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L’année 2022 restera marquée par le lancement du Forum de l’islam de France (FORIF) et, de facto, par l’enterrement définitif du Conseil français du culte musulman (CFCM) dont la dissolution se fait attendre. Après l’inauguration en fanfare du FORIF au Conseil économique, social et environnemental (CESE) en février 2022, cette instance de dialogue entre l’Etat et les acteurs musulmans continue de faire sa vie, loin des projecteurs. Tandis que les travaux et discussions autour du statut de l’imamat, de l’aumônerie et de la lutte contre l’islamophobie suivent leurs cours et attendent de produire de nouvelles avancées après les Assises territoriales de l'islam de France (ATIF) prévues au premier trimestre 2023, les résultats concrets sont davantage à noter du coté du groupe consacré au droit et à la gestion des associations.
Lire aussi : Pour mieux se conformer à la loi séparatisme, un guide pratique destinée aux associations musulmanes
Cette dernière est, en effet, accaparée depuis des mois par une question considérée comme urgente, celle des fermetures de comptes bancaires liées aux associations cultuelles après plusieurs plaintes de mosquées auxquelles le ministère de l’Intérieur s’est déclaré sensible en juin 2022. Selon nos informations, une étude visant à « faire un état complet et précis des difficultés rencontrées et leur ampleur, (à) définir les récurrences et (à) tenter d'en comprendre des causes » est en cours de finalisation. L’objectif pour les participants du groupe de travail sur le droit et la gestion des associations du FORIF est de « travailler à des solutions communes avec les représentants des établissements bancaires » réunis au sein de la Fédération bancaire française (FBF). Il devrait notamment donner lieu à la production d'un guide de bonnes pratiques à destination des responsables gérant le culte musulman.
La troisième session plénière du FORIF, qui devait être organisée en novembre pour faire un bilan général des travaux, est attendue pour le premier trimestre 2023. Une année durant laquelle une première rencontre franco-allemande des deux forums du dialogue de l’État avec les acteurs du culte musulman, le FORIF et le DIK, pourrait se tenir afin de donner suite aux ateliers organisés en décembre à Paris.
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Cette dernière est, en effet, accaparée depuis des mois par une question considérée comme urgente, celle des fermetures de comptes bancaires liées aux associations cultuelles après plusieurs plaintes de mosquées auxquelles le ministère de l’Intérieur s’est déclaré sensible en juin 2022. Selon nos informations, une étude visant à « faire un état complet et précis des difficultés rencontrées et leur ampleur, (à) définir les récurrences et (à) tenter d'en comprendre des causes » est en cours de finalisation. L’objectif pour les participants du groupe de travail sur le droit et la gestion des associations du FORIF est de « travailler à des solutions communes avec les représentants des établissements bancaires » réunis au sein de la Fédération bancaire française (FBF). Il devrait notamment donner lieu à la production d'un guide de bonnes pratiques à destination des responsables gérant le culte musulman.
La troisième session plénière du FORIF, qui devait être organisée en novembre pour faire un bilan général des travaux, est attendue pour le premier trimestre 2023. Une année durant laquelle une première rencontre franco-allemande des deux forums du dialogue de l’État avec les acteurs du culte musulman, le FORIF et le DIK, pourrait se tenir afin de donner suite aux ateliers organisés en décembre à Paris.
L’émoi suscité par l’affaire Iquioussen
Les musulmans de France auront surtout été marqués en 2022, d'une part, par la nouvelle organisation du hajj (voir encadré) et, d'autre part, par l’affaire Hassan Iquioussen, du nom du prédicateur musulman accusé de propos incitant à la haine et à la discrimination et dont l’expulsion voulue par le ministère de l’Intérieur a été validée en août 2022 par le Conseil d’Etat. Le soutien massif – et inattendu – de responsables de mosquées à travers la France n’y aura rien changé. Son exil précipité vers la Belgique ne s'est pas révélé concluant non plus pour Hassan Iquioussen, qui devrait tout de même être expulsé vers le Maroc. Il est placé depuis mi-novembre en centre fermé en rétention administrative à Vottem, dans la province de Liège, pour séjour illégal.
