Chine, Pingyao, le 5 août 2010

Je viens donc de dire au revoir à mes amis chinois qui m'avaient généreusement hébergé pendant une semaine. Leur rencontre m'a réellement permis de me lier d'amitié avec des Chinois.

Malgré nos différences il y avait un profond langage du cœur. Je les quitte avec un certain pincement au cœur. Ils n'avaient pas hésité à m'offrir des cadeaux de départ pour me souhaiter bon courage. Cadeaux que je ne sais toujours pas comment je vais transporter avec moi au raison du poids de mon sac à dos et de la longue periode qui m'attend (7 mois).

Sur la route du rail, en direction de Pingyao
14 heures debout pour faire connaissance

Le réseau ferré chinois est très pratique pour découvrir la Chine. Cependant, ce pays est tellement peuplé que pour trouver une place de train, il faut largement s'y prendre à l'avance. Sinon, c'est 14 heures de trajet de nuit et debout. Cela allait être mon cas... Je pense que ce genre d'exercice n'est que le moyen d'acquérir et d'exercer un peu sa patience et le sens du sacrifice.

Mais tout de même, un bon petit matelat type Danopello n'aurait pas été de refus ! Le voyage est une école et je pense qu'il faut simplement le prendre ainsi, sinon le voyage de type exploration perd de sa vraie nature, c'est-à-dire le dépassement de soi. Dans le cas contraire, le voyage se transformerait en un simple voyage touristique.

Cependant, sans le savoir, je devais passer dans ce train en direction de Pingyoa les meilleurs moment de mon séjour en Chine. Avec le recul, je dois dire que je n'aurais même pas échangé ma « place debout » contre une « première classe » (lol). En effet, en me retrouvant avec une foule importante de gens du peuple, car manifestement il y avait plus de gens debout qu'assis dans ce train − et ce pour effectuer un trajet de 24 heures pour certains −, j'ai eu l occasion de rencontrer des gens sincèrement merveilleux.

Rousseau, Bouddha et Confucius font le voyage

Vu la durée du trajet à effectuer (14 heures) ainsi que l'impossibilité de dormir, nous avons discuté durant pratiquement tout le long du trajet. Il faut savoir que la plupart des Chinois sont très surpris de voir un étranger. Si, parfois, en Europe, un étranger peut attirer le regard au sein de certains villages europeens, en Chine le Chinois, c'est moi. Cela s exprime par des regards étranges, voire médusés et même agressifs parfois.

En réalité, il n' en est rien. Ils sont simplement curieux de voir un étranger et, contrairement aux Africains, les Chinois n'expriment pas leurs sentiments. Il est donc difficile de savoir ce qu'ils pensent en leur for intérieur. Cependant, il suffit de leur faire un « Nihao » avec un sourire àla Colgate pour les voir se marrer et s'approcher. Cela marche à 90%. Alors imaginez un peu l'ambiance dans le train durant 14 heures. Je me suis retrouvé debout avec trois autres familles. Il y avait tous les types d'âge de 7 à 70 ans.

Il était tres intéressant de voir à quel point les jeunes chérissaient la société moderne chinoise alors que les anciens regrettent les valeurs d'antan. Ces anciens remettaient en question la consommation à l'excès et l'individualisme. Ils ne comprenaient pas pourquoi, au sein des grandes villes, le sentiment de partage n'était pas aussi présent et vivant que dans les campagnes et cela malgré le niveau de vie plus élevé au sein des grandes villes. Je tentais donc de suggérer l'idée que « l'être humain naît libre mais c'est la société qui le corrompt », comme pouvait l'affirmer notre cher ami Rousseau.

Un sage de 70 ans me cita alors Bouddha qui afirmait que la vie est une souffrance perpétuelle en raison des désirs de l'être et que l'accès au bonheur ne peut se faire qu'à condition qu'on puisse contrôler ses propres désirs et qu'on se satisfasse de ce qu'on a déjà. Je lui citai Confucius qui affirmait qu'il fallait apprendre à se satisfaire de simples chaussons avant de vouloir chausser des chaussures.

Ce débat eu un effet boule de neige et chacun était invité à donner son avis dans le wagon. Nous parlions de tous les sujets et même de politique. Ils m'expliquaient que la majorité des Chinois parlaient de tout type de sujet mais cela devait se faire à l'abri des forces de l'ordre. Ainsi, lorsqu'un militaire passait dans notre wagon, nous nous arrêtions de parler, en nous regardant, le sourire aux lèvres.

Au revoir, à regret

Arrivée a Pingyao. Je me rappelais cette sagesse qui affirme que ce n'est pas la destination qui fait le voyage mais c'est plutôt le voyage en lui-même, à savoir le trajet, les rencontres et les imprévus qui donnent du sens et de la beauté au voyage. Mes hôtes du train me proposèrent de rester avec eux et de continuer le trajet afin que je découvre leur maison au sein de la campagne chinoise.

N'étant encore pour l'instant que trop formaté, je refusais leur offre. Mais avec beaucoup de regret. La prochaine fois, j accepterai. Même si je dois mettre de côté une destination importante. En effet, il n'y a rien de mieux que le contact humain. Les sentiments humains du cœur sont plus importants que la beauté visuelle. À peine arrivé a Pingyao, je désirai déjà reprendre le train pour de nouvelles rencontres.

La vie est une école. Il faut parfois savoir apprendre à travers les défis qu'elle nous lance. Facile à dire mais difficile à pratiquer.

Bon vent.

Tags : chine pingyao
Rédigé par Dahmane Mazouzi le Lundi 27 Décembre 2010 | {0} Commentaires