Une manifestation a été organisée à Paris en décembre 2020 pour protester contre l'incinération forcée des personnes contaminées par le Covid-19. © Ali Zahir Moulana / Twitter
Le Sri Lanka persiste et signe. Il refuse de mettre fin à l’incinération obligatoire des morts cas confirmés ou suspects de Covid-19 malgré les vives protestations de ses minorités musulmanes et chrétiennes qui dépassent désormais les frontières de l'île. Vendredi 8 janvier, le gouvernement a confirmé le maintien d'une directive prise très vite après le début de la crise sanitaire, rendant obligatoire la crémation des victimes du nouveau coronavirus, quelle que soit la confession des défunts. Si l'incinération est un rite funéraire traditionnel pour les bouddhistes, majoritaires dans le pays, ainsi que pour les hindouistes, elle est interdite pour les adeptes du christianisme et de l'islam.
Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait appelé dès avril le gouvernement sri lankais à abroger cette mesure, relevant que l'inhumation des corps était aussi sûre que l’incinération dès lors que les précautions sont prises, Pavithra Wanniarachchi, la ministre de la Santé, a martelé dernièrement que son gouvernement ne reviendrait pas sur sa décision. « Cette décision ne sera pas modifiée pour des raisons sociales, religieuses, politiques ou toute autre raison personnelle », a-t-elle déclaré selon des responsables du ministère.
Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait appelé dès avril le gouvernement sri lankais à abroger cette mesure, relevant que l'inhumation des corps était aussi sûre que l’incinération dès lors que les précautions sont prises, Pavithra Wanniarachchi, la ministre de la Santé, a martelé dernièrement que son gouvernement ne reviendrait pas sur sa décision. « Cette décision ne sera pas modifiée pour des raisons sociales, religieuses, politiques ou toute autre raison personnelle », a-t-elle déclaré selon des responsables du ministère.
Une vie dans la crainte d'une crémation en dépit de leurs convictions religieuses
Cette nouvelle déclaration illustre l’inflexibilité du pouvoir sri-lankais malgré le fait qu’un comité d’experts missionné par le gouvernement a confirmé que les enterrements pouvaient, sous des conditions strictes, être autorisés. Une obstination que le Conseil musulman du Sri Lanka (SLMC) dénonce, rappelant que l’incinération forcée n’est pas sans conséquences.
« Nous avons un nombre disproportionné de décès parce que les musulmans ne se font pas soigner de peur d'être incinérés s'ils sont déclarés positifs au coronavirus après avoir été hospitalisés », a confié à l'AFP le porte-parole de l’organisation, Hilmy Ahamed. Le SLMC affirme en outre que plus de la moitié des 232 victimes de Covid-19 aujourd'hui recensées au Sri Lanka provenaient de la minorité musulmane, qui ne représente que 10 % des 21 millions d'habitants.
Comble de la cruauté pour les familles endeuillées, les autorités leur réclament de payer les coûts de l'incinération. De nombreux corps sont ainsi déclarés abandonnés dans les hôpitaux, les familles refusant de se rendre complice d'un rite interdit dans leur religion.
Début décembre, la Cour suprême du Sri Lanka a rejeté la plainte de 11 familles appartenant à la fois aux communautés musulmane et chrétienne. Plusieurs d'entre elles accusent les autorités d'avoir incinéré les corps de leurs proches alors qu'ils n'avaient pas été testés au préalable, voire même qu'ils ont été testés négatifs. Le même mois, l'incinération d'un bébé de 20 jours, sans autorisation de ses parents musulmans, a particulièrement choqué dans le pays. Plusieurs manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de l'île pour s'élever contre cette mesure.
« Nous avons un nombre disproportionné de décès parce que les musulmans ne se font pas soigner de peur d'être incinérés s'ils sont déclarés positifs au coronavirus après avoir été hospitalisés », a confié à l'AFP le porte-parole de l’organisation, Hilmy Ahamed. Le SLMC affirme en outre que plus de la moitié des 232 victimes de Covid-19 aujourd'hui recensées au Sri Lanka provenaient de la minorité musulmane, qui ne représente que 10 % des 21 millions d'habitants.
Comble de la cruauté pour les familles endeuillées, les autorités leur réclament de payer les coûts de l'incinération. De nombreux corps sont ainsi déclarés abandonnés dans les hôpitaux, les familles refusant de se rendre complice d'un rite interdit dans leur religion.
Début décembre, la Cour suprême du Sri Lanka a rejeté la plainte de 11 familles appartenant à la fois aux communautés musulmane et chrétienne. Plusieurs d'entre elles accusent les autorités d'avoir incinéré les corps de leurs proches alors qu'ils n'avaient pas été testés au préalable, voire même qu'ils ont été testés négatifs. Le même mois, l'incinération d'un bébé de 20 jours, sans autorisation de ses parents musulmans, a particulièrement choqué dans le pays. Plusieurs manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de l'île pour s'élever contre cette mesure.
Plusieurs voix s'élèvent en dehors des frontières sri lankaises
Alertées par ces atteintes aux droits humains, plusieurs organisations musulmanes à travers le monde se sont jointes au mouvement de contestation. Iqbal Sacraine, le fondateur du Conseil musulman de Grande-Bretagne (MCB), a dénoncé l'incinération forcée des défunts auprès d'Anadolu, la qualifiant comme « une mesure purement politique qui consiste à infliger une punition collective à la communauté musulmane ».
Cette démarche est d’autant plus alarmante qu’« elle va à l'encontre des conventions internationales des Nations unies, des conventions européennes et de toutes les conventions du monde. Le respect de la religion et des sensibilités religieuses est primordial », ajoute-t-il.
Dans un communiqué publié fin décembre, le Conseil des relations américano-islamiques a, lui aussi, apporté son soutien aux minorités du Sri Lanka, demandant au gouvernement « de respecter les convictions religieuses sincères des musulmans et des chrétiens sri-lankais en suivant les directives de l'Organisation mondiale de la santé sur l'enterrement en toute sécurité des victimes de Covid-19 ».
Mise à jour lundi 18 janvier : « L’argument fallacieux du gouvernement selon lequel l’enterrement selon les rites islamiques pose un risque pour la santé publique stigmatise, opprime et cause une immense détresse à une minorité vulnérable », a signifié Human Rights Watch, qui a dénoncé la crémation forcée comme une mesure qui « sert uniquement à cultiver l’ignorance et les divisions sociales ».
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Dans un communiqué publié fin décembre, le Conseil des relations américano-islamiques a, lui aussi, apporté son soutien aux minorités du Sri Lanka, demandant au gouvernement « de respecter les convictions religieuses sincères des musulmans et des chrétiens sri-lankais en suivant les directives de l'Organisation mondiale de la santé sur l'enterrement en toute sécurité des victimes de Covid-19 ».
Mise à jour lundi 18 janvier : « L’argument fallacieux du gouvernement selon lequel l’enterrement selon les rites islamiques pose un risque pour la santé publique stigmatise, opprime et cause une immense détresse à une minorité vulnérable », a signifié Human Rights Watch, qui a dénoncé la crémation forcée comme une mesure qui « sert uniquement à cultiver l’ignorance et les divisions sociales ».
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