Tustârî, al-Hallâj, Junayd, al-Hakim al-Tirmidhi de Nishapur, Attâr, Sulamî, Ibn Arabi, Rûmî, Tierno Bokar.... et tant d’autres sages soufis d’Afrique, d’Andalousie, d’Iran, d’Afghanistan, d’Inde... figurent parmi les premiers grands connaisseurs de l’âme humaine, des siècles avant la découverte par Sigmund Freud de la psychanalyse. Ce patrimoine immatériel de la psychologie est malheureusement souvent ignoré des musulmans eux-mêmes.
Tous ont recommandé à leurs contemporains de travailler au perfectionnement de leur nafs, leur âme, fidèles à la recommandation du Prophète lui-même, qui alla jusqu’à dire que le perfectionnement de l’âme avait plus d’importance que le respect des rituels par routine.
« Qui se connaît soi-même, ou qui connaît son âme, connaît son Seigneur. » Cette injonction attribuée par Ibn Arabi au Prophète de l’islam, et que personne n’est censé ignorer en islam, hélas n’a pas empêché au fil du temps, et particulièrement depuis le développement de la psychologie occidentale à partir du XXe siècle, la méconnaissance, l’ignorance et même le rejet de la psychologie.
Nombreux sont ceux qui pensent que la psychologie c’est « pour les fous », ou encore que « l’on n’a pas à aller raconter sa vie à une personne étrangère qui n’en veut qu’à votre argent ». Laissant de côté toute la richesse de réflexion amorcée dès le IXe siècle par les sages assoiffés de perfectionnement.
Et, pourtant, le Coran, à maintes reprises, met en garde l’être humain contre les tendances despotiques de son âme, dite charnelle. L’âme humaine sait d’où elle vient et sait où elle doit retourner, à condition qu’elle puisse s’incarner dans un corps en toute conscience d’elle-même. Elle est comme une monture dont l’être humain est le cavalier et dont il tient les rênes. C’est l’être humain qui la dirige grâce à son intellect et non l’âme qui dirige l’être humain. C’est le défi qui lui est lancé par Dieu. Il doit apprendre à la connaître pour mieux la maîtriser et la faire évoluer.
Pourquoi ? La psychologie occidentale, si elle n’a pas réellement inventé sa discipline, a le mérite d’avoir beaucoup avancé sur la compréhension du fonctionnement de l’être humain. Le nourrisson, lors de son développement, est mû par ses pulsions de survie qui, si elles ne sont pas accompagnées par un environnement bienveillant et compréhensif, deviennent des maîtres tyranniques. Le sentiment de toute-puissance, la jalousie, l’appropriation du bien d’autrui, la gourmandise, la gloutonnerie, l’absence de limites dans le respect de l’autre, la colère... peuvent mener l’être humain à sa perte s’il n’a pas appris à les maîtriser dès son enfance.
Dans la psychologie soufie comme dans la psychologie occidentale, l’être humain est invité à apprendre à se défaire des mauvais réflexes, des habitudes dénuées de sens profond, des préjugés acquis sans réflexion personnelle, des « prêt-à-penser », afin de retrouver sa liberté intérieure, sa responsabilité propre de sujet à part entière.
Il lui faut « se désidentifier », se débarrasser des fausses identités qui font souffrir son âme en quête de réalisation. C’est à cette seule condition qu’il lui sera possible de retrouver sa « patrie originelle », la terre de l’Amour, règne divin et clé de l’acceptation de l’autre. Ce que l’islam désigne comme « din al-fitra ».
C’est l’éloignement de la « fitra », la cause et le résultat du « mal d’amour », qui rend les êtres humains malheureux, mal dans leur peau et parfois... dangereux pour les autres. Les névroses sont ces blessures d’amour, que ce soit dans les relations parents-enfants, dans la relation homme-femme, entre frères et sœurs, etc. Il est donc essentiel d’apprendre à se connaître, cela participe de la paix entre les hommes. Comme le dit le Coran (s. 13, v. 11) : « Dieu ne modifie pas l’état d’un peuple tant que les individus qui le composent ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes. »
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Lalla Chams En Nour est psychanalyste et anime la rubrique Psycho sur Saphirnews.com
Tous ont recommandé à leurs contemporains de travailler au perfectionnement de leur nafs, leur âme, fidèles à la recommandation du Prophète lui-même, qui alla jusqu’à dire que le perfectionnement de l’âme avait plus d’importance que le respect des rituels par routine.