Cette affaire a suscité un vif émoi au sein des communautés musulmanes. Nombreux sont ceux qui y voient le signe d'une volonté claire de l'exécutif de mettre au pas les musulmans, avec l'appui sous l'ère Macron de la loi dite séparatisme dont les dispositions contestées par les cultes chrétiens ont été validées par le Conseil constitutionnel en juillet 2022. Une loi qui aura permis le contrôle d'une centaine de mosquées et la fermeture d'une vingtaine d'entre elles – sur les 2 600 répertoriées en France – selon un bilan officiel dressé en octobre 2022. A noter, la mosquée de Pessac (Gironde) a obtenu gain de cause devant la justice face à un arrêté de fermeture. Une victoire saluée au nom de l'Etat de droit mais qui cache mal le malaise, voire même la colère de musulmans face à des décisions administratives incomprises car jugées arbitraires.
« La loi du 24 août 2021 autorise des initiatives et des décisions administratives aussi décomplexées qu'impromptues, s'immiscant dans la vie associative, de préférence lorsqu'il s'agit de réguler, à bon ou mauvais escient, la présence de l'islam », tranche le politologue Haoues Seniguer, auteur de « La république autoritaire », pour qui « Emmanuel Macron est sans doute le président qui est allé le plus loin dans la politique sécuritaire, dans l'encadrement de l'islam, bien plus que Nicolas Sarkozy et François Hollande réunis ».
Cette affaire a suscité un vif émoi au sein des communautés musulmanes. Nombreux sont ceux qui y voient le signe d'une volonté claire de l'exécutif de mettre au pas les musulmans, avec l'appui sous l'ère Macron de la loi dite séparatisme dont les dispositions contestées par les cultes chrétiens ont été validées par le Conseil constitutionnel en juillet 2022. Une loi qui aura permis le contrôle d'une centaine de mosquées et la fermeture d'une vingtaine d'entre elles – sur les 2 600 répertoriées en France – selon un bilan officiel dressé en octobre 2022. A noter, la mosquée de Pessac (Gironde) a obtenu gain de cause devant la justice face à un arrêté de fermeture. Une victoire saluée au nom de l'Etat de droit mais qui cache mal le malaise, voire même la colère de musulmans face à des décisions administratives incomprises car jugées arbitraires.
« La loi du 24 août 2021 autorise des initiatives et des décisions administratives aussi décomplexées qu'impromptues, s'immiscant dans la vie associative, de préférence lorsqu'il s'agit de réguler, à bon ou mauvais escient, la présence de l'islam », tranche le politologue Haoues Seniguer, auteur de « La république autoritaire », pour qui « Emmanuel Macron est sans doute le président qui est allé le plus loin dans la politique sécuritaire, dans l'encadrement de l'islam, bien plus que Nicolas Sarkozy et François Hollande réunis ».
Savoir faire preuve d'une intelligence collective
En parallèle, l'affaire Hassan Iquioussen a relevé une nouvelle fois la perte de vitesse significative, sur le terrain, de Musulmans de France (MF). La fédération, marquée par la mort de Yusuf Al-Qaradawi survenue en septembre 2022, n’a d’ailleurs pas organisé depuis 2020 sa rencontre annuelle au Bourget. Les fédérations proches du Maroc et surtout les fédérations turques, affaiblies notamment par la pression politique et les polémiques entourant la signature de la charte des principes pour l'islam de France, se sont, quant à elles, fait discrètes en 2022.
