La liberté inclut la liberté des autres de faire ce que je considère moi-même comme dérangeant. Ou, pour le dire en une phrase souvent prêtée (à tort) à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »
En plein débat suscité par la votation du 7 mars contre le niqab en Suisse, il est une chose : le voile intégral me dérange, il m’irrite. Mais j’ai de la peine quand, dans un début de paternalisme trop insistant, on pense comprendre, mieux qu’elles-mêmes, ce qui anime les concernées, ce qu’elles pensent ou ressentent. Pensez-vous vraiment que la femme musulmane a besoin de notre sauvetage par les urnes ?
Depuis janvier 2021, nous avons les résultats de la première étude scientifique sur la situation en Suisse (« Verhüllung – die Burkadebatte in der Schweiz », du professeur Andreas Tunger-Zanetti, de l’Université de Lucerce). La grande majorité des femmes portent le voile intégral de leur plein gré. Souvent contre l’avis de leur mari ou de leur famille. Certaines ont quitté leur mari considéré comme pas suffisamment pieux. Ces résultats correspondent avec ceux d’autres études européennes sur la même thématique.
Lire aussi : Derrière le niqab, une enquête à contre-courant qui dévoile le voile intégral en France
Oui, cela irrite, mais ayant au moins l’humilité de dire que cette irritation relève peut-être d’une dissonance cognitive : quand nos idées reçues se heurtent aux faits présentés. Mais laissons ce débat stérile, on n’avancera pas d’ici mars dans ce climat délétère que génère cette campagne. Les avis déjà exprimés ne pourront plus faire marche arrière.
Mettons plutôt l’accent sur le véritable enjeu de cette campagne, le progrès de l’égalité hommes-femmes. L’émotivité de l’objet principal risque de voiler ce que le Conseil fédéral et le Parlement nous présente à cet égard dans le contre-projet indirect que peu connaissent malheureusement.*
En plein débat suscité par la votation du 7 mars contre le niqab en Suisse, il est une chose : le voile intégral me dérange, il m’irrite. Mais j’ai de la peine quand, dans un début de paternalisme trop insistant, on pense comprendre, mieux qu’elles-mêmes, ce qui anime les concernées, ce qu’elles pensent ou ressentent. Pensez-vous vraiment que la femme musulmane a besoin de notre sauvetage par les urnes ?
Depuis janvier 2021, nous avons les résultats de la première étude scientifique sur la situation en Suisse (« Verhüllung – die Burkadebatte in der Schweiz », du professeur Andreas Tunger-Zanetti, de l’Université de Lucerce). La grande majorité des femmes portent le voile intégral de leur plein gré. Souvent contre l’avis de leur mari ou de leur famille. Certaines ont quitté leur mari considéré comme pas suffisamment pieux. Ces résultats correspondent avec ceux d’autres études européennes sur la même thématique.
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Oui, cela irrite, mais ayant au moins l’humilité de dire que cette irritation relève peut-être d’une dissonance cognitive : quand nos idées reçues se heurtent aux faits présentés. Mais laissons ce débat stérile, on n’avancera pas d’ici mars dans ce climat délétère que génère cette campagne. Les avis déjà exprimés ne pourront plus faire marche arrière.
Mettons plutôt l’accent sur le véritable enjeu de cette campagne, le progrès de l’égalité hommes-femmes. L’émotivité de l’objet principal risque de voiler ce que le Conseil fédéral et le Parlement nous présente à cet égard dans le contre-projet indirect que peu connaissent malheureusement.*
Dire non à une initiative simpliste qui propose plus de dégâts que de bien
Contrairement à l’initiative qui, dans une logique populiste, veut simplement écraser ce qu’elle considère comme problème, le contre-projet propose des véritables projets de société. Il entre automatiquement en vigueur si l’initiative est refusée. Dans ce cas, les lois fédérales sur les étrangers et l’intégration, celle sur l’égalité ainsi que celle sur la coopération au développement seront modifiées afin de renforcer la protection des femmes et la promotion de l’égalité en Suisse et à l’étranger.
Quant à la loi sur l’égalité, il y a même une petite révolution en vue, actuellement limité au domaine de la vie professionnelle puisqu’elle élargirait son champ d’application à la vie en société en général grâce au contre-projet. Une véritable avancée qui toucherait sans doute des milliers, voire des dizaines de milliers de femmes. L’initiative concerne elle, toujours selon l’étude citée ci-dessus, entre 20 et 30 femmes au maximum en Suisse, et dont une grande majorité a choisi cet habillement librement et se verrait donc privées de ses libertés fondamentales.
Il est d’une évidence frappante que la protection des femmes et l’égalité passent par le contre-projet dont la bonne compréhension des propositions est un véritable enjeu. Ne noyons pas cette réalité dans un débat stérile sur une initiative simpliste qui propose plus de dégâts que de bien.
*Si le contre-projet est adopté, les personnes dissimulant leur visage ne seront de le montrer que lorsque cela s’avère être nécessaire pour l’identification dans les administrations ou encore les transports publics.
*****
Pascal Gemperli vit dans le Canton de Vaud depuis l’an 2000. D’origine alémanique, il est secrétaire général de l'Union des associations musulmanes (UVAM) qu’il a présidé de 2012 à 2018. Il est porte-parole de la Fédération des Organisations islamiques de Suisse (FOIS) et membre de la Commission consultative du Centre Suisse Islam et Société (CSIS) de l'Université de Fribourg. Pascal Gemperli est aussi médiateur assermenté et membre du Conseil communal de Morges. Pour ae-Centre, il gère des projets de coopération au Maghreb. Première parution du texte sur le blog de l’auteur, hébergé par Le Temps.
Lire aussi :
En Suisse, la campagne sur l'initiative populaire anti-niqab bat son plein
Quant à la loi sur l’égalité, il y a même une petite révolution en vue, actuellement limité au domaine de la vie professionnelle puisqu’elle élargirait son champ d’application à la vie en société en général grâce au contre-projet. Une véritable avancée qui toucherait sans doute des milliers, voire des dizaines de milliers de femmes. L’initiative concerne elle, toujours selon l’étude citée ci-dessus, entre 20 et 30 femmes au maximum en Suisse, et dont une grande majorité a choisi cet habillement librement et se verrait donc privées de ses libertés fondamentales.
Il est d’une évidence frappante que la protection des femmes et l’égalité passent par le contre-projet dont la bonne compréhension des propositions est un véritable enjeu. Ne noyons pas cette réalité dans un débat stérile sur une initiative simpliste qui propose plus de dégâts que de bien.
*Si le contre-projet est adopté, les personnes dissimulant leur visage ne seront de le montrer que lorsque cela s’avère être nécessaire pour l’identification dans les administrations ou encore les transports publics.
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Pascal Gemperli vit dans le Canton de Vaud depuis l’an 2000. D’origine alémanique, il est secrétaire général de l'Union des associations musulmanes (UVAM) qu’il a présidé de 2012 à 2018. Il est porte-parole de la Fédération des Organisations islamiques de Suisse (FOIS) et membre de la Commission consultative du Centre Suisse Islam et Société (CSIS) de l'Université de Fribourg. Pascal Gemperli est aussi médiateur assermenté et membre du Conseil communal de Morges. Pour ae-Centre, il gère des projets de coopération au Maghreb. Première parution du texte sur le blog de l’auteur, hébergé par Le Temps.
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