Il y a six mois, pour annoncer les nouvelles Semaines de rencontres islamo-chrétiennes (SERIC), nous écrivions : « Une actualité chasse l’autre et pourtant revient régulièrement l’annonce de naufrages en Méditerranée, de populations contraintes de quitter leur pays, fuyant la guerre, les persécutions, des inondations catastrophiques ou un tremblement de terre. Aussi tragiques que soient ces informations, nous nous y sommes presque habitués.
Mais l’année 2022, avec le retour de la guerre en Europe et l'afflux de réfugiés en provenance de l’Ukraine, nous a réveillé et nous a contraint à nous questionner sur la notion d’hospitalité. Ce thème forme d’ailleurs comme un diptyque avec la notion de fraternité que les SERIC ont exploré l’année dernière. Ainsi, aucun autre sujet – bien que souvent très polémique – ne pouvait mieux faire écho à nos préoccupations actuelles. »
Six mois plus tard, le coup de semonce du pape à Marseille rappelant à l’Europe et plus globalement au monde entier son devoir d’hospitalité, fustigeant « le fanatisme de l’indifférence », allant jusqu’à le qualifier de « déni de civilisation », résonne encore dans toutes les têtes comme une des paroles les plus fortes entendues ces dernières années quand bien même cette parole provoque des réactions variées et hélas peu d’actes concrets.
A cet intense moment d’humanité est venu succéder presque immédiatement la tragédie qui se joue sous nos yeux au Moyen-Orient avec une partie de ses populations civiles sommées de quitter leurs maisons et leurs terres pour échapper aux bombardements continus sauf à disparaître de la surface de la terre avec leur territoire. Fuir mais où quand toutes les portes se ferment ?
Mais l’année 2022, avec le retour de la guerre en Europe et l'afflux de réfugiés en provenance de l’Ukraine, nous a réveillé et nous a contraint à nous questionner sur la notion d’hospitalité. Ce thème forme d’ailleurs comme un diptyque avec la notion de fraternité que les SERIC ont exploré l’année dernière. Ainsi, aucun autre sujet – bien que souvent très polémique – ne pouvait mieux faire écho à nos préoccupations actuelles. »
Six mois plus tard, le coup de semonce du pape à Marseille rappelant à l’Europe et plus globalement au monde entier son devoir d’hospitalité, fustigeant « le fanatisme de l’indifférence », allant jusqu’à le qualifier de « déni de civilisation », résonne encore dans toutes les têtes comme une des paroles les plus fortes entendues ces dernières années quand bien même cette parole provoque des réactions variées et hélas peu d’actes concrets.
A cet intense moment d’humanité est venu succéder presque immédiatement la tragédie qui se joue sous nos yeux au Moyen-Orient avec une partie de ses populations civiles sommées de quitter leurs maisons et leurs terres pour échapper aux bombardements continus sauf à disparaître de la surface de la terre avec leur territoire. Fuir mais où quand toutes les portes se ferment ?
Redonner à notre civilisation sa dignité
Ainsi, l’hospitalité n’est plus aujourd’hui un simple sujet de réflexion pour un colloque où s’échangeraient des points de vue. Le mot est là comme une béance qu’il nous faut absolument remplir d’une pensée forte animée d’une volonté tout aussi forte pour redonner à notre civilisation sa dignité.
Pour y parvenir, nos deux traditions chrétienne et musulmane ne peuvent que s’unir autour de la figure d’Abraham, éternel étranger sur cette terre dont il est l’hôte, mais où il devient lui-même hôte pour avoir ouvert sa tente aux étrangers de passage, les avoir accueillis, honorés et en avoir en retour reçu la bénédiction. Ainsi figure de l’étranger, il est en même temps figure de l’hospitalité, réunissant les deux faces du mot « hôte » lui donnant toute son épaisseur, sa richesse et sa complexité.
C’est sous le regard de cette figure tutélaire que ce colloque se propose d’explorer l’hospitalité autant dans ses aspects théologiques pour chacune de nos confessions que juridiques – l’hospitalité envisagée comme un droit de l’Homme – et sociétaux : comment est perçue et vécue la notion dans nos sociétés et quelles sont les conséquences de cette perception.
Nous essaierons aussi de ne pas oublier que nous sommes nous-mêmes des hôtes sur notre planète et qu’il nous appartient de réfléchir à la manière dont nous vivons cette hospitalité, dans notre relation avec le vivant, et peut-être d’esquisser une réflexion sur le respect dû à l’hôte qu’il soit l’accueillant ou l'accueilli.
L’hospitalité est au cœur et au carrefour de nos deux cultures et nous voulons, en explorant toutes ses facettes, qu’elle puisse déployer en nous toute sa dimension, toute sa force de vie pour qu’elle soit réellement le signe de notre humanité.
*****
Micheline Bochet-Le Milon et Ramzi Ait-Djaoud sont présidents du Groupe d’amitié islamo-chrétienne (GAIC) qui organise en novembre et en décembre 2023 la 23e édition des Semaines de rencontres islamo-chrétiennes (SERIC) autour du thème de l’hospitalité. Les événements sont consultables ici.
Lire aussi :
L’hospitalité, pilier de l’éthique arabe et islamique
L’hospitalité, une qualité sociale reconnue comme vertu en islam
Et aussi :
Résistons aux forces du mal qui cherchent à détourner les religions pour propager la haine
Ramadan 2023 : chrétiens et musulmans, promoteurs d’amour et d’amitié, les vœux fraternels du Vatican
Chrétiens et musulmans, affrontons ensemble la réalité des migrants
Italie : chrétiens et musulmans unis pour défendre la liberté de changer de religion
Pour y parvenir, nos deux traditions chrétienne et musulmane ne peuvent que s’unir autour de la figure d’Abraham, éternel étranger sur cette terre dont il est l’hôte, mais où il devient lui-même hôte pour avoir ouvert sa tente aux étrangers de passage, les avoir accueillis, honorés et en avoir en retour reçu la bénédiction. Ainsi figure de l’étranger, il est en même temps figure de l’hospitalité, réunissant les deux faces du mot « hôte » lui donnant toute son épaisseur, sa richesse et sa complexité.
C’est sous le regard de cette figure tutélaire que ce colloque se propose d’explorer l’hospitalité autant dans ses aspects théologiques pour chacune de nos confessions que juridiques – l’hospitalité envisagée comme un droit de l’Homme – et sociétaux : comment est perçue et vécue la notion dans nos sociétés et quelles sont les conséquences de cette perception.
Nous essaierons aussi de ne pas oublier que nous sommes nous-mêmes des hôtes sur notre planète et qu’il nous appartient de réfléchir à la manière dont nous vivons cette hospitalité, dans notre relation avec le vivant, et peut-être d’esquisser une réflexion sur le respect dû à l’hôte qu’il soit l’accueillant ou l'accueilli.
L’hospitalité est au cœur et au carrefour de nos deux cultures et nous voulons, en explorant toutes ses facettes, qu’elle puisse déployer en nous toute sa dimension, toute sa force de vie pour qu’elle soit réellement le signe de notre humanité.
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Micheline Bochet-Le Milon et Ramzi Ait-Djaoud sont présidents du Groupe d’amitié islamo-chrétienne (GAIC) qui organise en novembre et en décembre 2023 la 23e édition des Semaines de rencontres islamo-chrétiennes (SERIC) autour du thème de l’hospitalité. Les événements sont consultables ici.
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