L’acceptation de « l’esprit » des accords de Marcoussis signés à Paris le 24 janvier a contribué à mettre fin à deux semaines de soulèvement à Abidjan. Mais l’accord qui prévoit le partage du pouvoir entre le gouvernement en vigueur et les rebelles du MPCI contrôlant le Nord du pays ne cesse de raviver les tensions au sein des parties antagonistes. Le chef de l’Etat joue la carte de la prudence. Au cour de son discours tant attendu, il s’est dit en accord avec « l’esprit » de Marcoussis. Les rebelles, de leur côté exigent des postes important dans le futur gouvernement national du nouveau Premier ministre Seydou Diarra. Le conflit qui inquiète les gouvernements voisins risque de plonger la région dans un gouffre économique.
Les accords de Marcoussis.
Dans l’attente de l’intervention télévisée de Laurent Gbagbo de vendredi, certains craignaient la remise en cause des accords de Marcoussis, qu’il revienne sur ces engagements signés à Paris. La classe politique signataire de l'accord de Marcoussis qui s’est murée dans le silence a été accusée de céder le débat politique à la rue. L’intervention a, à l’inverse de ce qui était prévu, contribué à apaiser les tensions. Le chef de l’Etat sans pour autant encourager les accords de Marcoussis qui incluraient les rebelles dans le nouveau gouvernement s’est dit prêt à accepter l’ « esprit »de Marcoussis même si certains points sont en désaccord avec la constitution. « J'accepte et je m'engage dans l'esprit du texte de Marcoussis », a-t-il déclaré vendredi soir dans son discours à la Nation, ajoutant cependant : « A chaque fois qu'il y aura contradiction, j'appliquerai la Constitution »
Grand défi pour le nouveau chef du gouvernement.
Après la confirmation de Seydou Diarra au poste de chef de gouvernement par la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) dans la foulée de Marcoussis, les inquiétudes persistent quant à une résolution pacifique du conflit. Le Premier ministre a un grand défi à relever, d’autant plus que l’armée régulière à émis un doit de veto à l’attribution des portefeuilles des ministères de la Défense et de l’Intérieur aux forces rebelles. De plus, les « jeunes patriotes » connus pour leur vigueur refusent catégoriquement l’entrée des rebelles au gouvernement.
L’Afrique dans la crise.
Au sein des gouvernements africains, on préfère taire les conséquences de la situation de crise en Côte-d’Ivoire pourtant présentes dans tous les esprits. Jeune Afrique nous rapporte l’inquiétude de Charles Konan Banny, gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) Selon lui, « dire qu'il n'y a pas d'impact, c'est nier la place centrale de la Côte d'Ivoire dans l'Uemoa (l'Union économique et monétaire ouest-africaine) [...] Indubitablement, il y a bien un impact. » Le tout est donc « de savoir dans quelles proportions »
Les exécutions sommaires du gouvernement en vigueur maintiennent la tension. Les Français ne sont pas les seuls à fuir la région. Les ressortissant maliens déjà victimes du gouvernement ont commencé à quitter le pays dès le début des hostilités. De plus, le régime du président Gbagbo qui continue de procéder à des achats d'armes en ex-Yougoslavie inquiète. Les craintes persistent : « La paix en Côte d'Ivoire se construit en préparant la guerre... »