Nahel est mort, tué d’une balle tirée à bout portant par un policier. Un pays est à nouveau déchiré, les camps politiques et idéologiques s’affrontent. La justice effectuera son travail, qualifiera les faits sur le plan juridique et les juges rendront leur verdict. Et on continuera les sempiternelles questions et idées tranchées : mais que font le parents ? Il faut les punir eux aussi ! Ce n’est pas à l’école d’éduquer les jeunes ! Quelle idée de laisser des gosses traîner tard le soir ! Où sont les pères ?
On pourrait noircir des tonnes de pages avec ces assertions et leurs corollaires en termes de demandes sécuritaires toujours plus croissantes. C’est là le discours des gens bien, des personnes qui ont tendance à projeter sur le monde leur propre expérience, leur éducation et leur cadre de vie. Ces éléments deviennent alors les critères absolus d’évaluation des autres et de la société. Pas besoin de lire les études de psychologie et de sociologie analysant les conditions de vie délétères, l’humiliation subie et ce qu’elle induit en termes de comportements à risques ou quels sont les ressorts des mobilisations collectives. Pas besoin de lire les analyses comparatives, au niveau international, en matière d’éducation et de réussite scolaire, des questions de sécurité, d’équité de la justice, des discriminations, quand bien même elles pointent du doigt la situation problématique de la France sur plusieurs de ces aspects. Pas besoin d’analyser la réalité objective que vit l’autre dans les cités et banlieues de l’Hexagone ; mon expérience vaut bien la sienne et, si moi j’ai réussi à être un gars bien malgré mes galères, pourquoi lui refuse-t-il de l’être ?
C’est une façon de psychologiser des problèmes de société complexes et profonds qui arrange un peu tout le monde, du citoyen lambda au responsable politique national, en passant par tous les détenteurs d’autorité aux niveaux intermédiaires. Elle permet d’évacuer une réflexion critique sur des réalités collectives toujours plus problématiques, des choix opérés depuis 40 ans par les gouvernements successifs en matière d’éducation, de santé, d’économie, de justice, avec leurs conséquences parfois désastreuses et les responsabilités politiques qui en découlent. Car la question est éminemment politique, elle touche le cœur de notre vision du monde, de la justice sociale, de la redistribution des richesses et de la solidarité envers les citoyens les plus fragiles.
On pourrait noircir des tonnes de pages avec ces assertions et leurs corollaires en termes de demandes sécuritaires toujours plus croissantes. C’est là le discours des gens bien, des personnes qui ont tendance à projeter sur le monde leur propre expérience, leur éducation et leur cadre de vie. Ces éléments deviennent alors les critères absolus d’évaluation des autres et de la société. Pas besoin de lire les études de psychologie et de sociologie analysant les conditions de vie délétères, l’humiliation subie et ce qu’elle induit en termes de comportements à risques ou quels sont les ressorts des mobilisations collectives. Pas besoin de lire les analyses comparatives, au niveau international, en matière d’éducation et de réussite scolaire, des questions de sécurité, d’équité de la justice, des discriminations, quand bien même elles pointent du doigt la situation problématique de la France sur plusieurs de ces aspects. Pas besoin d’analyser la réalité objective que vit l’autre dans les cités et banlieues de l’Hexagone ; mon expérience vaut bien la sienne et, si moi j’ai réussi à être un gars bien malgré mes galères, pourquoi lui refuse-t-il de l’être ?
C’est une façon de psychologiser des problèmes de société complexes et profonds qui arrange un peu tout le monde, du citoyen lambda au responsable politique national, en passant par tous les détenteurs d’autorité aux niveaux intermédiaires. Elle permet d’évacuer une réflexion critique sur des réalités collectives toujours plus problématiques, des choix opérés depuis 40 ans par les gouvernements successifs en matière d’éducation, de santé, d’économie, de justice, avec leurs conséquences parfois désastreuses et les responsabilités politiques qui en découlent. Car la question est éminemment politique, elle touche le cœur de notre vision du monde, de la justice sociale, de la redistribution des richesses et de la solidarité envers les citoyens les plus fragiles.
