Le colonel Iouri Boudanov, accusé de viol et de meurtre d’une jeune Tchétchène a été déclaré, mardi 31 décembre 2002, « irresponsable de son acte » par le tribunal militaire de Rostov Sur le Don. Cette décision est une véritable libération pour l’armée russe qui se trouve une fois de plus soutenue dans ses exactions. Une armée à l’image d’une politique…
C’était le 26 Mars 2000, lors de beuveries militaires. L’unité du colonel Iouri Boudanov enleva une jeune tchétchène de 18 ans, Elsa Koungaïeva, de son village Tangui chou, situé au sud de Grozny. Elle ne fut jamais retrouvée vivante… Plus tard, le colonel avouera l’avoir étranglé dans sa tente au cours d’un interrogatoire. Une autopsie révélera qu’en outre de l’étranglement subi, elle a été violée une heure avant sa mort.
Un colonel sain d’esprit
Au début du procès il y a un an, deux expertises psychiatriques concluaient que Iouri Boudanov était bien sain d'esprit, ce qui l'exposait à une lourde peine de prison pouvant aller jusqu'à douze ans. Mais le tribunal militaire avait décidé, ensuite, de se tourner vers l'institut Serbski de médecine psychiatrique, à Moscou, haut lieu de la répression contre les dissidents à l'époque soviétique. En mai 2002, les experts de cet institut ont déclaré le colonel « irresponsable au moment des faits », ouvrant la voie à sa probable remise en liberté.
Ce qui fut confirmé ce mardi 31 décembre par le tribunal…
Des militaires « irresponsables »
«Si Boudanov est irresponsable, alors la guerre en Tchéchénie est menée par une armée irresponsable» s’est exprimé le président indépendantiste tchétchène Aslan Maskhadov à la suite du verdict. «Si un colonel, commandant d'un régiment et héros de la Russie est irresponsable, alors ses subalternes et ses supérieurs le sont aussi», a-t-il poursuivi. C’était le seul responsable militaire jugé jusqu’alors pour des exactions commises à l’encontre des civils tchétchènes. Le voilà maintenant acquitté, à l’image d’une volonté russe à continuer les massacres de tchétchènes.
Massacres commis au grands jour, maintes fois dénoncés par la presse et des organes humanitaires mais toujours pése un silence diplomatique de la communauté internationale.