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Sur le vif

Haditha: un commandant défend l'attitude des Marines

| Mercredi 9 Mai 2007 à 09:12

           


Un Marine, commandant de peloton, cité à comparaître devant la justice américaine dans l'affaire du meurtre de 24 civils irakiens dans la ville d'Haditha a assuré mardi qu'il avait été choqué d'apprendre que des femmes et des enfants étaient morts dans l'attaque, mais il a défendu la nécessité des assauts comme une opération de légitime combat.

Le lieutenant William Kallop est le premier officier arrivé sur les lieux de l'explosion de la bombe qui a tué un Marine et en a blessé deux autres le 19 novembre 2005. Arrivé quelques minutes après le drame, il a ordonné le "nettoyage" de plusieurs maisons. Les Marines ont alors massacré 24 civils irakiens.

Kallop, qui s'est vu accorder l'immunité pour son témoignage, était le premier témoin dans la plus grande affaire criminelle impliquant des militaires américains dans le meurtre de civils irakiens. Il a témoigné dans le cadre d'une audition préliminaire à Camp Pendleton consacrée au Capitaine Randy W. Stone, un avocat militaire accusé de manquement à son devoir pour ne pas avoir enquêté sur les massacres d'Haditha.

Charles Gittins, avocat civil de Stone, a appelé Kallop à la barre dans l'espoir que son témoignage prouve que Stone n'avait rien fait de mal: selon lui, Stone pensait que les meurtres étaient la conséquence légitime du combat.

"Je pense qu'aucun des officiers n'a fait consciemment quelque chose de mal, je pense qu'ils ont agi en fonction des informations dont ils disposaient", a dit Gittins à la cour. Il a souligné que Stone avait rendu compte de l'incident à sa hiérarchie mais qu'on lui avait demandé de ne pas pousser l'enquête plus loin.

Stone, 34 ans, et trois autres officiers répondent de manquement à leurs devoirs et de lacunes dans l'enquête et dans le signalement des massacres. Trois simples Marines sont inculpés de meurtre sans préméditation dans la même affaire. Ils nient avoir mal agi, arguant qu'ils ont répondu de manière appropriée à la perception d'une menace dans un moment de chaos complet.

Après l'explosion qui coûté la vie d'un Marine le 19 novembre 2005 à Haditha, cinq hommes circulant à bord d'un taxi avaient d'abord été abattus alors qu'ils s'approchaient du groupe de Marines. Les 19 autres civils -dont des femmes et des enfants- avaient été tués peu après, lors d'une opération punitive menée par ces mêmes Marines. Allant de maison en maison, les militaires avaient lancé des grenades et tiré des coups de feu.

Initialement, le Corps des Marines avait affirmé que 15 Irakiens avaient été tués à Haditha dans l'explosion d'une bombe posée en bordure d'une route et que huit insurgés avaient ensuite été abattus par des Marines lors d'affrontements qui avaient suivi.

Cette version a rapidement été remise en cause grâce aux témoignages recueillis sur place auprès de survivants de Haditha par des organisations de défense des droits de l'homme et par des journalistes.

Au total, ce sont huit Marines qui ont été inculpés dans cette affaire. Ils appartiennent tous à la Compagnie Kilo, au sein du 3e Bataillon du 1er Régiment de Marines, basé à Camp Pendleton.




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