Mahsa Amini est devenu à ses dépens un symbole de la répression des libertés en Iran. Arrêtée le 13 septembre à Téhéran par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés », la jeune femme de 22 ans était accusée d’avoir mal porté son voile. Elle est tombée dans le coma dans les premières heures de sa détention avant de mourir trois jours plus tard. Depuis, une colère vive éclate à travers le pays contre le port obligatoire du voile et la brutalité policière. De nombreuses femmes défient les autorités en protestant sans foulard. Des scènes de femmes brûlant ce vêtement au vu et au su de tous sont observées.
De telles actions ne sont pas nouvelles ; elles se multiplient ces dernières années mais étaient jusqu'ici plutôt de nature très individualistes, « sans remettre en cause le régime islamique », affirme la professeure de sociologie Azaden Kian, spécialiste des mouvements d’émancipation des femmes en Iran, à Libération. « Aujourd’hui, les manifestantes contestent le voile comme un symbole religieux et politique. Les slogans ciblent le voile, le guide et le régime. C’est une action collective de femmes qui ôtent leur voile ensemble. La volonté d'action collective refait surface, à laquelle répond une répression féroce », d'autant plus que le régime « a peur ». Le président Ebrahim Raïssi a été élu en juin 2021 avec un taux de participation très bas (48,78 %), « malgré le bourrage des urnes », explique-t-elle. « Le régime se maintient par la répression et l’absence d’alternative. »
Lire aussi : En Iran, les femmes contestant le port obligatoire du voile victimes d’une « campagne cruelle »
De telles actions ne sont pas nouvelles ; elles se multiplient ces dernières années mais étaient jusqu'ici plutôt de nature très individualistes, « sans remettre en cause le régime islamique », affirme la professeure de sociologie Azaden Kian, spécialiste des mouvements d’émancipation des femmes en Iran, à Libération. « Aujourd’hui, les manifestantes contestent le voile comme un symbole religieux et politique. Les slogans ciblent le voile, le guide et le régime. C’est une action collective de femmes qui ôtent leur voile ensemble. La volonté d'action collective refait surface, à laquelle répond une répression féroce », d'autant plus que le régime « a peur ». Le président Ebrahim Raïssi a été élu en juin 2021 avec un taux de participation très bas (48,78 %), « malgré le bourrage des urnes », explique-t-elle. « Le régime se maintient par la répression et l’absence d’alternative. »
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Un lourd bilan humain qui pourrait s'aggraver
Le mouvement de protestation a déjà engendré au moins 50 morts selon un bilan établi vendredi 23 septembre par le Centre pour les droits humains en Iran (IHR), une ONG basée à Oslo qui a compté des manifestations à travers 80 villes. Pour leur part, les autorités iraniennes avaient reconnu la veille 17 décès sur les 36 qui avaient alors été recensés par des sources indépendantes reconnues par IHR. « Les dirigeants internationaux doivent faire pression sur les responsables iraniens pour autoriser les manifestations sans recours à des armes létales », alerte l'organisation, qui s'attend à d’autres décès dans les jours à venir.
Pendant ce temps, le président iranien était à New York pour participer à l’Assemblée générale des Nations unies. Pour cette occasion, Christiane Amanpour, la journaliste star de CNN née en Grande-Bretagne d’un père iranien, avait obtenu une interview de sa part. La première interview réalisée sur le sol américain, avait-elle précisé dans un tweet. Mais cette rencontre n’a jamais eu lieu.
Quarante minutes après l’heure du face-à-face, un conseiller du président iranien lui a rapporté qu'Ebrahim Raïssi souhaitait qu’elle porte un voile, arguant du fait que la rencontre avait lieu « pendant les mois sacrés de Muharram et Safar ». Notons que ce sont deux mois distincts du calendrier islamique et que nous sommes à la fin du mois de Safar. Celui-ci suit Muharram mais se trouve ne pas être un mois sacré du calendrier hégirien, relève-t-on à Saphirnews.
