Quelque part, au-dessus du Tibet, le 28 août 2010.

Je quitte donc la Chine et le Tibet avec beaucoup d'émotions. Tant de rencontres et de partages profonds. Je laisse derrière moi deux régions, deux peuples et paradoxalement une même destinée. Un peuple chinois tourné vers l'avenir éclipsant inexorablement sa culture ancestrale et sa sagesse profonde incarnée par Confucius et par Lao-Tse. J'aurai trouvé au Tibet cette chaleur spirituelle qui fait tant défaut à la Chine et qui explique peut-être ses excès de modernité.

Le style de vie simple et la bonne humeur des Tibétains pourraient laisser l'Occident coi sur le sens du développement. Et pourtant cet accueil chaleureux ne peut cacher la réalité quotidienne que vivent les Tibétains. Cela me laisse un goût amer à l'egard des Chinois ou , plus exactement, à l'égard des autorités chinoises.

La peine profonde des Tibétains aura eu raison de mon expérience chinoise. J'aurais donc besoin de temps afin de faire la part des choses et de mieux cerner la situation en évitant de tomber dans l'émotivité. Je souhaite que ces deux peuples, qui ont tant à offrir puissent un jour vivre ensemble dans le respect et l'égalité mutuels. Insha Allah, comme disent les musulmans.

À présent, je m'envole pour le Japon avec une pensée particulière encore une fois pour les Chinois et les Tibétains qui m'ont tant offert. Ainsi, je ne prendrai pas parti. En un mois, j'ai tant appris et je me demande s'il est même pertinent de continuer mon voyage autour du monde des cultures.

Paradoxalement, j'aimerais simplement rentrer en France non pas par besoin ni par nostalgie mais plutôt pour partager et me nourrir de cette expérience extraodinaire. Je m'interroge aussi si je pourrais supporter autant d'expériences et d'informations à travers des lieux, des rencontres, des cultures si riches et si variés et ce durant 7 mois. Tant de lieux et de personnes rencontrés et d'au revoir malheureusement.

Qu'a cela ne tienne donc, je pars pour le Japon, le pays des mangas et du judo, mais pas seulement... Je vous propose donc d'y faire un petit tour avec moi. Je sens qu'on va bien plaisanter dans le pays où la vie est tres chère.

Tachidele et ni haoa tous. Que la paix soit avec ces deux peuples.



P.S. : Faisant escale à Pékin en direction de Tokyo, China Air vient de m'annoncer qu'ils ont « égaré » mes affaires. Et moi qui souffre déjà de l'altitude, je sens que mon côté nord-africain va ressortir et que je vais certainement m'énerver non pas à cause de la perte de mon sac − scénario que j'avais déjà anticipé psychologiquement −, mais plutôt en raison du fait que j'avais prévenu China Air de la perte possible de mon sac vu le retard entre mes différentes escales. « No problem, sir », m'avaient-ils dit à chaque escale, « your luggage is already inside the plane. » Tu parles ! China Air l'avait laissé à Hong-Kong !

Encore une fois, j'apprends à mes dépens que le voyage est une des écoles de la vie. J'apprends tout simplement à me détacher du matériel et à faire preuve de patience. Vu le regard de la ravissante hôtesse de l'air chinoise qui me demande de patienter sans m'énerver, je crois bien que je vais patienter. Le matériel est éphémère, l'experience humaine reste, je l'espère.

À bon entendeur.
Au revoir la Chine et le Tibet !

Rédigé par Dahmane Mazouzi le Samedi 8 Janvier 2011 | {4} Commentaires