Sur une scène quasi nue, au décor réduit a minima, quatre comédiens vont happer le public plus d’une heure durant, entre rires et émotions, et les emmener au Djihad.
Jihad, ce mot honni, qui a perdu son sens premier de recherche spirituelle dans une lutte intérieure contre ses propres démons et dans l’accomplissement de soi vers le meilleur de l’âme et du comportement… Jihad, ce mot brandi désormais par les politiques et les médias pour l’associer à une « guerre sainte » de l’Orient contre l’Occident et le relier irrémédiablement au terrorisme…
Jihad, ce mot honni, qui a perdu son sens premier de recherche spirituelle dans une lutte intérieure contre ses propres démons et dans l’accomplissement de soi vers le meilleur de l’âme et du comportement… Jihad, ce mot brandi désormais par les politiques et les médias pour l’associer à une « guerre sainte » de l’Orient contre l’Occident et le relier irrémédiablement au terrorisme…
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Avec un tel titre qui fout a priori les jetons, il était plutôt prédit que la pièce de théâtre Djihad n’allait pas faire long feu. Que nenni. Écrite en août 2014 par Ismaël Saïdi, scénariste et réalisateur − inspiré par Marine Le Pen « qui a été ma muse », nous dit-il, tant il a été choqué par ses propos selon lesquels « les départs des jeunes en Syrie ne posent pas de problèmes tant qu’ils ne reviennent pas » −, la pièce Djihad, programmée au départ pour seulement cinq représentations fin décembre 2014, n’a jamais désempli.
A ce jour, la pièce Djihad comptabilise plus de 55 000 spectateurs, dont 27 000 élèves. Les attentats tragiques de janvier et de novembre 2015 ont paradoxalement mis en selle la pièce de théâtre Djihad : il fallait comprendre ce qui motivait ces jeunes aspirant au jihad armé, démonter leurs contradictions, dénoncer leur vision binaire du monde, et surtout se moquer de leur religion bricolée à coups d’interdits (haram, illicite) et de la façon dont ils l’ont ingurgitée.
A ce jour, la pièce Djihad comptabilise plus de 55 000 spectateurs, dont 27 000 élèves. Les attentats tragiques de janvier et de novembre 2015 ont paradoxalement mis en selle la pièce de théâtre Djihad : il fallait comprendre ce qui motivait ces jeunes aspirant au jihad armé, démonter leurs contradictions, dénoncer leur vision binaire du monde, et surtout se moquer de leur religion bricolée à coups d’interdits (haram, illicite) et de la façon dont ils l’ont ingurgitée.
Sous les traits d’humour, la gravité des propos
Avec un humour très belge, Ismaël Saidi − « belge, musulman, pratiquant, assumé, et je ne le cache pas » − n’est pas tendre avec ses trois personnages principaux : Ben, le fan d’Elvis Presley à qui l’on dit que la musique (haram !) l’emmènera en enfer ; Reda, amoureux penaud de Valérie non musulmane (haram !) ; Ismaël, l’apprenant bien naïf qui n’a jamais lu le Coran et aime tant dessiner des mangas (haram !). Partis de Bruxelles, ils s’en vont vers Homs combattre pour la vraie cause (laquelle, au fait ?).
« Mais le vrai propos de la pièce n’est pas tant le jihadisme que la rupture identitaire », souligne Ismaël Saidi, scénariste et réalisateur, notamment de Moroccan Gigolos (2013), un film décapant, à l’humour corrosif, sur trois jeunes Bruxellois au chômage qui n’hésitent pas à se prostituer en gigolos auprès de vieilles dames esseulées pour gagner de l’argent et pouvoir enfin ouvrir leur propre entreprise de fastfood.
Dans Djihad, l’humour n’est pas le même. Il est en final plus grave. Sous un air de comédie façon stand-up bon enfant : jeu d’acteurs qui va crescendo, beaucoup de textes, dont quasi chaque phrase fait mouche auprès d'un public qui connait bien les codes de l’islamité reconstruite en terres d’Europe et ne manque pas de réagir (applaudissements, huées, rires…), Djihad pointe véritablement les travers : de la société (belge, mais aussi française tant elles se ressemblent), de jeunes en recherche de vérité religieuse, de la transmission de la religion islamique telle qu’elle a été véhiculée depuis ces vingt dernières années.
« Mais le vrai propos de la pièce n’est pas tant le jihadisme que la rupture identitaire », souligne Ismaël Saidi, scénariste et réalisateur, notamment de Moroccan Gigolos (2013), un film décapant, à l’humour corrosif, sur trois jeunes Bruxellois au chômage qui n’hésitent pas à se prostituer en gigolos auprès de vieilles dames esseulées pour gagner de l’argent et pouvoir enfin ouvrir leur propre entreprise de fastfood.
