C'est une idée convenue que « islam » désigne l'enseignement du Prophète Muhammad, paix et bénédiction de Dieu sur lui. On affirme alors la réciproque : l'enseignement du Prophète est l'islam. Ce qui est bien réducteur ! Cette idée est si bien établie dans le discours qu'on peut être surpris par ce qui va suivre. Il est important d'affirmer que l'islam fait partie de l’enseignement de Rassul, mais que cet enseignement dépasse le seul « islam », même si cette autre idée est bien connue dans les cercles soufis.
Pour nos maîtres spirituels, « islam » est considéré acquis. Et leurs efforts portent à nous mener vers « al-iman ». C'est une approche où l'unicité de Dieu est assise. On fait aussi la salat. On jeûne et on donne la zakat. Puis l'on est prêt à faire le hajj quand on le peut. En bref, les cinq piliers.
Ces « cinq piliers de l'islam » sont notre patrimoine spirituel. Ils constituent la fondation de notre évolution sur la voie tracée par le Prophète. Mais l'objectif à atteindre semble avoir disparu de notre discours et il concerne ce qu'on nomme « al-iman ».
Pour nos maîtres spirituels, « islam » est considéré acquis. Et leurs efforts portent à nous mener vers « al-iman ». C'est une approche où l'unicité de Dieu est assise. On fait aussi la salat. On jeûne et on donne la zakat. Puis l'on est prêt à faire le hajj quand on le peut. En bref, les cinq piliers.
Ces « cinq piliers de l'islam » sont notre patrimoine spirituel. Ils constituent la fondation de notre évolution sur la voie tracée par le Prophète. Mais l'objectif à atteindre semble avoir disparu de notre discours et il concerne ce qu'on nomme « al-iman ».
Le niveau « al-iman » est presque absent du discours musulman
En français, personne ne traduit « islam ». Mais quand on aborde « al-iman », on le traduit par « la foi ». Cela installe une terrible confusion de sens. Soit « islam » se dit « soumission », soit on ne traduit pas « al-iman ». On ne peut traduire l'un et pas l'autre sans perdre en cohérence de sens.
Un hadith dit de « l'Ange Gabriel » comporte deux parties. La première énumère les cinq piliers de l'islam. Dans la seconde partie, les piliers de « al-iman » sont enseignés. On présente souvent la shahada, premier pilier de l'islam, en « l'article de foi ». A l'analyse, c’est une « déclaration de foi », un pacte d'adhésion à un contrat de fidélité à Rassul.
En résumé, l'islam est un degré de l'enseignement du Prophète. Un degré essentiel, le tremplin vers le niveau supérieur de son enseignement ; le niveau « al-iman » qui est presque absent du discours musulman depuis une cinquantaine d'années. Et les conséquences peuvent être terribles.
On sait que des gens peuvent croire en Dieu, faire leurs prières. Ils peuvent jeûner pendant le mois du Ramadan. Ils donnent la zakat et sont prêts à faire le hajj. Les cinq piliers. Or ces gens tuent des innocents. Le paradoxe est manifeste. Ceux qui ont renoncé à enseigner « al-iman » s'insurgent en chœur pour nous dire : « Ces tueurs ne sont pas musulmans. » C'est une façon de noyer le poisson.
Dans l'enseignement de Rassul, l'islam est la loi. Son obéissance doit ouvrir le cœur à al-iman. Car si l'islam sert de base, avec une forte dimension sociale et horizontale, « al-iman » gère le rapport intime à Dieu, une dimension transcendante et verticale. Enseigner l'islam en oubliant « al-iman » c'est parler de la Soumission sans la foi en Dieu. Or, dans le célèbre hadith de l'Ange, si on apprend les piliers de « islam », on apprend ce qui repose sur ces piliers : « al-iman ».
Un hadith dit de « l'Ange Gabriel » comporte deux parties. La première énumère les cinq piliers de l'islam. Dans la seconde partie, les piliers de « al-iman » sont enseignés. On présente souvent la shahada, premier pilier de l'islam, en « l'article de foi ». A l'analyse, c’est une « déclaration de foi », un pacte d'adhésion à un contrat de fidélité à Rassul.
En résumé, l'islam est un degré de l'enseignement du Prophète. Un degré essentiel, le tremplin vers le niveau supérieur de son enseignement ; le niveau « al-iman » qui est presque absent du discours musulman depuis une cinquantaine d'années. Et les conséquences peuvent être terribles.
