La 31è chambre du tribunal correctionnel de Paris a donc relaxé jeudi les Laboratoires Garnier du Groupe L’Oréal, ainsi que Districom, filiale de l’entreprise de travail temporaire Adecco et trois de leurs cadres. Les peines encourues par les personnes pouvaient aller de trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende et leurs sociétés jusqu’à 220.000 euros d'amende.
SOS-Racisme poursuit ces entreprises et trois de leurs cadres, pour «discrimination en raison de l'origine, de la nationalité ou de l'ethnie», lors du recrutement d’hôtesses de démonstrations. C’est à l’occasion d’opérations promotionnelles de produits capillaires du groupe Garnier, en l’an 2000, qu’un critère de sélection raciale aurait été diffusé sous le terme de « BBR », signifiant Bleu Blanc Rouge. Apposé à un document interne envoyé par Districom à sa maison mère Adecco par fax, les témoignages de nombreux employés viennent étayer la thèse que « la consigne "BBR"signifiait "pas d'étranger" ».
Appel
Suite à cette décision, Me Dominique Tricaud , avocat de SOS Racisme, partie civile dans le dossier, déplorant « un double discours de plus en plus lourd, celui du président de la République qui fait de la lutte contre les discriminations une priorité et celui du parquet qui soutient l'accusation comme la corde soutient le pendu », a annoncé qu'il allé faire « immédiatement appel » de la décision qualifiée d’ « inique » et d’ « extrêmement inquiétante » par Samuel Thomas, vice-président de l'association.
De son côté, l’avocat de Garnier, Me Jean Veil, s’est réjoui de la décision du tribunal démontrant qu’« aucun élément de fait, aucune preuve n'étaient rapportés » sur la culpabilité des prévenus. L'Oréal, dans un communiqué, s'est « trouvé injustement impliqué dans ce procès» et rappelé avoir « la conviction que la différence et la diversité sont une source de richesses » et qu’ainsi ils ne tolèreraient « aucune forme de racisme ou de discrimination. »
De son côté, l’avocat de Garnier, Me Jean Veil, s’est réjoui de la décision du tribunal démontrant qu’« aucun élément de fait, aucune preuve n'étaient rapportés » sur la culpabilité des prévenus. L'Oréal, dans un communiqué, s'est « trouvé injustement impliqué dans ce procès» et rappelé avoir « la conviction que la différence et la diversité sont une source de richesses » et qu’ainsi ils ne tolèreraient « aucune forme de racisme ou de discrimination. »
Que veut dire « BBR » ?
L’association SOS-Racisme a porté au dossier un fax daté du 12 juillet 2000 envoyé par Districom. Dans le corps de ce fax, est détaillé le profil des hôtesses recherchées par Garnier pour l’action promotionnelle de ses produits : « 18-22 ans, taille de vêtement 38 à 42, BBR. » Ces dernier code aurait donc pour signification Bleu BLanc Rouge et sous entendrait, selon certains employés de Districom, un critère racial éliminant d’office toute personnes dites « étrangères ». La rédactrice du fax a expliqué que ce code signifiait « s'exprimant correctement en français ». Une interprétation évidemment rejetée par SOS-Racisme et le parquet. L’inspection du travail diligenté chez L’Oréal, suite à cette plainte, a tout de même établi que peu de filles d’origines africaine, asiatique ou maghrébine apparaissaient dans les campagnes de lancement.
