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La trêve s'essouffle

Rédigé par Bamba Amara | Mercredi 13 Août 2003 à 00:00

           

Le Hamas et les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa ont revendiqué hier deux attentats suicides contre des objectifs israéliens. Ces opérations sont les premières menées par des mouvements palestiniens depuis leur annonce d’une trêve unilatérale le 29 juin dernier. Des députés extrémistes israéliens avaient qualifié cette décision de piège tendu à la paix. Dans quelles mesures cette double-attaque, initiée par deux des quatre mouvements palestiniens signataires, menace-t-elle la trêve unilatérale ?



Le Hamas et les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa ont revendiqué hier deux attentats suicides contre des objectifs israéliens. Ces opérations sont les premières menées par des mouvements palestiniens depuis leur annonce d’une trêve unilatérale le 29 juin dernier. Des députés extrémistes israéliens avaient qualifié cette décision de piège tendu à la paix. Dans quelles mesures cette double-attaque, initiée par deux des quatre mouvements palestiniens signataires, menace-t-elle la trêve unilatérale ?

Des attaques suicides stratégiques

La première attaque suicide de ce mardi fut menée par Khamis Ghazi Fayçal Jerwan, 17 ans, résident au camp de réfugiés de Askar près de Naplouse en Cisjordanie. Le jeune homme s’est glissé jusqu’à l’entrée d’un centre commerciale de la ville israélienne de Rosh Ha-Aïn où il a actionné une ceinture explosive qu’il portait à la taille. Son geste a été revendiqué par les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, un groupe armé relevant du Fatah, le parti de Yasser Arafat, mais dont la direction du parti ne peut véritablement se prévaloir de contrôler les actions tant que la présence israélienne sera effective en Palestine.

La seconde attaque eut lieu quarante minutes plus tard près de la colonie israélienne d’Ariel. Elle fut menée par Islam Yussef Ekteishat, au volant d’une voiture piégée. Ce kamikaze, comme l’auteur de la première opération résidait au camp de réfugiés d'Askar. Son opération a été revendiquée par les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, mouvement redouté autant pour sa proximité du terrain social que pour le niveau d’exigence de ses revendications sur le champ politico-militaire.

Cette seconde attaque était prévisible par les observateurs. Car, le vendredi dernier, l’armée israélienne avait pénétré dans le camp de réfugiés d’Askar et tué quatre palestiniens dont deux militants du Hamas. Les responsables des Brigades Ezzedine Al-Qassam, branche militaire du Hamas, avaient alors qualifié l’attaque de violation de la trêve et avaient promis de riposter. La direction du Hamas a déclaré hier que l'opération de son militant était ' une réponse aux Sionistes de leur violation de la suspension de nos opérations et une vengeance de l’assassinat de nos membres à Naplouse '.

Par ailleurs, a proximité de la ville de Rosh Ha-Aïn, Israël prévoit de prolonger un mur de séparation d’autant plus controversé qu’il s’aventure d’environ 20 km à l’intérieure des terres palestiniennes. Le gouvernement d’Ariel Sharon présente l’édifice comme une barrière de sécurité. Mais pour Yasser Arafat qui s’adressait hier au journal égyptien Al Ahram, ce mur ' n'est pas une barrière de sécurité, contrairement aux affirmations israéliennes, c'est une barrière politique '. Le chef de l'Autorité palestinienne a qualifié le mur de ' mur de Berlin autour de Jérusalem '. L’opération du supermarché de Rosh Ha-Aïn pourrait s’expliquer par cette position du Fatah par rapport au mur en construction.

L’Autorité palestinienne a condamné la double-attaque suicides et a aussi blâmé la reprise des violences israéliennes par les arrestations et les raids meurtriers tant en Cisjordanie que dans la Bande de Gaza.

Le message d’Israël aux palestiniens et à leurs complices

Ce matin, peu avant le lever du jour, l’armée israélienne est entrée dans le camp de réfugiés Askar. Les hommes en armes se sont dirigés vers la maison familiale de jeune kamikaze Khamis Ghazi Fayçal Jerwan. C’était une maison d’un étage où vivaient dix membres de la famille. Les soldats ont forcé les habitants à sortir. Et des artificiers ont dynamité l’immeuble qui s’est entièrement effondré.

Quelques heures plus tard, dans la matinée, les autorités israéliennes ont faisait raser aux bulldozers, cinq maisons palestiniennes dans la banlieue de Jérusalem-est. Une quarantaine de palestiniens se retrouve ainsi à la rue.

Dans un communiqué, l’armée israélienne explique que la destruction des maisons et un 'message aux terroristes et à leurs complices, signifiant qu'il y a un prix à payer pour leurs actes'.

La démolition des maisons familiales, en guise de ' punition collective ', l’extermination du bétail ainsi que la destruction des pieds d’oliviers sont des exactions connues des populations palestiniennes. Depuis le début de la seconde intifada, l’armée israélienne a détruit près de 2.000 maisons palestiniennes dont 200 au cours de l’année écoulée. 

Ces douloureuses réalités du conflit, n’ont pas entamé la volonté de paix exprimée dans la trêve actuelle. Et, selon M. Ziad Abou Amr, Ministre palestinien de la Culture, les mouvements palestiniens se sont mis d’accord pour la prolongation de la trêve à son expiration. Mais selon Ismaïl Haniyé, un haut responsable du Hamas : ' Il est difficile de parler d’une prolongation du cessez-le-feu, alors que les violations israéliennes continuent '.





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