Naheed Majeed, 37 ans, est analyste financier. Membre du Parti conservateur, elle a lancé l’initiative Muslim for Britain en janvier 2016, un mouvement en faveur du Brexit. Selon elle, le référendum du 23 juin portant sur le maintien ou la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est « une opportunité historique qui permet à la Grande-Bretagne de contrôler sa propre destinée ». « Nous, musulmans britanniques, devons jouer un rôle essentiel à cela », expliquait, dès février, la militante d’origine pakistanaise dans les colonnes du Telegraph.
S'éloigner de l'Europe pour se rapprocher du Commonwealth
Dans sa tribune intitulée « Pourquoi les musulmans britanniques doivent voter pour le retrait de l’UE », elle rappelle le poids de sa communauté religieuse : « il y a plus de trois millions de musulmans en Grande-Bretagne qui apportent une contribution économique, sociale et politique importante et significative. Rien qu'à Londres, plus de 14 000 musulmans possèdent des entreprises qui créent plus de 70 000 emplois ». D’après Naheed Majeed, les musulmans ont montré leur attachement à la nation en se montrant parmi les plus généreux donateurs lors des inondations qui ont touché le pays fin 2015.
« Est-ce juste que des personnes sans expérience ni qualification puissent librement pénétrer dans le Royaume-Uni en passant par l'UE, alors que nous sommes incapables d'attirer les talents issus du Commonwealth ? », déplore-t-elle. Elle souhaite ainsi que son pays se rapproche davantage de la cinquantaine d'anciennes colonies britanniques dispersées à travers le monde, dont l'Inde, le Pakistan, le Nigeria, l'Afrique du Sud, le Canada ou l'Australie. Un choix également motivé par des facteurs économiques : « La situation actuelle restreint sans nul doute le potentiel économique de la Grande-Bretagne ainsi que notre capacité à collaborer avec les nations du Commonwealth et à partager la croissance. »
« Est-ce juste que des personnes sans expérience ni qualification puissent librement pénétrer dans le Royaume-Uni en passant par l'UE, alors que nous sommes incapables d'attirer les talents issus du Commonwealth ? », déplore-t-elle. Elle souhaite ainsi que son pays se rapproche davantage de la cinquantaine d'anciennes colonies britanniques dispersées à travers le monde, dont l'Inde, le Pakistan, le Nigeria, l'Afrique du Sud, le Canada ou l'Australie. Un choix également motivé par des facteurs économiques : « La situation actuelle restreint sans nul doute le potentiel économique de la Grande-Bretagne ainsi que notre capacité à collaborer avec les nations du Commonwealth et à partager la croissance. »
Les musulmans sont les plus europhiles en Grande-Bretagne
Malgré les arguments des pro-Brexit, la majorité des musulmans restent europhiles. Selon une étude de l'universitaire Clive D. Field, ils le sont davantage que la moyenne des Britanniques et surtout plus que les chrétiens qui, eux, sont en majorité eurosceptiques. Par ailleurs, une étude du British Social Attitude montre que 74 % des électeurs de confession musulmane se prononcent pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l'UE, tandis que 13 % restent encore indécis.
Le Conseil musulman britannique (MCB), qui chapeaute plus de 500 mosquées, écoles et organes de charité, est conscient de la diversité des opinions politiques de sa communauté mais n'a cependant pas souhaité s'impliquer dans la campagne et affiche sa neutralité. Un positionnement qui n'empêche pas ses membres de s'exprimer à titre personnel dans le débat public.
Miqdaad Versi, secrétaire général adjoint du MCB, met l'accent sur la protection juridique que confère l'Europe pour les minorités à travers la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), « très utile pour contraindre un pays » dès lors qu'une atteinte au droit est constatée, explique-t-il dans le Guardian. « Si nous sortons de l'UE, nous (la Grande-Bretagne, ndlr) ne serons plus obligés de respecter la Convention européenne des droits de l'homme », ajoute le responsable.
Le Conseil musulman britannique (MCB), qui chapeaute plus de 500 mosquées, écoles et organes de charité, est conscient de la diversité des opinions politiques de sa communauté mais n'a cependant pas souhaité s'impliquer dans la campagne et affiche sa neutralité. Un positionnement qui n'empêche pas ses membres de s'exprimer à titre personnel dans le débat public.
Miqdaad Versi, secrétaire général adjoint du MCB, met l'accent sur la protection juridique que confère l'Europe pour les minorités à travers la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), « très utile pour contraindre un pays » dès lors qu'une atteinte au droit est constatée, explique-t-il dans le Guardian. « Si nous sortons de l'UE, nous (la Grande-Bretagne, ndlr) ne serons plus obligés de respecter la Convention européenne des droits de l'homme », ajoute le responsable.
