Régionales obligent, le serpent de mer d’Alsace-Moselle était de sortie : la place de l’islam, exclue du Concordat de 1801 qui régit la place et le financement des religions.
Dans ce territoire qui n’était pas français lors du vote de la loi de séparation en 1905, les curés, prêtres et pasteurs touchent en moyenne 2 500 euros nets par mois, un évêque 4 200. À quoi s’ajoutent un logement de fonction et des frais de déplacement princiers. Au final, ce ne sont pas moins de 55 millions d’euros qui sont alloués chaque année aux budgets des cultes alsaciens-mosellans.
Les imams, eux, ne touchent rien, ce qui a le dont d’irriter Mohamed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman. Il a rappelé, à la fin du ramadan en septembre dernier, que la proposition de loi visant l’intégration de l’islam au Concordat, présentée en juin 2006 par le député UMP de Moselle François Grosdidier, était toujours d’actualité.
À la tête de leurs 110 000 pratiquants estimés, les responsables des CRCM locaux (Conseils régionaux des cultes musulmans) cherchent à intégrer le statut d’exception par la petite porte et mitonnent pour 2011 un « programme scolaire » pour faufiler l’islam dans les cours d’éducation religieuse dispensés à l’école publique. Coran qui s’en dédit, l’idée fait son chemin. Le président UMP de l’Alsace, feu Adrien Zeller, avait conçu un projet de classes pilotes en ce sens. Projet toujours dans les tiroirs de l’UMP. Le président du CRCM d’Alsace, Driss Ayachour, veut « combler un vide » pour ces enfants « qui n’ont jamais vu leur pays d’origine ».
Cette position hérisse le poil de ceux qui veulent faire table rase des bigoteries. « Pour l’académie de Strasbourg, 70 % des collégiens demandent une dispense pour les cours de religion, au lycée on est à 96 % », indique Bernard Enclin, président de "Laïcité d’accord". « Intégrer l’enseignement de l’islam quand l’intérêt pour la religion recule serait aller à contresens des évolutions de la société », renchérit Gauvain End, prof d’histoire.
L’évêque auxiliaire de Strasbourg, Mgr Christian Kratz, s’appuie sur d’autres chiffres : plus de la moitié des Alsaciens sont favorables à l’enseignement de l’islam, contre 25% au milieu des années 1990. L’archevêché de Strasbourg voit dans l’incorporation de l’islam au Concordat « un moyen sérieux d’intégration des musulmans dans la République ».
Chez les politiques, rares sont ceux qui remettent en cause le statut concordataire, pour d’évidentes raisons électorales. « Dans la tête des Alsaciens-Mosellans, le Concordat est associé au régime local de la Sécurité sociale, bien plus avantageux que sur le reste du territoire, sans compter deux jours de congés payés en plus », confie Jean, jeune militant laïque. Si la foi se nourrit du ventre…
Auteur : Renaud Chenu
Source : Bakchich.info
Date de parution : 31/03/10
http://www.bakchich.info/L-Alsace-a-contre-Coran,10407.html
Dans ce territoire qui n’était pas français lors du vote de la loi de séparation en 1905, les curés, prêtres et pasteurs touchent en moyenne 2 500 euros nets par mois, un évêque 4 200. À quoi s’ajoutent un logement de fonction et des frais de déplacement princiers. Au final, ce ne sont pas moins de 55 millions d’euros qui sont alloués chaque année aux budgets des cultes alsaciens-mosellans.
Les imams, eux, ne touchent rien, ce qui a le dont d’irriter Mohamed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman. Il a rappelé, à la fin du ramadan en septembre dernier, que la proposition de loi visant l’intégration de l’islam au Concordat, présentée en juin 2006 par le député UMP de Moselle François Grosdidier, était toujours d’actualité.
À la tête de leurs 110 000 pratiquants estimés, les responsables des CRCM locaux (Conseils régionaux des cultes musulmans) cherchent à intégrer le statut d’exception par la petite porte et mitonnent pour 2011 un « programme scolaire » pour faufiler l’islam dans les cours d’éducation religieuse dispensés à l’école publique. Coran qui s’en dédit, l’idée fait son chemin. Le président UMP de l’Alsace, feu Adrien Zeller, avait conçu un projet de classes pilotes en ce sens. Projet toujours dans les tiroirs de l’UMP. Le président du CRCM d’Alsace, Driss Ayachour, veut « combler un vide » pour ces enfants « qui n’ont jamais vu leur pays d’origine ».
Cette position hérisse le poil de ceux qui veulent faire table rase des bigoteries. « Pour l’académie de Strasbourg, 70 % des collégiens demandent une dispense pour les cours de religion, au lycée on est à 96 % », indique Bernard Enclin, président de "Laïcité d’accord". « Intégrer l’enseignement de l’islam quand l’intérêt pour la religion recule serait aller à contresens des évolutions de la société », renchérit Gauvain End, prof d’histoire.
L’évêque auxiliaire de Strasbourg, Mgr Christian Kratz, s’appuie sur d’autres chiffres : plus de la moitié des Alsaciens sont favorables à l’enseignement de l’islam, contre 25% au milieu des années 1990. L’archevêché de Strasbourg voit dans l’incorporation de l’islam au Concordat « un moyen sérieux d’intégration des musulmans dans la République ».
Chez les politiques, rares sont ceux qui remettent en cause le statut concordataire, pour d’évidentes raisons électorales. « Dans la tête des Alsaciens-Mosellans, le Concordat est associé au régime local de la Sécurité sociale, bien plus avantageux que sur le reste du territoire, sans compter deux jours de congés payés en plus », confie Jean, jeune militant laïque. Si la foi se nourrit du ventre…
Auteur : Renaud Chenu
Source : Bakchich.info
Date de parution : 31/03/10
http://www.bakchich.info/L-Alsace-a-contre-Coran,10407.html