Il est plus simple de projeter sur l’autre son propre parcours de vie, de gars bien ou qui a réussi à l’être, en stigmatisant celui qu’on réduit, de manière consciente ou non, à l’état de racaille. Le deuil de la mère de Nahel n’y a pas échappé ; ses larmes et ses rires sont passés au crible des contempteurs, des gens bien qui ont la capacité de décider comment doit se comporter une maman éplorée. C’est ce qu’on appelle l’atomisation : le collectif a été en grande partie détruit, celui qui permettait d’agir, de négocier, de revendiquer, de transiger, de s’asseoir autour d’une table et de discuter, parfois sur un ton vif mais avec des accords à la clef et des partages de droits et de responsabilités. Ne reste alors que l’individu dont les conditions de vie objectives le contraignent plus ou moins fortement : le logement et sa promiscuité, le type et les horaires de travail, le salaire, les charges, les transports, la famille, les membres de la famille élargie à charge, etc. Il y a déjà, ici, de quoi inviter à ne jamais se comparer aux autres en leur donnant des leçons de morale ou des injonctions parce que, nous, on a réussi à être des gens bien.
Dans son ouvrage La montée des incertitudes, paru en 2010, Robert Castel démontrait avec force comment le passage du capitalisme industriel au capitalisme financier s’est accompagné de la destruction des tous les grands collectifs qui soudaient les classes populaires. Ils alimentaient le sentiment d’appartenance, la conscience politique, la négociation avec les partenaires sociaux. Ils permettaient aussi de se projeter dans un avenir collectif. Ce temps est révolu et les quelques miettes qui perdurent du dialogue, d’une façon générale, se réduisent toujours plus au fur et à mesure que l’atomisation et l’injonction à être un bon citoyen, ou plutôt un « citoyen conforme », docile et ne causant pas de trouble, s’étend à toutes les sphères de notre vie.
Dans son ouvrage La montée des incertitudes, paru en 2010, Robert Castel démontrait avec force comment le passage du capitalisme industriel au capitalisme financier s’est accompagné de la destruction des tous les grands collectifs qui soudaient les classes populaires. Ils alimentaient le sentiment d’appartenance, la conscience politique, la négociation avec les partenaires sociaux. Ils permettaient aussi de se projeter dans un avenir collectif. Ce temps est révolu et les quelques miettes qui perdurent du dialogue, d’une façon générale, se réduisent toujours plus au fur et à mesure que l’atomisation et l’injonction à être un bon citoyen, ou plutôt un « citoyen conforme », docile et ne causant pas de trouble, s’étend à toutes les sphères de notre vie.
Ordonner aux plus fragilisés d’être conformes à l’idée qu’on se fait du citoyen bien éduqué à partir de notre propre réussite, c’est déjà participer à leur humiliation
C’est là l’attitude d’une partie de la classe politique et de détenteurs d’autorité, à l’encontre des gens considérés comme pas bien, ceux qui ne sont pas « conformes ». Ordonner aux plus fragilisés, au plus isolés, d’être conformes à l’idée qu’on se fait du citoyen bien éduqué à partir de notre propre expérience d’individu lambda, de notre propre réussite, c’est déjà participer à leur humiliation. On voudrait qu’ils se comportent bien, ils devraient parler un certain niveau de langage, apprendre les bonnes manières et le respect d’autrui, selon les critères qu’on a en tête. Le plus fragile doit apprendre à maitriser sa colère, son ressentiment, ne pas insulter et ne rien dégrader, parce que ce n’est pas bien. C’est à lui de trouver la force d’objectiver ses conditions de vie, de voir le côté positif de son quotidien et de sa condition. C’est à lui de gravir les échelons et à s’adapter au système qui le discrimine, pas l’inverse. Ce discours fonctionne sur une partie des publics fragilisés qui ont réussi à devenir des gens bien et qui ne sont pas avares en leçons de morale ; nous sommes alors, sur le plan social, face à une sorte de transposition de la peur, au niveau personnel et familial, du regard du voisin et du qu’en-dira-t-on. Surtout, ne pas faire de bruit et ne pas provoquer la honte sur le groupe.
