Nadia Ben Dhiffallah est la numéro 2 de la liste Euro-Palestine. Elle est aussi présidente de l’association Solidari’P, basée à Vitry sur Seine. Veillant au bon déroulement de la manifestation et de l’accueil des journalistes et des artistes, c’est entre deux tâches qu’elle nous parle de l’organisation et de la liste Euro-Palestine.
Quand on dit ça, je m’insurge. On a eu à peu prés 2% en Ile de France. Ce qui n'est pas mal d’un côté. Mais de l’autre, la communauté arabo-musulmane est très nombreuse en Ile de France. Si réellement, il s’agissait d’un vote communautaire, on aurait certainement plus de 5% et on aurait un élu au siége parlementaire. Nous ne sommes pas du tout une liste communautaire. Déjà par la diversité des origines et des confessions des candidats... Donc on pouvait ne pas plaire à beaucoup de monde. Et notre mot d’ordre n’est pas « vous êtes arabo-musulmane, votez pour nous ! » pas du tout ! Mais plutôt « vous êtes pour la justice et la paix en Palestine, alors votez pour nous ! » et pour qu’aussi l’Europe prenne ses responsabilités, tout simplement
A l’heure où nous parlons, Le Président Yasser Arafat lutte entre la mort et la vie. (Interview réalisée avant l’annonce de la mort de Yasser Arafat) Quel est votre sentiment ?
Nous sommes tous très désolés de l’état de santé de Yasser Arafat. On espère qu’il va se rétablir, même si l’espoir est de plus en plus mince. C’est dur pour la Palestine et pour les Palestiniens surtout parce que Arafat est un homme de paix qui a lancé beaucoup de processus de paix. C’est un grand symbole, mais il n’y a pas qu’un seul « Arafat ». Si, demain, ce n’est plus lui, alors il y en aura d’autres.
Comment est ce que Arafat, avait-il appris l’existence de la liste Euro-Palestine ?
Nous lui avions envoyé un courrier, lui expliquant ce qu’était la liste. Il a été très touché de notre existence pour parler au niveau européen de la Palestine.
Mais, en même temps vous n’avez pas eu peur d’enlever cette cause au parti des verts par exemple ?
C’est la première fois qu’une liste se crée avec un créneau qui est celui de la Palestine. Les verts certes en parlent, quoique cette année dans leur programme aux européennes il n’y ait pas eu de Palestine. Mais qu’est ce qu’il y a concrètement ? Une ou deux personnes qui en parlent ? Si aujourd’hui Euro-Palestine s’est créée, et s’est présenté aux élections européennes, c’est que justement il y a un manque à ce niveau là. Nous, on ne veut rien enlever à personne, on n’a pas d’autre programme que celui de la Palestine. Donc s’il y avait réellement un parti politique qui aurait mis la question palestinienne en avant, la liste n’existerait pas. On est obligé de passer par beaucoup de choses pour parler de la Palestine, les élections européennes nous ont permis d’en parler à un plus haut niveau. Malheureusement on n’a pas eu d’élu, mais j’espère que cela a, au moins, permis à certains partis politiques d’en parler.
Pourquoi avoir organisé un Concert pour la Palestine. Quel est votre objectif ?
Tout simplement parce qu'on est tous dans le milieu du militantisme depuis des années. Et qu’au bout d’un moment, on s’est dit qu’il fallait trouver autre chose que de faire des petites conférences, des petits concerts de 50 personnes, qui ne touchait pas grand monde. Et on s’est dit pourquoi ne pas faire un grand concert, parce que la Palestine est un sujet qui a besoin de se faire entendre à tous, à un plus large public. Et puis cela a bien marché l’an dernier. Donc on le refait cette année.
Une troisième année est prévue ?
Ça dépendra du bilan. Si le nombre d’entrées a été suffisant, s’il y a de bons retours, bien sûr qu’on le refera. On est prêt à le faire tous les ans sans soucis.
Et l’absence de Dieudonné ?
Dieudonné a eu un entretien avec Leïla Shahid qui ne soutient pas notre liste. Et après cet entretien, il a décidé de ne plus continuer avec nous parce que Leïla Shahid lui a expliqué que c’était diviser le monde du militantisme à Paris en tout cas et en Ile de France.
Comment le prenez vous ?
C’est un choix qu’il a fait. Je trouve cela dommage parce qu’on était tous ensemble pour la même cause. Mais, de toute façon, avec ou sans lui la lutte continue. Il y aura d’autres personnes qui vont venir, peut être d’autres qui vont abandonner la cause. Mais le principal c’est de continuer. Moi, à titre personnel, j’aime bien ce qu’il fait, j’aime bien ce qu’il est.
Propos recueillis par Nicolas Mom et Mohammed Colin