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Sur le vif

François Fillon parle coopération militaire et nucléaire à Alger

| Samedi 21 Juin 2008 à 14:48

           


François Fillon a entamé samedi une visite officielle en Algérie, la première d'un chef du gouvernement français depuis 1986, où il plaidera pour "une relation d'exception" qui se traduira par la signature d'un accord de coopération militaire et d'un accord sur le nucléaire civil. "Je souhaite aujourd'hui redire aux autorités algériennes qu'elles peuvent compter sur la France. Oui, la France et l'Algérie ont un avenir commun", déclare le Premier ministre dans un entretien publié par les quotidiens algériens El Watan et El Khabar.
"Elles doivent se tourner vers l'avenir, en faisant les efforts nécessaires de part et d'autre pour regarder le passé en face", souligne-t-il.
Pour marquer cette nouvelle ère de la refondation voulue par Nicolas Sarkozy, François Fillon devait signer samedi avec son homologue algérien, Abdelaziz Belkhadem, un accord de coopération dans le nucléaire civil, le premier de cette envergure avec un pays arabo-musulman, que le président français avait scellé lors de sa visite d'Etat en décembre dernier.
L'accord sur l'"utilisation et le développement de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques" portera sur la recherche fondamentale, des transferts de technologie, la formation, la production d'électricité, la prospection et l'exploitation de l'uranium convoité par Areva (CEPFi.PA: Cotation). L'Algérie pourrait ainsi se doter d'une centrale nucléaire à l'horizon 2020.

L'accord de défense, qui prévoit notamment une coopération dans la formation et la santé militaire, pourrait ouvrir la voie à de futurs contrats d'armements.
Les autorités algériennes réfléchiraient à l'acquisition de frégates multimissions Fremm, assemblées par la DCNS. Elles auraient également pour projet l'achat d'hélicoptères Super-Lynx d'Agusta Westland, société contrôlée par l'italien Finmeccanica (SIFI.MI: Cotation). Eurocopter (EAD.PA: Cotation) se mettrait sur les rangs.
"C'est une ère nouvelle, ambitieuse et prometteuse qui s'ouvre", souligne François Fillon dans la presse algérienne.
Un mémorandum de coopération financière sera également paraphé afin de lever les multiples obstacles juridiques qui compliquent la tâche des entrepreneurs français en Algérie.
La France est le premier investisseur en Algérie, hors hydrocarbures (l'Algérie est le troisième exportateur international de gaz et le 12e pétrolier mondial) et son premier partenaire commercial, mais elle doit faire face à la vive concurrence des pays émergents (Chine, Inde) et de ses partenaires européens.
En 2007, on recensait 250 filiales d'entreprises françaises sur le territoire algérien, ce qui représente près de 120.000 emplois directs et 40.000 emplois indirects. Elles sont notamment impliquées dans le BTP et le secteur de l'eau.
"Nous n'avons pas à avoir peur de la concurrence, asiatique ou autre", déclare François Fillon.
La récente vague d'attentats islamistes, qui a coûté la vie le 8 juin à un ingénieur français de la société de BTP Razel, a ravivé les inquiétudes de la communauté d'affaires française mais elle ne renonce pas pour autant à des perspectives prometteuses, en particulier dans le cadre du programme de privatisations algérien.
"Il y a un certain niveau de danger. Il serait irresponsable de le nier. Mais face au danger, il y a des moyens de se protéger", estime le Premier ministre français, qui est accompagné d'une vingtaine de chefs d'entreprise. "Les entreprises, les ressortissants peuvent et doivent rester en Algérie".
Au cours de la visite, le cimentier Lafarge (LAFP.PA: Cotation), devenu leader du secteur en Algérie après l'acquisition fin 2007 de l'Egyptien Orascom Cement, finalisera son entrée dans le capital de la cimenterie de Meftah, la plus grande unité publique dans ce domaine. Schneider Electric (SCHN.PA: Cotation), présent depuis plus de 45 ans en Algérie, scellera pour sa part l'acquisition de l'entreprise nationale des appareils de mesure et de contrôle (AMC).
Au chapitre diplomatique, François Fillon, qui rencontrera dimanche le président algérien Abdelaziz Bouteflika, devrait évoquer la question sensible de l'Union pour la Méditerranée (UPM). L'Algérie réserve sa réponse sur sa participation au sommet du 13 juillet, réclamant des "clarifications" sur un projet "flou" dont elle craint qu'il ne couvre une "normalisation rampante" avec Israël.
"La France attache évidemment beaucoup de prix au rôle de l'Algérie au sein de l'UPM", dit le Premier ministre français dans El Watan et El Khabar.




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