Nous ne pouvons pas évoquer « la certification des produits Halal » sans parler de clarification, de qualification et de contrôle des produits et de ce marché Halal. Aujourd’hui, il est prématuré de parler de « certification Halal » au sens réglementaire du terme. Nous nous efforçons donc de parler de contrôle effectif qui est très souvent fictif malgré la présentation des cahiers de charges.
Le marché du Halal s’organise sans le CFCM
Il existe en France ce qui pourrait s’apparenter à un marché halal dont le chiffre d’affaires est estimé actuellement aux alentours de 3 milliards d’euros et dont la progression continue est de l’ordre de 15 % par an, en moyenne. Ce marché halal est dispersé, opaque et sans système formalisé de reconnaissance.
Le marché halal français est organisé par quelques mosquées et ne relève pas encore du Conseil Français du Culte Musulman. Par contre, Il existe une multitude de sociétés et d’associations commerciales qui, chacune à leur façon, se proposent de rassurer les consommateurs des produits Halal, en leur assurant une garantie halal dont le contenu reste flou et non officiel dans la plupart des cas.
Ces produits répondent parfaitement aux exigences de sécurité alimentaire communément imposées par la réglementation dans la plupart du temps mais, en revanche, l’absence de reconnaissance religieuse formelle et officielle ne permet pas aux consommateurs musulmans de les identifier de façon certaine et en toute confiance.
Il y a déjà eu en France, depuis vingt ans, différentes tentatives pour organiser un système formel et officiel de reconnaissance, mais ces tentatives ont toutes échoué à quelques exceptions qui n’arrivent pas à devenir la règle en la matière.
La certification des produits halal est la réponse
La certification Halal est une démarche réalisée par une société de certification, visant à évaluer la faisabilité d’un process de fabrication ou la fabrication d’un produit selon les règles alimentaires définies par la jurisprudence musulmane en matière du Halal.
La jurisprudence musulmane est à élaborer en termes ou sous forme de règles strictes et définies selon le Noble Coran, la tradition prophétique et la contribution des savants.
L’interprétation de ces deux sources et leurs suivis varie d’un organisme à un autre ce qui nous appelle à tendre vers un Référentiel Technico-Halal (RTH) consensuel au sens large, mais précis, du terme.
A titre d’exemple, il existe deux avis sur la transformation de l’impur ou sa quantité ce qui entraîne des divergences en termes d’avis juridique.
Un autre exemple : celui de l’abattage rituel avec ou sans étourdissement préalable.
C’est pourquoi, la mise en place officielle d’une démarche de « certification » des produits halal, à l’initiative par exemple et avec la caution du Conseil Français du Culte Musulman, permettra à la communauté musulmane et à tout consommateur de trouver des produits mieux identifiés et garantis.
Une telle initiative favorisera, par ailleurs, l’exportation de ces produits vers toute l’Europe et les pays musulmans.
La mise en place d’une certification permettra également à la communauté musulmane de générer des ressources substantielles pour financer ses œuvres cultuelles et caritatives.
Les enjeux financiers du débat
Sur les volumes :
• Le chiffre d’affaire agroalimentaire français était de 129 milliards € en 2002
• En retirant les industries du tabac et de l’alimentation du bétail, le chiffre qui nous concerne tourne autour de 100 milliards €
• Les musulmans représentent pratiquement 10 % de la population française
• Nous prenons l’hypothèse que 50 % d’entre eux pratiquent les règles du halal
• nous avons par conséquent estimé la consommation musulmane à 6 milliards €) et considéré que 50 % devait constituer notre « cœur de cible », soit un marché de 3 milliards €
• Nous avons prudemment considéré que notre objectif à atteindre était de 5 % seulement la première année, 10 % la seconde, 20 % la troisième, 35 % la quatrième et 50 % la cinquième.
Au delà de la viande bouchère, le consommateur des produits Halal à tendance à vouloir certifier Halal :
1) les produits de l’agriculture qui servent à nourrir les animaux…
2) l’industrie des produits lactés
3) l’industrie pharmaceutique
4) la cosmétologie
L’avenir passe par la RTH
Nous tenons à signaler que la préparation de la journée européenne qui verra le jour très prochainement n’a d’autres objectifs que de présenter un Référentiel Technico Halal.
Ce RTH sera le résultat net d’un travail qui tient compte de tous les acteurs de la filière Halal, au moins à l’échelle européenne à savoir :
1) Les entités cultuelles
2) Organismes de contrôle
3) Défense de consommateurs et protection animale
4) Services de l’administration
5) Les opérateurs
Tout ceci dans un objectif noble de plusieurs dimensions :
1) Servir au consommateur des produits halal
2) Financer les œuvres de la composante musulmane
3) Augmenter l’exportation des produits halal
4) Assainir un marché opaque et éclaté depuis fort longtemps.
Nous insistons sur l’idée que la certification des produits halal est la réponse à ce qui vient d’être relaté. Et cette certification ne verra le jour que si les concernés mettent en clair un standard Halal.
A. Ben Omar TAÏF est cofondateur du SIAH et Président de la CNH du CFCM