Roger Fauroux, ancien ministre de l’industrie, a rendu un rapport accablant sur la discrimination. Daté de juillet 2005, il fait état de l’utilisation de ce code : « Une partie des affaires de discriminations à l’embauche ayant donné lieu à contentieux est révélée par le recours mal dissimulé au code BBR (Bleu, blanc, rouge), dont l’existence même et l’utilisation partagée ne manquent pas d’interroger sur la généralisation des phénomènes de discriminations et la faible prise de conscience des interdits en la matière. » Le rapport fait état des déséquilibres catastrophiques entre personnes "issues de l’immigration" et françaises de souche. « Concrètement, ces victimes sont surtout ceux dont le faciès, le patronyme ou l’adresse laissent supposer qu’ils sont originaires du continent africain. »
Roger Fauroux, ancien ministre de l’industrie, a rendu un rapport accablant sur la discrimination. Daté de juillet 2005, il fait état de l’utilisation de ce code : « Une partie des affaires de discriminations à l’embauche ayant donné lieu à contentieux est révélée par le recours mal dissimulé au code BBR (Bleu, blanc, rouge), dont l’existence même et l’utilisation partagée ne manquent pas d’interroger sur la généralisation des phénomènes de discriminations et la faible prise de conscience des interdits en la matière. » Le rapport fait état des déséquilibres catastrophiques entre personnes "issues de l’immigration" et françaises de souche. « Concrètement, ces victimes sont surtout ceux dont le faciès, le patronyme ou l’adresse laissent supposer qu’ils sont originaires du continent africain. »
De grandes entreprises devant les tribunaux
Est-ce le mur du silence qui se brise ou une réalité occultée qui semble se dévoilée, en tout état de cause, de nombreuses grandes entreprises font l’objet d’attaques pour discriminations raciales, ethniques ou religieuses sur le lieu de travail.
Est-il utile de rappeler le cas de Dalila Tahri, jeune femme voilée, engagée en 2001 comme télé-opératrice chez Téléperformance alors qu’elle portait déjà son voile, et licenciée un an plus tard pour port d’un signe distinctif religieux. C'est suite à une affectation au siège social que la direction lui demande de nouer son foulard de « façon plus discrète » en dégageant les oreilles, le cou et le front. Dalila refuse, l'entreprise la licencie le 15 juillet 2002, la jeune femme porte plainte. Le 18 juin 2003, le tribunal décide que ce qui était en cause dans ce procès, était bien la liberté religieuse et non la liberté de se vêtir. En vertu de quoi, les juges ont décidé que l'entreprise devait réintégrer la salariée. Elle lui payera les salaires échus et ce, depuis la date de son licenciement. Les magistrats ont donc considéré que "le licenciement présentait toutes les apparences d'une mesure prohibée" car fondée sur un critère religieux, or la liberté religieuse est un droit fondamental de l'individu.
L’exemple de Laurent Gabaroum, est aussi frappant. Français d’origine tchadienne, qui le 11 janvier 2005, a fait condamné Renault à 120 000 euros de dommages et intérêts pour « l’inexécution loyale du contrat de travail ». Déplorant que la mention de « discrimination raciale » ne figure pas dans le jugement, Laurent Gabaroum alors âgé de cinquante quatre ans, était entré chez Renault en 1975 comme veilleur de nuit pour payer ses études. Malgré son haut niveau d’études, diplômé de Sciences-Po, il obtient un niveau Bac+8, et pourtant, il met dix ans à devenir cadre sous le prétexte que « le moment n’était pas venu d’installer un noir dans un statut de cadre ». Cela ne se fait qu’après l’intervention du PDG de l’époque, mais n’empêche pas une ascension sociale très difficile. Cadre sans poste ou sur des missions temporaires, il s’est même vu proposer une « aide au retour au pays », malgré sa nationalité française. « Ils partent du principe que tout s’achète. Ils m’ont proposé 150.000FF (NDLR : 22.5000 euros environ) de l’époque pour renoncer à ma nationalité française en 1986. » Explique Laurent Gabaroum au site Grioo.com. Après une grève de la faim pour faire reconnaître ses droits, puis des stages de longue durée, il avait fini par être titularisé en 1990 sur un poste de cadre débutant !
