est à nouveau en ce jour de Noël l’objet de tous les regards. «Cette année, on ne fêtera pas Noël», dit Yaqub Kasis, un membre de la communauté de chrétiens palestiniens. Pas de festivité chez Aida Ghaneim, mère de quatre enfants, où il n’y aura ni sapin, ni décoration. A l’image de la Palestine occupé, la ville de Bethléem est soumise au couvre-feu, barrage et autre bouclage instaurés par l’armée israélienne. En 2002, la place et l’église de la nativité ont été encerclés par les chars israéliens. Et cette année en 2003, c’est la construction du mur de sécurité qui arrive à Bethléem. «Ce Noël est plus tranquille qu'auparavant», dit M. Kasis. «Mais c'est pire, c'est pire à cause du mur.»
Encore un Noël sans Arafat
Pour la troisième année consécutive, Yasser Arafat, chef de l’autorité palestinienne, ne pourra se rendre à Bethléem afin de se joindre aux chrétiens palestiniens pour la fête de Noël.
A l’église Sainte-Catherine, à proximité de la basilique de la nativité, le siège réservé à Yasser Arafat sera recouvert d’un keffieh noir et blanc. Pratique qui dure depuis décembre 2001, date de son assignation à résidence à Ramallah par le gouvernement israélien. Il se fera représenter à la messe de minuit par Emile Jarjoui, un membre chrétien du comité exécutif de l'OLP, et Salah Al-Taamari, ministre des Sports et de la Jeunesse au cabinet palestinien.
Un Noël Morose à Bethléem
Morosité qui se reflète à travers l’absence de festivités dans la ville. Le programme de cérémonies s’est limité aux cérémonies religieuses. Il était presque impossible de se rendre à l’église de la nativité pour les chrétiens palestiniens, la ville étant encerclée par les chars israéliens. Depuis le début de la seconde Intifada, cette fête prend des accents lugubres.
Le patriarche Michel Sabbah a appelé chrétiens, juifs et musulmans à vivre en harmonie en Terre Sainte, et dénoncé l'occupation israélienne des territoires palestiniens.
Le mur de sécurité est arrivé à Bethléem
« Ils transforment Bethléem en un ghetto» déclare le Dr Jad Isaac, directeur de l'ARIJ(Applied Research Institute - Jérusalem), qui surveille la construction du mur en Cisjordanie. Ce qui est déjà arrivé aux villes palestiniennes de Qalqiliya et de Tulkarem, qui sont situées plus au Nord de la Cisjordanie. En effet, Qalqiliya est entourée d'un mur de béton avec des blockhaus du haut desquels les soldats israéliens peuvent surveiller la ville. La seule façon d'en sortir ou d'y entrer, c'est en passant par des check-points de l'armée.
Bethléem ressemblera bientôt à la Bande de Gaza déjà emmurée. Bande où les villes ne peuvent plus s'étendre et où la densité de la population est de 4.500 personnes par km2, un des endroits les plus surpeuplés au monde.
Le futur reste incertain pour les habitants de Bethléem. L’armée israélienne veut démolir la maison de Yacub Kasis à Beit Shour, un quartier de la ville. «S'ils la démolissent, je vivrai sur ses ruines. Je n'ai nulle part ailleurs où emmener mes enfants. » s’attriste M. Kasis.
Ville de Bethléem à l’image de la Palestine toute entière qui vit des temps sombres. Depuis le début de la seconde Intifada plus de 2747 palestiniens ont été tués. Et toujours pas d’enquête pour les massacres du camp de Jénine. Perspective au point mort.