Tout le contraire de la Grande Mosquée de Paris pour qui 2022 a été l’année de nombreuses réalisations, à commencer par la commémoration des 100 ans de la pose de sa première pierre. Une force que la Grande Mosquée de Paris tire en partie aussi du réchauffement des relations franco-algériennes depuis la visite à Alger d'Emmanuel Maron en août, suivi du déplacement de la moitié du gouvernement Borne en octobre.
Mi-décembre, le retour à « une relation consulaire normale » avec l'Algérie, qui implique notamment la fin des restrictions dans l’octroi de visas, a été annoncé par place Beauvau. C’est aussi le cas pour la Tunisie et le Maroc où le président français prévoit de se rendre, selon la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, « au premier trimestre 2023 », signe que Paris entend, après Alger, dégeler les relations diplomatiques avec Rabat. Sans pour autant céder, pour le moment, sur sa promesse de mettre fin aux imams détachés après le 31 décembre 2023 dans l'optique de mettre un terme à « l’islam consulaire ».
Un souhait de plus en plus exprimé par les musulmans de France eux-mêmes qui, après la réélection d’Emmanuel Macron, s’inquiètent plutôt de la banalisation de la haine après, entre autres, l’arrivée historique en force de l’extrême droite à l’Assemblée nationale mais aussi, comme les autres citoyens, d’une vie plus chère – et plus difficile – en 2023. Limiter les conséquences de l'inflation, phénomène qui participe aussi à cultiver injustement la haine des minorités, un défi auquel l'exécutif devra relever en sachant faire preuve d'intelligence collective.
Tout le contraire de la Grande Mosquée de Paris pour qui 2022 a été l’année de nombreuses réalisations, à commencer par la commémoration des 100 ans de la pose de sa première pierre. Une force que la Grande Mosquée de Paris tire en partie aussi du réchauffement des relations franco-algériennes depuis la visite à Alger d'Emmanuel Maron en août, suivi du déplacement de la moitié du gouvernement Borne en octobre.
Mi-décembre, le retour à « une relation consulaire normale » avec l'Algérie, qui implique notamment la fin des restrictions dans l’octroi de visas, a été annoncé par place Beauvau. C’est aussi le cas pour la Tunisie et le Maroc où le président français prévoit de se rendre, selon la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, « au premier trimestre 2023 », signe que Paris entend, après Alger, dégeler les relations diplomatiques avec Rabat. Sans pour autant céder, pour le moment, sur sa promesse de mettre fin aux imams détachés après le 31 décembre 2023 dans l'optique de mettre un terme à « l’islam consulaire ».
Un souhait de plus en plus exprimé par les musulmans de France eux-mêmes qui, après la réélection d’Emmanuel Macron, s’inquiètent plutôt de la banalisation de la haine après, entre autres, l’arrivée historique en force de l’extrême droite à l’Assemblée nationale mais aussi, comme les autres citoyens, d’une vie plus chère – et plus difficile – en 2023. Limiter les conséquences de l'inflation, phénomène qui participe aussi à cultiver injustement la haine des minorités, un défi auquel l'exécutif devra relever en sachant faire preuve d'intelligence collective.
La nouvelle organisation du hajj a déstabilisé plus d'un musulman en France mais aussi en Europe, dans les Amériques et en Océanie. L'Arabie Saoudite avait, en effet, annoncé très tardivement le lancement de la plateforme Motawif, ceci en court-circuitant brutalement les agences spécialisées dans l’organisation du grand pèlerinage. Ce faisant, les autorités saoudiennes n'ont pas su rassurer les pèlerins occidentaux comme en témoignent les nombreuses défaillances rapportées par des musulmans. Et les conséquences sont nettes : Saphirnews avait révélé qu'un millier de musulmans se sont rendus à La Mecque pour le hajj 2022. Aucun changement de cap est annoncé par l'Arabie Saoudite pour l'édition 2023, appelé à se tenir du 26 juin au 1er juillet, au grand dam des professionnels du hajj qui appellent désespérément à la restauration de leur rôle « indispensable et historique ».
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