Depuis le début du nouveau millénaire, la scène économique internationale est profondément marquée par une crise financière touchant la quasi-totalité des places boursières à travers le monde. La période suivant l’éclatement de la bulle, dite de la 'nouvelle économie', semble remettre en cause la croyance 'objective' qui reposait jusqu’alors sur les valeurs des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Ainsi, les investisseurs et les spéculateurs recherchent vivement des segments de marché à fort potentiel afin de rentabiliser leurs investissements. Dans cette perspective, la conquête du segment musulman devient progressivement un excellent choix…
Des générations prêtes à l’investissement
'Potentiellement, ce marché représente 200 à 400 milliards de dollars. Mais, jusqu’à présent, seule une faible part de ces capitaux sont investis en actions', explique Rushdi Siddiqui, responsable du développement de cette activité chez Down Jones. 'Le réflexe boursier n’était pas forcément dans la culture des premiers émigrants. Mais la deuxième ou la troisième génération semble prêtes à intégrer la culture occidentale sans toutefois renier sa foi', ajoute-t-il.
Par ailleurs, les indices lancés par Down Jones ne se veulent pas exclusivement dédiés aux musulmans. Les critères de sélection retenus, dont la teneur est certes contrôlée par un conseil de surveillance composé de responsables religieux (Cheikhs), sont susceptibles d’intéresser une population plus large.
Les taux d’intérêts mis de côté…
Outre l’exclusion de valeurs liées à l’alcool, la viande de porc, les services financiers conventionnels, l’hôtellerie, les jeux de hasard, le cinéma ou encore la pornographie, des filtres purement financiers visent à évincer les sociétés faisant un large usage des taux d’intérêt, prohibé par l’Islam. Les entreprises dont l’endettement représente plus d’un tiers de la capitalisation boursière ou dont les créances clients représentent plus de 45 % des actifs se retrouvent ainsi éliminées.
Enron et WorldCom avaient ainsi été exclus des indices islamiques de Down Jones avant que leurs difficultés n’éclatent au grand jour. Cependant, en plus de considérer l’investissement musulman comme une niche (segment) de marché à fort potentiel, les critères de sélection dits Islamiques ne constitueraient-ils pas un moyen de se prémunir des gigantesques scandales financiers sans précédent que l’on rencontre ces derniers temps ?