Alors qu’un mur dispendieux se construit en terre palestinienne, 1/5ème de la population israélienne se trouve aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Ce quotidien précaire est, au-delà de la gravité de la situation politique, le résultat de la mauvaise gestion gouvernementale d’une récession sans précédent depuis 1953. Ainsi, le gouvernement Sharon, en réduisant brutalement les dépenses sociales en faveur du budget de la Défense et d’un soutien ' actif ' au processus de colonisation, semble avoir sacrifié une partie de sa population : mères célibataires, sans-logis, chômeurs, personnes âgées…
Une crise économique sans précédent
La croissance israélienne, entre 1992 et 1995, dépassait les 7% par an grâce aux accords d’Oslo et l’arrivée des juifs de l’ancienne URSS. Elle n’a cessé, depuis, de dégringoler. La seconde Intifada a transformé cette chute en une récession majeure. Aujourd’hui, Israël en tant qu’entité économique, est malade : le produit national brute (ou richesse créée sur le territoire national) ne cesse de reculer depuis le second semestre 2001. Le déficit budgétaire avoisine les 6%. La production industrielle a régressé de 1.1%. La consommation des ménages suit cette même tendance à la chute.
Un chômage de masse
Ainsi, plus de 220 000 Israéliens sont inscrits au chômage soit 11% de la population active (sans compter ceux qui ne sont pas inscrits). Des milliers d’enseignants viennent d’être licenciés. Dans les prochains mois, des milliers de fonctionnaires risquent de suivre cette même trajectoire ou d’être contraints à accepter un départ en retraite anticipée. Les réponses du gouvernement Sharon, pour traiter ce chômage, s’inspirent intimement de l’idéologie néo-libérale : diminuer le montant des pensions pour ' inciter ' les ayants droit à accepter des emplois ' précaires '. A ce titre, ' les moins de 25 ans seront contraints de se présenter quotidiennement dans les agences de l’emploi, l’objectif étant de les forcer à prendre la place des 200 000 à 250 000 travailleurs immigrés, dont plus de 50 000 ont été expulsés par la police. Surexploités, ils travaillent fréquemment jusqu’à 14 heures par jour et sept jours par semaine pour un salaire mensuel de 500 à 600$ '*. Les Israéliens récusent cet 'esclavage moderne'.
Des coupes claires dans les budgets sociaux
Le gouvernement Sharon, dont le ministre des finances, Mr Nétanyahou, méconnaît la réalité de la structure sociale israélienne où les inégalités se creusent. Le plan de rigueur touche directement les plus ' faibles ' : coupes claires dans le budget des services sociaux, atteintes à l’Etat providence, durcissement des conditions d’attribution de l’allocation chômage ainsi que son montant, de même pour les allocations familiales, maternité et aux mutilés au travail, gèle des allocations vieillesse… Désormais, un Israélien sur 5, soit 1.17 millions de personnes, se trouve sous le seuil de pauvreté. 400 000 familles israéliennes, soit 22% de la population, subissent une ' insécurité alimentaire '. Accessoirement, la future réforme des retraites programme de passer progressivement l’âge de la retraite de 65 à 67 ans pour les hommes, de 60 à 67 ans pour les femmes.
Comme le souligne justement l’ancienne députée communiste Tamar Goujansky, ' la crise économique et sociale résulte de deux facteurs : d’une part, la guerre, l’occupation et la colonisation, d’autre part, la politique néo-libérale du gouvernement '
*Le monde diplomatique ' Ces israéliens qui ont faim ', Joseph Algazy