Certains gars bien, issus des quartiers, « modèles » de réussite, mettent ainsi en avant leur histoire personnelle pour conforter ce système injonctif à l’encontre des gars mauvais, de la racaille. C’est souvent le déficit de la figure d’autorité qui est pointé du doigt, et là encore, celle-ci est réduite à la dimension familiale, comme si toute la vie d’un jeune se résumait à l’autorité d’un père ou d’une mère. On évacue ainsi toute la part du déficit éthique et moral au sein des institutions et des politiques nationaux, avec toute la part de défiance qu’il entraîne au sein de la population, en particulier chez les plus fragilisés. C’est pour cela que l’injonction à être un gars bien, conforme et respectueux, est d’autant moins supportable lorsqu’elle émane d’un détenteur d’autorité, au sein d’une institution ou d’une collectivité.
D’une façon curieuse, plusieurs institutions religieuses françaises ont elles-mêmes relayé ce discours injonctif à l’adresse des parents sans une once de critique vis-à-vis des politiques. On peut y déceler, là encore, une forme de déni de la part d’institutions empêtrées dans des conflits incessants et autres affaires de corruption financière et morale.
Quand l’injonction provient de responsables politiques, de ceux-là mêmes qui contribuent à atomiser toujours plus les individus et à agir d’une façon délétère sur leurs conditions de vie, cela relève carrément de la volonté d’humilier avec arrogance. Celui qui n’a pas vécu l’expérience de l’humiliation ne pourra jamais vraiment comprendre ce qu’un individu peut ressentir, au fond de ses tripes, quand il se trouve face à un représentant quelconque de l’autorité abusant de son pouvoir pour le rabaisser, stigmatiser sa personne, son origine, sa condition sociale, sa famille, sans qu’il puisse réagir ni se défendre.
Certains gars bien, issus des quartiers, « modèles » de réussite, mettent ainsi en avant leur histoire personnelle pour conforter ce système injonctif à l’encontre des gars mauvais, de la racaille. C’est souvent le déficit de la figure d’autorité qui est pointé du doigt, et là encore, celle-ci est réduite à la dimension familiale, comme si toute la vie d’un jeune se résumait à l’autorité d’un père ou d’une mère. On évacue ainsi toute la part du déficit éthique et moral au sein des institutions et des politiques nationaux, avec toute la part de défiance qu’il entraîne au sein de la population, en particulier chez les plus fragilisés. C’est pour cela que l’injonction à être un gars bien, conforme et respectueux, est d’autant moins supportable lorsqu’elle émane d’un détenteur d’autorité, au sein d’une institution ou d’une collectivité.
D’une façon curieuse, plusieurs institutions religieuses françaises ont elles-mêmes relayé ce discours injonctif à l’adresse des parents sans une once de critique vis-à-vis des politiques. On peut y déceler, là encore, une forme de déni de la part d’institutions empêtrées dans des conflits incessants et autres affaires de corruption financière et morale.
Quand l’injonction provient de responsables politiques, de ceux-là mêmes qui contribuent à atomiser toujours plus les individus et à agir d’une façon délétère sur leurs conditions de vie, cela relève carrément de la volonté d’humilier avec arrogance. Celui qui n’a pas vécu l’expérience de l’humiliation ne pourra jamais vraiment comprendre ce qu’un individu peut ressentir, au fond de ses tripes, quand il se trouve face à un représentant quelconque de l’autorité abusant de son pouvoir pour le rabaisser, stigmatiser sa personne, son origine, sa condition sociale, sa famille, sans qu’il puisse réagir ni se défendre.
