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Sur le vif

Inde : un musulman lynché à mort par des extrémistes hindous

Rédigé par Lina Farelli | Mardi 25 Juin 2019 à 15:22

           


Inde : un musulman lynché à mort par des extrémistes hindous
En Inde, les violences religieuses envers l’importante minorité musulmane continuent de sévir au point d’en alerter le Département d’Etat américain, qui a épinglé le pays, dirigé par l’ultranationaliste hindou Narendra Modi, dans son rapport annuel publié vendredi 21 juin sur l’état des libertés religieuses dans le monde.

Dernièrement, un jeune homme de confession musulmane a été victime d’un lynchage dans un village du district de Kharsawan, dans l’État de Jharkhand. Tabrez Ansari, tout juste âgé de 24 ans, a été battu le 18 juin dernier par des villageois pendant près de 12 heures. Une vidéo de 10 minutes montrant le supplice vécu par le jeune homme a circulé sur les réseaux sociaux. Attaché à un arbre, il a imploré ses assaillants d’arrêter et s’est plié aux volontés de ces derniers de crier des formules hindoues pour louer les divinités Ram et Hanuman.

Après 12 heures de calvaire, la police a été dépêchée sur les lieux mais, au lieu de s’en prendre aux auteurs du lynchage, a arrêté la victime avant de le placer en garde à vue. « C’est un comportement habituel de la police : elle a tendance à enregistrer les plaintes contre la victime (d’abord) plutôt que contre l’accusé », a déclaré à Al Jazeera Harsh Mander, membre fondateur d’une campagne de solidarité envers les victimes de violence haineuse, déplorant un environnement social et politique à travers le pays « qui favorise et encourage ce type de violence ».

Pour se justifier, ses agresseurs ont accusé Tabrez Ansari d’avoir essayé de voler une moto. Il a été amené quatre jours plus tard à l’hôpital où il est décédé des suites de ses blessures samedi 22 juin. Le jeune homme est le dernier en date d’une longue liste de personnes lynchées ces dernières années parce que musulmans.

Après le décès de Tabrez Ansari, qui s'était marié un mois et demi plus tôt, les autorités locales ont alors procédé à l’arrestation, mardi 25 juin, de onze personnes suspectées d’avoir participé au lynchage. Deux policiers ont également été suspendus de leur fonction pour leur mauvaise gestion de l’affaire. Le ministre des Affaires des minorités, Mukhtar Abbas Naqvi, a, pour sa part, condamné « un crime haineux » mais celui-ci demeure, à ses yeux, « un cas isolé » en Inde.

« Le gouvernement mènera une enquête. La tendance à politiser de tels incidents est injuste », a déclaré un ministre du Jharkhand, après le lynchage de Tabrez Ansari que beaucoup imputent à la politique du BJP. Le gouvernement indien a rejeté, lundi 24 juin, les conclusions du rapport américain accusant le parti au pouvoir de favoriser les violences envers les minorités musulmanes.

« Son erreur était qu’il était musulman, sinon il aurait été en vie », ont regretté les proches de la victime, qui ont soutenu que, même s’il était vraiment pris en train de voler, rien ne pouvait justifier son passage à tabac. « Mon beau-fils serait toujours vivant si l'administration lui avait montré un peu de sympathie et donné un minimum d'attention médicale », a fait savoir la belle-mère de Tabrez Ansari, qui a accusé l'administration d'avoir « commis un meurtre de sang-froid en laissant Tabrez mourir d'une douleur atroce. Pour sauver sa vie, la police aurait au moins pu le faire admettre dans n'importe quel hôpital ».

Mise à jour jeudi 27 juin : Des rassemblements ont été organisés dans une cinquantaine de villes indiennes mercredi 26 juin afin de réclamer justice pour Tabrez Ansari.

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