Toujours est-il que la cheffe de l’antenne internationale de CNN a refusé de céder à cette demande. « Nous sommes à New York, où il n’existe aucune loi ou tradition concernant le port du foulard. J’ai fait remarquer qu’aucun président iranien précédent ne l’avait exigé lorsque je les avais rencontrés en dehors de l’Iran », a expliqué Christiane Amanpour, avant de poster une photo d’elle en face d’un fauteuil vide. « Alors que les manifestations se poursuivent en Iran et que des personnes sont tuées, cela aurait été important de parler avec le président Raïssi. »
Pendant ce temps, le président iranien était à New York pour participer à l’Assemblée générale des Nations unies. Pour cette occasion, Christiane Amanpour, la journaliste star de CNN née en Grande-Bretagne d’un père iranien, avait obtenu une interview de sa part. La première interview réalisée sur le sol américain, avait-elle précisé dans un tweet. Mais cette rencontre n’a jamais eu lieu.
Quarante minutes après l’heure du face-à-face, un conseiller du président iranien lui a rapporté qu'Ebrahim Raïssi souhaitait qu’elle porte un voile, arguant du fait que la rencontre avait lieu « pendant les mois sacrés de Muharram et Safar ». Notons que ce sont deux mois distincts du calendrier islamique et que nous sommes à la fin du mois de Safar. Celui-ci suit Muharram mais se trouve ne pas être un mois sacré du calendrier hégirien, relève-t-on à Saphirnews.
Toujours est-il que la cheffe de l’antenne internationale de CNN a refusé de céder à cette demande. « Nous sommes à New York, où il n’existe aucune loi ou tradition concernant le port du foulard. J’ai fait remarquer qu’aucun président iranien précédent ne l’avait exigé lorsque je les avais rencontrés en dehors de l’Iran », a expliqué Christiane Amanpour, avant de poster une photo d’elle en face d’un fauteuil vide. « Alors que les manifestations se poursuivent en Iran et que des personnes sont tuées, cela aurait été important de parler avec le président Raïssi. »
Ce dernier a déclaré, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, qu'une enquête sur la mort de Mahsa Amini sera « certainement ouverte », assurant avoir « pris contact avec la famille de la défunte » et lui avoir promis « d’enquêter assidûment sur l’incident ». Des mots qui ne suffisent pas. Le vent de révolte qui souffle à travers l’Iran n’est, pour le moment, pas prêt de se calmer.
Pour freiner les contestations et mieux les réprimer, le régime a procédé au verrouillage d'Internet, en coupant notamment l'accès à WhatsApp et à Instagram, des plateformes très utilisées depuis le blocage des plateformes comme Youtube, Facebook, Telegram, Twitter et Tiktok ces derniers années. Ce qui fait craindre à Amnesty International une nouvelle répression « à l’abri des regards ». En parallèle, les autorités ont organisé des manifestations massives pour soutenir la législation sur le voile dont l'une à Téhéran a réuni des milliers de personnes vendredi 23 septembre.
« Le régime est fragile. Il a peur. (…) Après, il ne faut pas penser qu'il y aura un changement de régime, une révolution, dans deux semaines ou dans deux mois, parce qu'il n'y a pas d'alternative politique pour l’instant et c’est l’Etat iranien qui a tout fait pour cela aussi. En Iran, il n’y a pas de partis à proprement parler, pas de syndicats, pas de mouvement révolutionnaire », explique Farid Vahid, directeur de l'Observatoire du Moyen-Orient de la Fondation Jean Jaurès sur France Inter. « Il ne faut pas non plus penser ces mouvements ne servent pas à rien. A chaque fois qu’émerge un mouvement comme celui-ci, c’est un pas de plus vers la liberté et vers un changement fondamental. »
Mise à jour lundi 3 octobre : Contre la répression en Iran, un fort soutien a été manifesté depuis Paris.
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Après l’attaque contre Salman Rushdie, l’Iran rejette la faute sur l’écrivain
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« Le régime est fragile. Il a peur. (…) Après, il ne faut pas penser qu'il y aura un changement de régime, une révolution, dans deux semaines ou dans deux mois, parce qu'il n'y a pas d'alternative politique pour l’instant et c’est l’Etat iranien qui a tout fait pour cela aussi. En Iran, il n’y a pas de partis à proprement parler, pas de syndicats, pas de mouvement révolutionnaire », explique Farid Vahid, directeur de l'Observatoire du Moyen-Orient de la Fondation Jean Jaurès sur France Inter. « Il ne faut pas non plus penser ces mouvements ne servent pas à rien. A chaque fois qu’émerge un mouvement comme celui-ci, c’est un pas de plus vers la liberté et vers un changement fondamental. »
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