Renault, tout comme L’Oréal sont des groupes qui prônent la diversité étant tous deux signataires de la Charte de la Diversité développée par le ministre de la promotion de l’égalité des chances, Azouz Begag. Chez L'Oréal, une véritable stratégie de communication est développée autour de son action de favoriser de nouveaux concepts en fonction des spécificités de sa clientèle. Mais n’est ce pas le propre de chaque entreprise? L’Oréal plus qu’une autre, doit développer cette tendance, étant l’un des leaders de produits cosmétiques dans le monde. Ce serait anti commercial que de ne pas offrir aux peaux noires des produits aussi efficaces que ceux pour les peaux blanches. Ceci contribue à l’expansion normale d’une entreprise multinationale et ce n’est en rien un gage de bonne volonté de la non discrimination à l’embauche, comme cette entreprise tenderait parfois à le démontrer.
Est-il utile de rappeler le cas de Dalila Tahri, jeune femme voilée, engagée en 2001 comme télé-opératrice chez Téléperformance alors qu’elle portait déjà son voile, et licenciée un an plus tard pour port d’un signe distinctif religieux. C'est suite à une affectation au siège social que la direction lui demande de nouer son foulard de « façon plus discrète » en dégageant les oreilles, le cou et le front. Dalila refuse, l'entreprise la licencie le 15 juillet 2002, la jeune femme porte plainte. Le 18 juin 2003, le tribunal décide que ce qui était en cause dans ce procès, était bien la liberté religieuse et non la liberté de se vêtir. En vertu de quoi, les juges ont décidé que l'entreprise devait réintégrer la salariée. Elle lui payera les salaires échus et ce, depuis la date de son licenciement. Les magistrats ont donc considéré que "le licenciement présentait toutes les apparences d'une mesure prohibée" car fondée sur un critère religieux, or la liberté religieuse est un droit fondamental de l'individu.
L’exemple de Laurent Gabaroum, est aussi frappant. Français d’origine tchadienne, qui le 11 janvier 2005, a fait condamné Renault à 120 000 euros de dommages et intérêts pour « l’inexécution loyale du contrat de travail ». Déplorant que la mention de « discrimination raciale » ne figure pas dans le jugement, Laurent Gabaroum alors âgé de cinquante quatre ans, était entré chez Renault en 1975 comme veilleur de nuit pour payer ses études. Malgré son haut niveau d’études, diplômé de Sciences-Po, il obtient un niveau Bac+8, et pourtant, il met dix ans à devenir cadre sous le prétexte que « le moment n’était pas venu d’installer un noir dans un statut de cadre ». Cela ne se fait qu’après l’intervention du PDG de l’époque, mais n’empêche pas une ascension sociale très difficile. Cadre sans poste ou sur des missions temporaires, il s’est même vu proposer une « aide au retour au pays », malgré sa nationalité française. « Ils partent du principe que tout s’achète. Ils m’ont proposé 150.000FF (NDLR : 22.5000 euros environ) de l’époque pour renoncer à ma nationalité française en 1986. » Explique Laurent Gabaroum au site Grioo.com. Après une grève de la faim pour faire reconnaître ses droits, puis des stages de longue durée, il avait fini par être titularisé en 1990 sur un poste de cadre débutant !
Renault, tout comme L’Oréal sont des groupes qui prônent la diversité étant tous deux signataires de la Charte de la Diversité développée par le ministre de la promotion de l’égalité des chances, Azouz Begag. Chez L'Oréal, une véritable stratégie de communication est développée autour de son action de favoriser de nouveaux concepts en fonction des spécificités de sa clientèle. Mais n’est ce pas le propre de chaque entreprise? L’Oréal plus qu’une autre, doit développer cette tendance, étant l’un des leaders de produits cosmétiques dans le monde. Ce serait anti commercial que de ne pas offrir aux peaux noires des produits aussi efficaces que ceux pour les peaux blanches. Ceci contribue à l’expansion normale d’une entreprise multinationale et ce n’est en rien un gage de bonne volonté de la non discrimination à l’embauche, comme cette entreprise tenderait parfois à le démontrer.