Dans la nuit de samedi à dimanche, au plein coeur de l'Arabie Saoudite, un attentat a fait 17 morts et 122 blessés. Instantanément attribué au réseau Al-Qaïda d'Ousamma Ben Laden, l'attentat visait un complexe résidentiel de la capitale composé de 230 habitations essentiellement occupées par des arabes. Les terroristes ont d'abord provoqué une fusillade avec les gardes de la résidence puis, trois explosions ont détruit l'enceinte de l'hôtel. Cet attentat intervient dans un climat de soutien du gouvernement saoudien à la politique américaine. Les wahabites, à travers ces attaques suicides, entendent bien faire connaître leur opposition au pouvoir en place.
Dans ce climat de menace, les gouvernements français, britannique et américain ont invité leurs ressortissants à la plus grande vigilance.
Les arabes, premières victimes
Parmi les victimes de cet attentat, figurent sept libanais, quatre égyptiens, un saoudien, et quatre autres personnes dont la nationalité n'a pas été encore identifiée. Selon les analyses politiques, cet attentat revêt une valeur symbolique, la proximité du complexe résidentiel des palais du roi, son fils et celui du ministre de l'intérieur est une mise en garde pour le gouvernement saoudien.
Les islamistes wahabites et les Saouds : un conflit de plus de 10 ans
'Ces gens sont désespérés. Ils savent qu'ils ne peuvent pas faire de coup d'Etat, qu'ils ne peuvent pas frapper les palais. Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est de provoquer la confusion et le désordre', estime Turki al-Hamad, analyste politique saoudien. Plus que de vouloir provoquer le désordre, les islamistes wahabites veulent chasser les armées américaines du sol saoudien. Le soutien et l'alliance du gouvernement saoudien aux gerres d'Afghanistan et d'Irak sont sources de tensions quotidiennes entre les deux 'camps': 'C'est une guerre quotidienne qui s'engage et qui s'inscrit dans la durée' estime Antoine Basbous, spécialiste du moyen-orient. Après l'alignement du pouvoir royal sur le gouvernement américain, une réelle scission idéologique s'est produite en Arabie Saoudite. D'un côté, les ulémas du trône soutiennent l'alliance avec les Etats-Unis. De l'autre, le camp de Ben Laden oeuvre pour montrer son désaccord à la politique du royaume. De plus cet attentat intervient en pleine négociation sur des futures réformes judiciaires et sociales qui risquent de réduire considérablement l'influence des islamistes wahabites.
De sa résidence, le président américain a téléphoné au prince saoudien pour lui faire part de ses condoléances et lui annoncer son soutien pour la lutte contre le terrorisme.