« Qui se connaît soi-même, ou qui connaît son âme, connaît son Seigneur. » Cette injonction attribuée par Ibn Arabi au Prophète de l’islam, et que personne n’est censé ignorer en islam, hélas n’a pas empêché au fil du temps, et particulièrement depuis le développement de la psychologie occidentale à partir du XXe siècle, la méconnaissance, l’ignorance et même le rejet de la psychologie.
Nombreux sont ceux qui pensent que la psychologie c’est « pour les fous », ou encore que « l’on n’a pas à aller raconter sa vie à une personne étrangère qui n’en veut qu’à votre argent ». Laissant de côté toute la richesse de réflexion amorcée dès le IXe siècle par les sages assoiffés de perfectionnement.
Et, pourtant, le Coran, à maintes reprises, met en garde l’être humain contre les tendances despotiques de son âme, dite charnelle. L’âme humaine sait d’où elle vient et sait où elle doit retourner, à condition qu’elle puisse s’incarner dans un corps en toute conscience d’elle-même. Elle est comme une monture dont l’être humain est le cavalier et dont il tient les rênes. C’est l’être humain qui la dirige grâce à son intellect et non l’âme qui dirige l’être humain. C’est le défi qui lui est lancé par Dieu. Il doit apprendre à la connaître pour mieux la maîtriser et la faire évoluer.
Pourquoi ? La psychologie occidentale, si elle n’a pas réellement inventé sa discipline, a le mérite d’avoir beaucoup avancé sur la compréhension du fonctionnement de l’être humain. Le nourrisson, lors de son développement, est mû par ses pulsions de survie qui, si elles ne sont pas accompagnées par un environnement bienveillant et compréhensif, deviennent des maîtres tyranniques. Le sentiment de toute-puissance, la jalousie, l’appropriation du bien d’autrui, la gourmandise, la gloutonnerie, l’absence de limites dans le respect de l’autre, la colère... peuvent mener l’être humain à sa perte s’il n’a pas appris à les maîtriser dès son enfance.
Dans la psychologie soufie comme dans la psychologie occidentale, l’être humain est invité à apprendre à se défaire des mauvais réflexes, des habitudes dénuées de sens profond, des préjugés acquis sans réflexion personnelle, des « prêt-à-penser », afin de retrouver sa liberté intérieure, sa responsabilité propre de sujet à part entière.
Il lui faut « se désidentifier », se débarrasser des fausses identités qui font souffrir son âme en quête de réalisation. C’est à cette seule condition qu’il lui sera possible de retrouver sa « patrie originelle », la terre de l’Amour, règne divin et clé de l’acceptation de l’autre. Ce que l’islam désigne comme « din al-fitra ».
C’est l’éloignement de la « fitra », la cause et le résultat du « mal d’amour », qui rend les êtres humains malheureux, mal dans leur peau et parfois... dangereux pour les autres. Les névroses sont ces blessures d’amour, que ce soit dans les relations parents-enfants, dans la relation homme-femme, entre frères et sœurs, etc. Il est donc essentiel d’apprendre à se connaître, cela participe de la paix entre les hommes. Comme le dit le Coran (s. 13, v. 11) : « Dieu ne modifie pas l’état d’un peuple tant que les individus qui le composent ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes. »
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Lalla Chams En Nour est psychanalyste et anime la rubrique Psycho sur Saphirnews.com
La Fondation Conscience Soufie organise un séminaire Soufisme et Psychologie le week-end des 23 et 24 juin. Il sera animé par Eric Geoffroy et Marie-Odile Delacour et se déroulera à Avon (77). Pour tout renseignement se rendre sur le site Fondation conscience soufie