La députée travailliste Jo Cox.
Le Brexit et la poussée de l'extrême droite
Les débats ont pris une autre tournure depuis plusieurs jours avec l'assassinat de la députée travailliste Jo Cox, fervente opposante au Brexit, jeudi 16 juin par Thomas Mair, un sympathisant de mouvements suprémacistes blancs. Selon certains témoignages, le meurtrier aurait crié « Britain first ! » (La Grande-Bretagne d'abord !). Ce slogan est aussi le nom d'un parti pro-Brexit d'extrême droite islamophobe et xénophobe.
Si le mouvement s'est bien désolidarisé de cet acte, cette tragédie est symptomatique d'une campagne politique où le discours de l'extrême droite a gagné du terrain. Un phénomène dénoncé par Muddassar Ahmed, président des Forums de la foi à Londres, dans une tribune au journal Haaretz. « Nous sommes peut-être au début de la plus grande bévue de notre histoire récente », prévient-il. Il dénonce une campagne anti-Europe attisée par « des sentiments anti-musulmans, antisémites et xénophobes qui traversent l'Europe ». « Le Brexit risque de renforcer l'extrême droite », estime Muddassar Ahmed, craignant que le mouvement se propage dans les pays voisins.
A quelques jours du référendum, les sondages montrent une grande indécision des Britanniques. Selon un sondage Ipsos-Mori publié jeudi 17 juin, le Brexit l'emporterait avec 53 % des intentions de vote. Le même jour, celui de Survation donne une victoire à 52 % pour les pro-européens dont le maire de Londres Sadiq Khan est un des plus fervents militants. Mais ces sondages, réalisés avant l'assassinat de Jo Cox, pourraient être démenti dans les urnes jeudi prochain.
Le Premier ministre David Cameron l'a bien compris. Il en a ajouté une couche en déclarant que le référendum laisse le choix entre « une Grande-Bretagne tolérante, libérale, un pays qui n'attribue pas ses problèmes à des boucs émissaires, n'est pas nostalgique du passé mais se tourne vers l'avenir avec espoir et optimisme » et la vision de Nigel Farage, le leader du Parti de l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), « qui ramène la Grande-Bretagne en arrière, divise au lieu d'unir ». Le 23 juin 2016 sera un jour décisif. Les résultats du bras de fer politique, scrutés à la loupe par l'Europe toute entière, sont attendus.*
Mise à jour vendredi 24 juin : Les Britanniques, qui ont massivement participé au scrutin (72 %) ont voté la sortie de leur pays de l'Union européenne (52 %).
Si le mouvement s'est bien désolidarisé de cet acte, cette tragédie est symptomatique d'une campagne politique où le discours de l'extrême droite a gagné du terrain. Un phénomène dénoncé par Muddassar Ahmed, président des Forums de la foi à Londres, dans une tribune au journal Haaretz. « Nous sommes peut-être au début de la plus grande bévue de notre histoire récente », prévient-il. Il dénonce une campagne anti-Europe attisée par « des sentiments anti-musulmans, antisémites et xénophobes qui traversent l'Europe ». « Le Brexit risque de renforcer l'extrême droite », estime Muddassar Ahmed, craignant que le mouvement se propage dans les pays voisins.
A quelques jours du référendum, les sondages montrent une grande indécision des Britanniques. Selon un sondage Ipsos-Mori publié jeudi 17 juin, le Brexit l'emporterait avec 53 % des intentions de vote. Le même jour, celui de Survation donne une victoire à 52 % pour les pro-européens dont le maire de Londres Sadiq Khan est un des plus fervents militants. Mais ces sondages, réalisés avant l'assassinat de Jo Cox, pourraient être démenti dans les urnes jeudi prochain.
Le Premier ministre David Cameron l'a bien compris. Il en a ajouté une couche en déclarant que le référendum laisse le choix entre « une Grande-Bretagne tolérante, libérale, un pays qui n'attribue pas ses problèmes à des boucs émissaires, n'est pas nostalgique du passé mais se tourne vers l'avenir avec espoir et optimisme » et la vision de Nigel Farage, le leader du Parti de l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), « qui ramène la Grande-Bretagne en arrière, divise au lieu d'unir ». Le 23 juin 2016 sera un jour décisif. Les résultats du bras de fer politique, scrutés à la loupe par l'Europe toute entière, sont attendus.*
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