Dans Djihad, l’humour n’est pas le même. Il est en final plus grave. Sous un air de comédie façon stand-up bon enfant : jeu d’acteurs qui va crescendo, beaucoup de textes, dont quasi chaque phrase fait mouche auprès d'un public qui connait bien les codes de l’islamité reconstruite en terres d’Europe et ne manque pas de réagir (applaudissements, huées, rires…), Djihad pointe véritablement les travers : de la société (belge, mais aussi française tant elles se ressemblent), de jeunes en recherche de vérité religieuse, de la transmission de la religion islamique telle qu’elle a été véhiculée depuis ces vingt dernières années.
En Belgique, la pièce a été déclarée d’« utilité publique » et a bénéficié de subventions à titre d’« outil pédagogique » pour être jouée auprès des élèves dans le cadre d’un plan de prévention contre la radicalisation. La pièce est quasi systématiquement suivi d’un débat en présence d’un islamologue et d’un journaliste afin d’aborder toutes les questions qui fâchent.
À la suite de son succès, Djihad est désormais programmé en France, au Théâtre des Feux de la Rampe (Paris 9e), du 16 septembre au 31 décembre 2016. Cependant, pour garder son impact pédagogique, il serait utile que le ministère français de l’Education nationale s’inspire de l’initiative de son homologue belge en programmant la pièce pour les scolaires.
« Je ne pensais pas que ce que je raconte de ma vie à 16 ans, alors que j’en ai aujourd’hui 39, soit encore d’actualité pour les jeunes », dit si bien Ismaël Saidi, qui explique n'avoir pas eu besoin d'interviewer des apprentis djihadistes candidats au départ pour écrire sa pièce mais s’être tout simplement inspiré de « trois morceaux de moi » pour dresser ses trois personnages principaux. Son ouvrage autobiographique Les Aventures d’un musulman d’ici (Ed. La Boîte à pandore, 2015) de cet ancien policier devenu comédien et réalisateur est de ce point de vue un excellent témoignage du parcours d’un jeune musulman européen. Depuis ces années passées, le constat d’Ismaël Saidi reste pourtant amer quant à la situation des musulmans : « On a fait marche arrière, on a haramisé encore plus la vision du monde », déplore-t-il.
Son prochain livre Finalement, il y a quoi dans le Coran ?, coécrit avec l’islamologue Rachid Benzine (Ed. La Boîte à pandore, octobre 2016) devrait, on l’espère, fermer le clapet aux prédicateurs qui affirment mordicus que « tout est dans le Coran ».
« Je ne pensais pas que ce que je raconte de ma vie à 16 ans, alors que j’en ai aujourd’hui 39, soit encore d’actualité pour les jeunes », dit si bien Ismaël Saidi, qui explique n'avoir pas eu besoin d'interviewer des apprentis djihadistes candidats au départ pour écrire sa pièce mais s’être tout simplement inspiré de « trois morceaux de moi » pour dresser ses trois personnages principaux. Son ouvrage autobiographique Les Aventures d’un musulman d’ici (Ed. La Boîte à pandore, 2015) de cet ancien policier devenu comédien et réalisateur est de ce point de vue un excellent témoignage du parcours d’un jeune musulman européen. Depuis ces années passées, le constat d’Ismaël Saidi reste pourtant amer quant à la situation des musulmans : « On a fait marche arrière, on a haramisé encore plus la vision du monde », déplore-t-il.
Son prochain livre Finalement, il y a quoi dans le Coran ?, coécrit avec l’islamologue Rachid Benzine (Ed. La Boîte à pandore, octobre 2016) devrait, on l’espère, fermer le clapet aux prédicateurs qui affirment mordicus que « tout est dans le Coran ».
Djihad
Du 16 septembre au 31 décembre 2016, Théâtre Les Feux de la rampe
Auteur et metteur en scène : Ismaël Saidi
Avec (en alternance) : Ismaël Saidi, James Deano, Reda Chebchoubi, Shark Carrera, Florian Chauvet, Adel Djemai, Helmi Dridi
Tarifs : 35 € (or) ; 28 € (plein) ; 20 € (réduit) ; 14 € (si deux personnes)
Du 16 septembre au 31 décembre 2016, Théâtre Les Feux de la rampe
Auteur et metteur en scène : Ismaël Saidi
Avec (en alternance) : Ismaël Saidi, James Deano, Reda Chebchoubi, Shark Carrera, Florian Chauvet, Adel Djemai, Helmi Dridi
Tarifs : 35 € (or) ; 28 € (plein) ; 20 € (réduit) ; 14 € (si deux personnes)
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