On sait que des gens peuvent croire en Dieu, faire leurs prières. Ils peuvent jeûner pendant le mois du Ramadan. Ils donnent la zakat et sont prêts à faire le hajj. Les cinq piliers. Or ces gens tuent des innocents. Le paradoxe est manifeste. Ceux qui ont renoncé à enseigner « al-iman » s'insurgent en chœur pour nous dire : « Ces tueurs ne sont pas musulmans. » C'est une façon de noyer le poisson.
Dans l'enseignement de Rassul, l'islam est la loi. Son obéissance doit ouvrir le cœur à al-iman. Car si l'islam sert de base, avec une forte dimension sociale et horizontale, « al-iman » gère le rapport intime à Dieu, une dimension transcendante et verticale. Enseigner l'islam en oubliant « al-iman » c'est parler de la Soumission sans la foi en Dieu. Or, dans le célèbre hadith de l'Ange, si on apprend les piliers de « islam », on apprend ce qui repose sur ces piliers : « al-iman ».
« Adorer Dieu comme si on Le voit. Car si on ne Le voit pas, Lui nous voit »
Al-iman, c'est croire en l'unicité de Dieu (1), en l'existence de la vie dans d'autres dimensions, dont la vie des anges (2), aux Livres, c'est-à-dire à toutes les révélations divines (3), en tous les Messagers de Dieu, du premier au dernier (4). Mais aussi « al-iman » exige la croyance au Jour de la Rédemption où chacun sera jugé (5) tout comme au contrat de vie nommé « destin » (6).
En dehors de l'article 5 (le jugement dernier), un voile de plomb pèse aujourd'hui sur « al-iman » qu'on dit « la foi en islam ». Ce manque de mot pour désigner l'objet est déjà un signe parlant. Il semble que la taxonomie qui décompose « al-iman » en un savoir enseignable nous fait aujourd'hui défaut.
Quand on est musulman, qu'on fait de son mieux pour suivre sa religion, il est important de lever la tête pour voir où l'on se trouve sur le chemin. Pour le Prophète, al-iman parfait, « c'est adorer Dieu comme si on Le voit. Car si on ne Le voit pas, Lui nous voit ». Celui-là est le muminun, le croyant !
L'islam produit ainsi le musulman. Et il est censé évoluer pour devenir muminun. Autant dire qu'il s'agit d'un cheminement dont « al-iman » n'est d'ailleurs qu'une étape. Au-delà de la foi parfaite, se situe un autre degré nommé « al-ihsan » qu'on traduit par le niveau de la « perfection ».
Le jeûne du mois du Ramadan est instauré au sourate 2, verset 183, comme un exercice spirituel dont le but paraît dans la chute du verset : « Peut-être serez-vous pieux. » Cette locution fait du jeûne un exercice de piété. En d'autres termes, une mise en œuvre de la foi.
*****
Amara Bamba, président du collectif Muhammad Hamidullah, est enseignant, diplômé en anthropologie (EHESS-Paris). Il est l'auteur de Muhammad Hamidullah, un intellectuel musulman de France, à paraître.
Du même auteur :
La raison première de la pratique du jeûne du Ramadan expliquée
Al-Fatiha, dans les secrets de la sourate la plus populaire du Coran
En dehors de l'article 5 (le jugement dernier), un voile de plomb pèse aujourd'hui sur « al-iman » qu'on dit « la foi en islam ». Ce manque de mot pour désigner l'objet est déjà un signe parlant. Il semble que la taxonomie qui décompose « al-iman » en un savoir enseignable nous fait aujourd'hui défaut.
Quand on est musulman, qu'on fait de son mieux pour suivre sa religion, il est important de lever la tête pour voir où l'on se trouve sur le chemin. Pour le Prophète, al-iman parfait, « c'est adorer Dieu comme si on Le voit. Car si on ne Le voit pas, Lui nous voit ». Celui-là est le muminun, le croyant !
L'islam produit ainsi le musulman. Et il est censé évoluer pour devenir muminun. Autant dire qu'il s'agit d'un cheminement dont « al-iman » n'est d'ailleurs qu'une étape. Au-delà de la foi parfaite, se situe un autre degré nommé « al-ihsan » qu'on traduit par le niveau de la « perfection ».
Le jeûne du mois du Ramadan est instauré au sourate 2, verset 183, comme un exercice spirituel dont le but paraît dans la chute du verset : « Peut-être serez-vous pieux. » Cette locution fait du jeûne un exercice de piété. En d'autres termes, une mise en œuvre de la foi.
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Amara Bamba, président du collectif Muhammad Hamidullah, est enseignant, diplômé en anthropologie (EHESS-Paris). Il est l'auteur de Muhammad Hamidullah, un intellectuel musulman de France, à paraître.
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Al-Fatiha, dans les secrets de la sourate la plus populaire du Coran