Dans un État de droit, le détenteur d’autorité possède un devoir supplémentaire par rapport au citoyen lambda
On pointe la déferlante de violence consécutive au meurtre de Nahel, à juste titre. La violence n’est jamais justifiable et, dans un État de droit, tous les conflits devraient se résoudre en faisant appel à l’autorité de la loi, dans toutes les situations, quel que soit le statut de la personne. Ce jeune devait a priori être présenté à un juge pour mineurs en septembre prochain pour refus d’obtempérer, avec peut-être à la clef une sanction. C’est le cours normal des choses dans un pays de droit, mais le policier, le détenteur d’autorité, lui a ôté la vie d’une façon a priori illégitime, comme certains de ses collègues l’ont fait à de nombreuses reprises pour des refus d’obtempérer au cours de ces dernières années. Les deux sont, quelque part, victimes d’un système qui casse le collectif, atomise, oppose, broie les individualités et fragilise toujours plus. Aussi, dans un État de droit, le détenteur d’autorité possède un devoir supplémentaire par rapport au citoyen lambda, c’est celui de l’exemplarité et du respect des règles, sinon c’est l’anomie.
Le président de la République a jeté dans la fosse aux oubliettes les propositions du rapport de l’ancien ministre Jean-Louis Borloo, l’un des rares politiques à avoir tenté de lancer une dynamique institutionnelle efficiente et pragmatique en direction des territoires les plus fragilisés de l’Hexagone. Il est demeuré sourd aux propositions et aux demandes de centaines de maires, ceux qui connaissent le mieux leur territoire local et sont en mesure d’éclairer l’action publique pour instaurer un dialogue social efficient.
Le ministre de l’Intérieur, pour sa part, affirme avec véhémence devant les médias qu’il n’y a « pas d’excuse sociale ». Des politiques et des médias s’enfoncent toujours plus dans le déni ; ils abordent la situation actuelle – comme celle des Gilets jaunes d’ailleurs, et d’autres mobilisations précédentes –, sous un angle purement psychologique et en atomisant les révoltés. Ils pointent du doigt la caractère illégitime de la révolte elle-même, le fait qu’elle ne possèderait pas de dimension politique, le défaut d’éducation des familles. Voilà comment on fait fausse route pour tomber dans un ravin d’explications erronées et farfelues dont les pseudo-experts en tous genres rivalisent sur les plateaux télévisés.
Le président de la République a jeté dans la fosse aux oubliettes les propositions du rapport de l’ancien ministre Jean-Louis Borloo, l’un des rares politiques à avoir tenté de lancer une dynamique institutionnelle efficiente et pragmatique en direction des territoires les plus fragilisés de l’Hexagone. Il est demeuré sourd aux propositions et aux demandes de centaines de maires, ceux qui connaissent le mieux leur territoire local et sont en mesure d’éclairer l’action publique pour instaurer un dialogue social efficient.
Le ministre de l’Intérieur, pour sa part, affirme avec véhémence devant les médias qu’il n’y a « pas d’excuse sociale ». Des politiques et des médias s’enfoncent toujours plus dans le déni ; ils abordent la situation actuelle – comme celle des Gilets jaunes d’ailleurs, et d’autres mobilisations précédentes –, sous un angle purement psychologique et en atomisant les révoltés. Ils pointent du doigt la caractère illégitime de la révolte elle-même, le fait qu’elle ne possèderait pas de dimension politique, le défaut d’éducation des familles. Voilà comment on fait fausse route pour tomber dans un ravin d’explications erronées et farfelues dont les pseudo-experts en tous genres rivalisent sur les plateaux télévisés.
Passons en revue critique l’exigence d’exemplarité de la classe politique française
Le policier était-il un bon gars ? Une racaille ? Et le jeune ? La réponse à cette question est donc purement d’ordre psychologique ? Tout se jouerait uniquement au sein de la famille ? Eh bien, en la matière, la ligne de démarcation est bien mince et chacun peut tomber d’un côté ou de l’autre de la ligne en un instant. Alors, que le plus honnête des hommes se risque à jeter la première pierre. Mais, si la question est valable pour le gars bien ou la racaille lambda, elle devient alors encore plus importante pour ceux qui représentent des figures d’autorité pour la nation ! Si on monte à ce niveau, on pourrait passer en revue critique une bonne partie de l’exigence d’exemplarité de la classe politique française.
Par exemple, un chroniqueur devenu homme politique d’extrême droite, condamné multirécidiviste, partisan de la remigration et du tout-sécuritaire, voire du tir sur les révoltés, est-il lui-même un bon père ? Un bon gars ? Son fils aîné a été mis en examen en mai dernier pour avoir provoqué un grave accident en plein Paris sous l’emprise de l’alcool, blessant deux personnes. Heureusement pour lui, il ne se trouvait pas, à ce moment, face à un policier qui, suivant le nouveau protocole instauré en 2017, l’aurait a priori légitimement pointé avec son arme en lui tenant à peu près ce langage : « Souffrez donc, Monsieur, que je perforasse votre cage thoracique afin de stopper votre vilénie au sein de cette honorable cité. » Mais quelle éducation cet enfant a-t-il donc reçu de son père ? De quel côté de la ligne va-t-on les ranger ?
Le Garde des sceaux, qui demandait récemment aux parents des jeunes révoltés de « tenir leurs gosses » sous peine de sanctions pénales, faisait lui-même profil plus humble lorsque son fils a été mis en examen en début d’année pour violences conjugales, en s’exprimant ainsi : « En tant que père, je suis dévasté. J’ai une pensée pour la victime. (…) En tant que citoyen, je demande qu’on respecte ma vie familiale. » Peut-on cependant légitimement, cordialement, avec décence et déférence, se poser la question de l’éducation familiale de ce conjoint violent ? Quelle figure d’autorité paternelle a-t-il eu ? Eh oui, c’est bien dur de rester constamment du bon côté de la ligne, c’est peut-être un peu plus facile quand on possède les codes des gars bien. Le lecteur pardonnera le crime de lèse-majesté, on ne devrait pas s’attaquer d’une façon aussi téméraire à des gens bien sous tous rapports, n’est-ce pas.
*****
Omero Marongiu-Perria est sociologue et spécialiste de l'islam français.
Lire aussi :
Après la mort de Nahel, les responsables des cultes en France parlent d'une seule voix
Mort de Nahel : la France taclée par l'ONU, elle réagit
Mort de Nahel : l’apaisement, « seul chemin possible et constructif pour accéder à la justice »
Par exemple, un chroniqueur devenu homme politique d’extrême droite, condamné multirécidiviste, partisan de la remigration et du tout-sécuritaire, voire du tir sur les révoltés, est-il lui-même un bon père ? Un bon gars ? Son fils aîné a été mis en examen en mai dernier pour avoir provoqué un grave accident en plein Paris sous l’emprise de l’alcool, blessant deux personnes. Heureusement pour lui, il ne se trouvait pas, à ce moment, face à un policier qui, suivant le nouveau protocole instauré en 2017, l’aurait a priori légitimement pointé avec son arme en lui tenant à peu près ce langage : « Souffrez donc, Monsieur, que je perforasse votre cage thoracique afin de stopper votre vilénie au sein de cette honorable cité. » Mais quelle éducation cet enfant a-t-il donc reçu de son père ? De quel côté de la ligne va-t-on les ranger ?
Le Garde des sceaux, qui demandait récemment aux parents des jeunes révoltés de « tenir leurs gosses » sous peine de sanctions pénales, faisait lui-même profil plus humble lorsque son fils a été mis en examen en début d’année pour violences conjugales, en s’exprimant ainsi : « En tant que père, je suis dévasté. J’ai une pensée pour la victime. (…) En tant que citoyen, je demande qu’on respecte ma vie familiale. » Peut-on cependant légitimement, cordialement, avec décence et déférence, se poser la question de l’éducation familiale de ce conjoint violent ? Quelle figure d’autorité paternelle a-t-il eu ? Eh oui, c’est bien dur de rester constamment du bon côté de la ligne, c’est peut-être un peu plus facile quand on possède les codes des gars bien. Le lecteur pardonnera le crime de lèse-majesté, on ne devrait pas s’attaquer d’une façon aussi téméraire à des gens bien sous tous rapports, n’est-ce pas.
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Omero Marongiu-Perria est sociologue et spécialiste de l'islam français.
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